A lire absolument, Thomas Meunier se raconte

Thomas Meunier défendra les couleurs de la Belgique au Mondial 2018. L’occasion pour le latéral de se souvenir qu’à l’âge de 18 ans il avait été facteur, puis ouvrier chez Saint-Gobain. L’occasion pour se rappeler son parcours. Le Diable Rouge se raconte, Canal Supporters a traduit :

« Ce n’était pas il y a si longtemps. C’était en 2010. Et maintenant, huit ans plus tard, je me prépare à aller jouer pour mon pays la Coupe du Monde, écrit le joueur du PSG dans ThePlayersTribune.com. Ma carrière a été si étrange que, même maintenant, j’ai du mal à y croire. Donc la seule chose que je peux faire est de raconter l’histoire du mieux que je peux. »

« Toute ma famille aimait le football, même mes grands-parents. Il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire dans notre village. Ça s’appelle Sainte-Ode, et c’est au milieu de nulle part, et il n’y a que 2000 personnes qui y vivent. Tu pouvais aller à l’école, jouer au football et faire de la gymnastique. C’était à peu près tout. Je jouais au football juste pour m’amuser, mais mon père était si exigeant. […] Puis un jour, quand j’avais 12 ans, ma vie a changé. Mes parents ont été séparés. […] Ma sœur et moi sommes allées vivre avec ma mère, et c’était très difficile pour elle. Elle a tout fait pour qu’il y ait quelque chose pour nous dans le frigo. Elle travaillait comme infirmière, puis femme de ménage pour gagner un peu plus d’argent. Le soir elle repartait travailler dans un restaurant. Grâce à elle, nous avions tout ce dont nous avions besoin. Un an plus tard, à l’âge de 13 ans, j’ai obtenu une place à l’académie du Standard de Liège, l’un des grands clubs de Belgique. Le seul problème c’est que c’était loin de notre village, donc je devais partir dans un pensionnat près de l’académie. Au début, je ne voulais même pas y aller. Mais c’était une grande opportunité, et une fois sur place, je me suis fait des amis et ce fut une expérience formidable. Puis, un jour, quand j’avais 15 ans, mon entraîneur m’a convoqué ma mère et moi. Je ne savais pas de quoi il s’agissait. Je n’en avais aucune idée. Nous nous sommes assis et tout ce qu’il a dit fût: « Nous libérons Thomas. » J’étais en état de choc. Mais ce n’était pas une catastrophe. Ce n’était pas comme si le football était ma seule joie dans la vie. Alors j’ai pensé : « Ça c’est fini. Je vais aller à l’école normalement maintenant. Faire des choses normales. Aller au cinéma. Profiter de la vie. » Alors j’ai dit à mes parents que j’arrêtais pour de bon. Je n’avais plus la passion. Mon rêve était mort. »

« Vous pouvez imaginer comment mon père l’a vécu… Nous avons cessé de parler de football. C’était un problème, parce que le football était notre vie. Il était tellement déçu, poursuit Thomas Meunier. Je m’attendais à ce que ma mère soit plus compréhensive. Mais elle ne l’était pas. Elle n’était pas d’accord avec ma décision. « Le football est ta vie. Tu dois jouer. ». Elle a donc appelé un entraîneur d’un très petit club appelé Virton. J’ai joué dans un match d’essai avec l’équipe de jeunes. Nous avons gagné 15-3 et j’ai marqué 10 buts. L’entraîneur est venu me voir après le match et il m’a demandé le numéro que je voulais. Virton était en troisième division, et les salaires des seniors d’environ 400 euros par mois. Pas même de quoi vivre. Mais si ma mère n’avait pas téléphoné pour supplier l’entraîneur de me tester… Eh bien, je ne veux pas imaginer ce que je ferais maintenant. Ma vie serait totalement différente. C’est drôle, parce que mon père avait arrêté de me parler de football quand j’avais été libéré par Liège. Il m’avait dit qu’il ne viendrait pas voir mes matches avec Virton. Mais un soir, alors que je jouais un de mes premiers matchs seniors avec Virton, j’ai regardé dans les gradins et je l’ai vu assis seul dans le coin, à me regarder jouer. »

« C’était une période étrange. Après le Lycée j’étais coincé. Je ne gagnais pas assez d’argent pour être footballeur à temps plein. Mais je n’avais pas le temps d’aller à l’université, explique l’international. Et c’est pourquoi j’ai fait un séjour de quatre mois en tant que facteur. Pour être honnête, je ne peux pas dire que j’ai aimé ça. Heureusement, j’ai obtenu ce travail à l’usine automobile, et c’était bien mieux. Je n’oublierai jamais mes collègues de l’usine. Nous sommes devenus de grands amis. Sur le terrain, des choses étranges ont commencé à se produire pour moi. Je jouais en tant qu’attaquant et j’ai commencé à marquer ces buts incroyables. Pied gauche, pied droit, de la tête;  de 10 mètres, de 50 mètres. C’était fou. Et je ne m’en rendais même pas compte, mais les gens filmaient mes buts et les mettaient sur YouTube. Je suppose que certains d’entre eux sont devenus viraux sur les réseaux sociaux, et bientôt tout le monde en Belgique parlait de ce gars de la troisième division qui marquait ces buts fous. Ils ne réalisaient probablement pas qu’il travaillait dans une usine automobile. Je jouais pour le plaisir, pour la passion, pour l’amour du football. »

« Tout à coup, certains grands clubs se sont intéressés. Mon prix était d’environ 100.000 euros, ce qui n’était rien. Alors ils ont pensé: « Eh bien, il a 19 ans. Il est bon marché. Pourquoi ne pas prendre le risque? » Je n’oublierai jamais quand mon agent m’a appelé et m’a dit: « Club Brugge vous veut. Ça arrive. » La meilleure équipe en Belgique… je ne pouvais vraiment pas le croire. Je repensais à ma mère. Maintenant, je pouvais lui rendre quelque chose, raconte Thomas Meunier. Pendant les deux premières années, j’ai joué en tant qu’attaquant, puis ils m’ont déplacé latéral droit. Cette année, en 2013, j’ai reçu ma première convocation en équipe nationale. Ma mère était si fière. Et j’étais si reconnaissant envers elle. »

Aujourd’hui, Thomas Meunier est un joueur du PSG, un latéral droit international. « La seule réponse que j’ai trouvée c’est que c’est le destin… Boire du café dans une usine automobile et se retrouver à jouer avec Neymar. La vie n’est pas censée se passer comme ça. »

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