#BP « Marco et les shérifs » par Yvan alias Vivabali
Nous vous proposons depuis plusieurs mois d’être un « Blogueur Parisien », Yvan alias Vivabali nous propose un nouveau billet. [Celui-ci, comme tous les autres, de tous les blogueurs, n’engage que son auteur. Canal Supporters ne relaie pas, ne valide pas, ne censure pas, il propose un point de vue de supporter, son analyse, sa grille de lecture, vous disposez, analysez, jugez. Pour que vive le débat. Bonne lecture.]
Marco et les shérifs
Le foot est d’abord un jeu. Certains méritent l’appellation
joueur, d’autres moins. Une évidence,
Marco (Verratti) est un artiste, un Mozart
dont une fée a transformé le violon en ballon magique. Notre petit
Prince enchante les publics, enthousiasme les supporters
mais dérange les coupeurs de tête dont notre cher pays est
un producteur hors pair.
Marco considère le rectangle vert comme une aire de plaisir, un
lieu de spectacle mais aussi et surtout le théâtre des exploits, le
Colisée des gestes inattendus. Plus que quiconque, il veut gagner
mais il veut également s’amuser et enchanter au risque parfois de
bousculer “l’ordre établi”, horreur de notre
temps. Au secours, cachez ce saint que je ne saurais
voir !
J’ai lu la loi 12. Au passage, “loi” et “jeu”
forment un étrange oxymore et, sans pinailler, je préférerais
parler de “règles” et réserver la “loi” à d’autres domaines. Last
but not least, n’oublions pas l’impérieuse nécessité
d’apprécier en toutes circonstances la lettre et
l’esprit.
La fastidieuse lecture de cette fameuse loi ne permet pas d’établir
un lien flagrant avec les faits et visionner plusieurs fois la
séquence ne montre rien de répréhensible “dans
l’esprit”. Le premier adversaire est à 15
mètres et notre garnement ne veut ni tricher ni bafouer.
Il surprend avec un geste que peu oseraient ou sauraient faire,
rien de plus. Drôle, assurément. Superflu, évidemment.
Incongru si vous insistez. Mais ne comptez pas sur moi
pour tirer sur le pianiste, je veux dire l’artiste.
Nous sommes friands de faits et gestes qui sortent de l’ordinaire et, sincèrement, une dose de bon sens voire d’humour ne nuit jamais. Samedi, malheureusement, les frontières étaient fermées dans la tête du shérif de service. Dommage. Il avait le choix entre deux attitudes : celle du parent réprimandant gentiment un cadet de la famille ou celle du shérif psychorigide dégainant son colt, je veux dire sifflet et carton, pour sanctionner le peau-rouge du jour. Bien entendu, chacun comprend que je fais référence à la tenue voyante de notre inimitable n° 6.
Certains rétorqueront que l’arbitre doit appliquer le règlement. Hum … Chaque match nous offre son lot d’interprétations. Les arbitres disposent d’une réelle latitude et ne s’en privent pas. Fautes ou penaltys tantôt sifflés tantôt non. Que de décisions à géométrie variable ! La subjectivité atteint son comble lorsqu’il s’agit de sortir ou pas un carton et la couleur choisie est parfois précédée d’un suspense hollywoodien.
L’histoire retiendra que le facteur sonne deux fois pour Marco. En une semaine. Un penalty évident transformé en acte de tricherie puis un geste non conventionnel maquillé en faute grave. Ironie du sort, Johan Hamel applique le règlement de manière singulière. “L’infraction” a eu lieu dans les 18 mètres. Penalty ou coup franc indirect ? Il semble que nous n’ayons eu ni l’un ni l’autre.
Je préférerai toujours des joueurs intelligents et des arbitres qui réfléchissent plutôt que des footballeurs robotisés et des humanoïdes en noir. Heureusement, le futur n’est pas écrit. Ceci dit, arbitrer n’est pas simple mais est-ce trop demander à nos virtuoses du sifflet d’être prioritairement des diffuseurs d’ondes positives, des facilitateurs du jeu, des médiateurs intelligents, des apôtres de la connivence ? Désolé, c’était ma minute de rêve éveillé …
Nous savons que les fossoyeurs sont nombreux dans notre
cimetière hexagonal et, lors de la distribution des pelles, les
shérifs ne sont pas les derniers à faire la queue. Apparemment, peu
leur importe que le spectacle soit gâché, que notre football se
meurt, que les artistes préfèrent jouer ailleurs. Leur
obsession est-elle d’épingler les “stars” à leur tableau de
chasse ? Thiago, David, Edinson, Marco et Carlo sont
parmi les mieux placés pour répondre.
Le geste de Marco fera le tour du monde, manière originale
de booster la notoriété de notre L1. Quant à Johan qui n’a
de Cruyff que le prénom, il s’offre à vil prix quelques instants
sous les projecteurs. Je veux le croire honnête homme mais il
mérite toutefois de rejoindre plusieurs collègues sur le mur des …,
plus précisément mon “mur des sons”, clin d’œil très personnel à un
microcosme bien nombriliste et sifflant de manière trop souvent
intempestive.
Permettez-moi de conclure en citant Audiard : “Heureux
soient les fêlés car ils laisseront passer la
lumière”.
Je suis conscient de la vacuité de ce billet mais il m’a fait du
bien… et je vous remercie d’avoir consacré quelques instants à sa
lecture.
> Yvan alias Vivabali