BlogCS / PSG : « Soudain les masques tombèrent » par Juampi

Sur Canal Supporters peuvent s’exprimer les CSiens inspirés par tout ce qui relève du PSG. Figure historique de la communauté, Juampi a souhaité nous proposer sa grille de lecture sur le séisme Super League.

« Soudain, les masques tombèrent« , par Juampi

Dans le monde du football, il y aura dorénavant un avant et un après 18 avril 2021. En effet, cette date marquera dorénavant la rupture entre l’UEFA et douze de ses clubs historiques. Desdits clubs qui, unilatéralement ont décidé de créer leur propre compétition en se délestant au passage de toute ingérence de l’institution présidée par Aleksander Ceferin. Dans la foulée de cette annonce, on apprenait quasi simultanément que le PSG et les clubs allemands étaient les seuls (à l’instant T) à ne pas valider le principe de ce « coup d’état » footballistique.

Concrètement, une réelle partie de poker menteur a été lancée hier juste avant la réunion de l’UEFA, à Montreux, concernant initialement l’organisation et la répartition des droits issues de la réforme de la nouvelle Ligue des Champions. Si, pour le moment, il est impossible de savoir ce qu’il adviendra à la sortie de ces pourparlers, certaines vérités ont, elles, d’ores et déjà éclatées au grand jour…

L’UEFA va payer l’addition

Depuis de nombreuses années l’UEFA, par divers procédés plus ou moins assumés, a oeuvré pour l’intérêt des clubs historiques :

  • Une Ligue des Champions faisant la part belle aux 4 championnats majeurs avec 4 places assurées par saison (soit 50% des accessits sur la ligne de départ) dénaturant un peu plus la génèse originelle de cette Ligue des « champions » ;
  • Un système de répartition par têtes de série et par pays protégeant lesdits historiques de rencontres majeures avant les quarts de finales de la compétition ;
  • Un fair play financier créé pour stopper les nouveaux riches dans leur ascension, figer les rapports de force existants mais modifié à la hâte pour permettre aux historiques en perdition (coucou le Milan AC) de retrouver des couleurs…

Ces exemples sont des cas parmi tant d’autres. En tant que supporters parisiens, nous avons été nombreux pendant des années à dénoncer cette institution tout sauf impartiale. Ces sanctions envers le PSG ont toujours été justifiées au nom de l’équité et de la pérennité du football européen. Tebas, Ceferin, Platini, Agnelli, Aulas et bien d’autres  ont fustigé l’investissement de QSI au nom d’un combat noble en apparence mais au final totalement intéressé : l’hégémonie sportive et financière des historiques avec la bénédiction de l’UEFA…

Cependant, les cadres dirigeants de l’institution basée en Suisse ont oublié une chose essentielle dans les calculs : l’appât du gain est plus fort que tout. En effet, hier, les historiques ont décidé qu’ils n’avaient plus à partager la part du gâteau avec l’UEFA. A force de renier les vrais principes d’équité et les valeurs d’un football universel au profit du plus petit nombre, cette dernière a méticuleusement posé les fondations de cette nouvelle compétition. L’arroseur, arrosé…

Un PSG attentiste… pour le moment

Le PSG fait donc partie depuis hier des trois clubs (avec le Bayern et Dortmund) censés composer le club des 15 fondateurs qui s’opposent toujours au lancement de la Super League. Quand on se remémore l’acharnement subi par les propriétaires Qataris de la part de l’UEFA et de ses pairs, il est légitime de se poser des questions sur la stratégie réelle du PSG dans ce dossier. Comme rappelé en préambule, c’est une grande partie de poker menteur qui se joue ici dans laquelle tous les protagonistes n’ont pas encore abattu l’ensemble de leurs cartes.

Ainsi, on peut penser par exemple que la politique de soft power cher à l’Emir du Qatar peut être une des explications. Un PSG qui serait l’une des locomotives d’un projet signant la fin de ce qui reste du football populaire serait un très mauvais signal envoyé. Autre explication, la menace pesant indirectement sur la Coupe du monde 2022 au Qatar. En effet, la menace brandit par la FIFA et l’UEFA d’interdire à tous les joueurs évoluant dans un des clubs de la Super League de participer à une compétition internationale serait dramatique en termes d’intérêt et de niveau de compétition.

Malgré tout, il est difficile de penser qu’un évènement, certes important, mais aussi ponctuel qu’une Coupe du monde puisse influencer à tel point la stratégie sportive du PSG. Car ne nous y trompons pas, une Super League qui verrait le jour sans le PSG signerait l’arrêt de mort des ambitions de QSI. Le PSG qui souffrait déjà de la faible exposition de la L1 et de la fiscalité écrasante en France, ne pourrait même plus compter sur la bouffée d’air que représente aujourd’hui la Ligue des champions pour attirer des joueurs majeurs et faire du club une référence mondiale. Une chose est sûre, la position du PSG n’est pas figée…

Une certitude à l’instant T : le football en sortira grand perdant quoi qu’il arrive

En ce moment même se joue en Suisse l’avenir du football tel qu’on le connaît depuis plus de 70 ans…

  • Si le projet de Super League passe

cela sonnera la fin du football national, du supporteurisme à l’attachement régional. En effet, ne nous y trompons pas, si les clubs qui participent à la Super League continuent de jouer leur championnat domestique, l’intérêt sportif d’une telle participation n’existera plus. Pire, ces clubs seront tentés de balancer certains matchs en championnat (et donc de fausser ce dernier) afin de se concentrer sur les échéances plus lucratives de cette nouvelle compétition. Cette perspective est je pense insupportable a des supporters tels que ceux de United ou Liverpool qui ont fait de l’ancrage à une identité le coeur de leur supporteurisme. Une exclusion desdits championnat serait encore plus dramatique, aussi bien pour les supporters que pour les clubs concernés.

Evidemment, cela serait moins problématiques pour le Barça ou le Real qui depuis de nombreuses années ont petit à petit réduit l’influence de leurs socios au profit de suiveurs occasionels d’Asie ou d’Amerique, de touristes de passage et autres French Bots.

En outre, une ligue fermée ne laissant que peu de places au mérite sportif et sans risques de rélégation enlèverait la saveur des matchs à éliminations directes. Quid par ailleurs de l’intérêt d’un Real-Juve ou d’un Barca-Liverpool  s’ils se répétaient plusieurs fois dans une même saison ? La Ligue des champions est un vecteur sensationnel d’émotions. La Super League, si elle monétiserait d’avantages ses affiches, perdra obligatoirement en intérêt. Le football n’est pas seulement un spectacle. Il est devenu le sport n°1 de par les émotions, le sentiment de fierté et d’appartenance qu’il a toujours généré à l’échelle nationale et continentale.

Enfin, quid de l’intérêt des compétitions internationales si les meilleurs joueurs du monde (amenés à évoluer dans la Super League) n’y sont plus éligibles ? Au delà d’une baisse évidente du niveau de la compétition pour le public, quelles seraient les conséquences pour lesdits joueurs ? Maradona aurait-il été Maradona sans la main de Dieu ? Pelé aurait-il été la même légende sans ses Coupes du monde avec le Brésil ? Zidane aurait-il été Zizou sans les Coupes du monde 98 et 2006 ?

  • Si le projet de Super League ne passe pas…

Là encore on ne peut qu’imaginer qu’une sortie de crise se fera uniquement à travers des concessions supplémentaires accordées aux historiques. Inévitablement, cela creusera encore d’avantages les écarts entre cette petite élite du football européen au détriment de l’immense majorité des clubs.

Quoi qu’il en soit, les intérêts sont beaucoup trop grands de part et d’autre pour qu’un terrain d’entente ne soit pas trouvé. A l’instant T, tout est flou et bien malin qui pourra prédire comment tout cela terminera. Une chose est cependant sûre, les véritables bourreaux de l’équité du football européen ont enfin dévoilé leurs vrais visages. Ceux là même qui se faisaient un malin plaisir à pointer du doigt le PSG comme le méchant avec la condescendance de l’UEFA, des médias locaux et des autres équipes de L1…

Le PSG aujourd’hui a tout à gagner à rester en retrait de cette guerre entre alliés d’hier. A l’heure des choix, le PSG aura cette chance unique à l’échelle de tous les futurs participants de faire un choix en son âme et conscience. Le PSG ne doit rien aux historiques et encore moins de l’autre côté à l’UEFA ou à la Ligue 1. Seul au moment du choix comptera l’intérêt du club. Aussi, nous pouvons être rassurés sur ce point : nos dirigeants nous ont sans cesse prouvé qu’au niveau des choix stratégiques, ils ne se sont que rarement trompés.

Juampi / Sur Twitter : @Juampi_hwj

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