#BP « Et si à force de rêver plus grand le PSG s’était déconnecté de la réalité? » par Juampi

Nous vous proposons depuis plusieurs semaines d’être un « Blogueur Parisien » (lire ici), Daniel alias Juanpi nous propose un nouveau billet.

Tout a été dit et redit sur Laurent Blanc ainsi que sur la quatrième élimination consécutive au stade des quarts de final de C1 du PSG. Sans rentrer dans d’énièmes débats sur le pour ou contre Laurent Blanc ou sur l’avenir d’Ibra sur lesquels il existe autant d’avis que de supporters, intéressons-nous, une fois n’est pas coutume sur QSI et son approche du projet souhaitée pour le PSG.

Le PSG, de par son histoire, son palmarès, ses grands noms, ses coups d’éclats mythiques et la ferveur légendaire de son public a été bien avant l’ère QSI un club avec une certaine visibilité et une identité propre. Malgré tout, ce PSG que j’adore et antérieur à QSI a toujours brillé par son manque légendaire de professionnalisme à tous les étages. Pèle mêle citons l’incroyable affaire Fournier lors d’un tour préliminaire de C1 face au Steaua, un Camp des Loges avec en guise de centre d’entraînement des préfabriqués au bord de terrains indigne d’un club professionnel, des exercices se soldant constamment par une balance financière déficitaire au gré de nos saisons en dents de scie sans parler d’une formation ne produisant que très peu de résultat et ne profitant quasiment jamais du vivier de talents de l’Ile-de-France… En somme, une Ferrari avec un moteur de Clio pilotée par un jeune conducteur sans expérience et qui roule beaucoup trop vite…

Voilà ce qui faisait le charme de ce PSG, capable de remporter la Coupe des Coupes puis d’en prendre 6 en Super Coupe d’Europe. De posséder en son sein un des plus grand génie du football moderne en la personne de Ronaldinho et de le faire aller sur les terrains d’entraînement en voiturette de golf…

L’arrivée de QSI marqua un tournant. Fini l’amateurisme. Dorénavant le PSG se donne les moyens de ses ambitions.

Jean-Claude Blanc fraîchement libéré de son contrat à la Juventus pose ses valises dans la capitale au poste de Directeur Général et le moins que l’on puisse dire est que sa mission est couronnée de succès. Passant d’un chiffre d’affaire de 90M € en 2011 à 500M € en 2015, JC Blanc a fait du PSG une grande marque de sport mondiale et pas même les contraintes du Fair-Play Financier ne viendront entacher sa gestionnaire financière « aux petits oignons » du club. Dorénavant les sponsors font la queue pour collaborer avec le PSG et la visibilité du club est sans limites avec des fans qui se comptent par millions à travers le monde…

Concernant ses infrastructures, les Qataris ont très vite amélioré le Camp des Loges le mettant plus en conformité avec un club du standing du PSG. D’ailleurs, le projet du nouveau centre d’entraînement est encore et toujours une des priorités. Ce n’est pas les riverains du château de Grignon qui diront le contraire…

En ce qui concerne la formation, Nasser le dit à qui veut l’entendre : Le PSG veut trouver le nouveau Messi et tant qu’à faire le former au sein du centre de formation ou le dénicher dans une « des académies PSG ». Les paroles rejoignent ainsi les actes avec des Titis se hissant en finale de l’UEFA Youth League et la signature de Carles Romagosa en tant que nouveau directeur technique de la formation du PSG. Si vous n’avez jamais entendu parler de celui qu’on surnomme « El Profe », voici ce qu’en dit Albert Benaiges ancien directeur de la Massia : « Messi, c’est le ciel qui te l’offre, pas la formation. Pour le reste, comptez sur Romagosa. Ça ne se fera pas en un ou deux ans. Il faudra au minimum huit ans. Mais il est capable de sortir des nouveaux Xavi ou Iniesta. Dommage qu’il soit parti du Barça. Ce n’était pas un ancien joueur, il n’était pas prioritaire pour avoir des responsabilités. ».

Que dire aussi des joueurs ? Qui aurait pu rêver sous l’ère Colony Capital de voir évoluer un jour Ibrahimovic au PSG ? Qui aurait imaginé voir un jour un David Luiz, un Di Maria ou un Thiago Silva enflammer le Parc des Princes ? QSI a fait les choses en grand et encore une fois s’est donné le moyen de ses ambitions.

Mais alors pourquoi évoquer dans le titre un PSG déconnecté de la réalité ?

Tout simplement parce que depuis quelques temps, ce professionnalisme qui était la panacée de nos dirigeants s’est quelque peu perdu en route concernant le domaine sportif de l’équipe première. Ainsi au début du projet ou plus exactement après un interlude de 6 mois « Kombouaré », les Qataris choisirent le duo Ancelotti/Leonardo pour mener à bien le projet sportif du club. Leonardo bâti une équipe complète, cohérente et performante tandis qu’Ancelotti offrait au club de la capitale son premier titre de champion de France après plus de 19 ans de disette. Aujourd’hui, ni l’un ni l’autre ne sont plus présent. Laurent Blanc a remplacé l’Italien offrant par la même une ribambelle de trophée nationaux à notre équipe et Olivier Letang a pris le relais de Leonardo en ajoutant à l’effectif des noms comme Di Maria. Cependant ce mur de verre infranchissable des quarts de final de C1 quatre fois de suite vient ternir les performances sportives du PSG. Et tout le monde le sait, bien avant la com’, bien avant le merchandising, bien avant la communication sur internet, ce qui fait d’une équipe de foot, une grande équipe de foot se sont ses performances continentales…

Avec le recul, imputer cet échec en totalité à Blanc est bien trop simpliste voir injuste. Blanc a indéniablement sa part de responsabilité sur son coaching et au-delà du terrain sur son management humain avec certains joueurs. Il n’est pas difficile de toucher du doigt les limites tactiques de Blanc comparé à certains autres cadors. Mais Nasser est selon moi tout aussi responsable de cet échec récurrent à ce stade de la compétition.

Responsable car il n’a jamais pris la peine de remplacer par un grand Directeur sportif un homme comme Leonardo qui dicterait les stratégies du mercato, la signature ou non des contrats pro pour les jeunes du centre de formation où alors le recadrage des joueurs de l’équipe première. Nasser s’est autoproclamé directeur sportif du club par ses interventions sur le dossier David Luiz ou Di Maria. Sur le traitement des cas Rabiot ou Aurier. De même ses copinages avec certains joueurs de l’effectif sont plus malsains qu’autre chose pour l’équilibre de l’effectif. Pas si étonnant de ce point de vue que Letang a toujours le titre « d’adjoint » après coup. Une scène me revient pour illustrer le décalage avec le passé. Rappelez-vous au soir du premier titre de QSI de l’accrochage dans les vestiaires entre Léo et Ibra. Qui aujourd’hui au club aurait la poigne du brésilien pour aller dire ses 4 vérités à Ibra quand il dépasse les limites ? Personne !

Ce manque de professionnalisme se ressent jusque même la composition du staff technique de Laurent Blanc. Que d’appauvrissement en quantité et qualité par rapport à la période Ancelotti… Dès lors, même si toutes les autres composantes du PSG nous permettent de « rêver plus grand », le secteur sportif qui lui est le lien primordial pour la réussite du club perd chaque année un peu plus de son professionnalisme et tend petit à petit à dilapider l’héritage sportif que nous ont laissé Carlo et Leonardo. Une remise à niveau urgente de l’organigramme sportif est primordiale. Que Blanc soit maintenu ou non, il est urgent de redimensionner le secteur sportif à la taille de ce à quoi prétend un club ambitieux avec une hiérarchie clairement établie et dont les membres ne doivent pas empiéter sur les prérogatives des uns et des autres.

Parce qu’aujourd’hui le PSG est toujours une Ferrari. Contrairement au passé le moteur n’est plus celui d’une Clio mais bien celui d’une Ferrari. Par contre le pilote à la manœuvre n’est toujours pas expérimenté et veut toujours aller trop vite…

Daniel alias Juampi

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