Après Metz / PSG, zoom sur les performances de Lucas

Cette semaine, Lucas dépassait le record de Raï et devenait le joueur brésilien le plus « capé » de l’histoire du Paris Saint-Germain, avec pas moins de 217 matches à son actif. Un record qui a suscité le débat dans les rues de la capitale, où l’ancien capitaine de la Seleçao est adulé quand Lucas est rarement admiré.

Il faut dire que cette statistique est à prendre avec beaucoup de recul : déjà parce que le contenu de ses matches n’est pas vraiment inoubliable, mais aussi parce que Lucas doit souvent se contenter de bribes de matches pour atteindre ce record. Dommage, quand on sait que l’entraîneur en avait fait l’un des cadres de l’équipe, à son arrivée à Paris cet été, comme il l’expliquait en novembre dernier :« Ses prestations à droite sont bonnes. Il a besoin de s’adapter encore au côté gauche, car il a des opportunités à saisir sur cette aile. Je suis content, le club est content. Nous voulons qu’il progresse encore plus.»

Mais les choses semblent avoir changé depuis, et Lucas a retrouvé, comme à l’époque Ancelotti ou Blanc, son rôle à mi-chemin entre le titulaire et le supersub. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien s’il est la première victime collatérale du recrutement de Draxler cet hiver, et parfois même du regain de forme de Pastore, un n°10 qui lui est parfois préféré à son propre poste. Ni s’il est le premier sacrifié lorsqu’il faut faire monter Matuidi sur l’aile ou donner du temps de jeu aux remplaçants.

Preuve que désormais, il peine à s’installer durablement dans le XI d’Emery, Lucas n’a disputé que douze petites rencontres du début à la fin cette saison, sur les 47 matches auxquels il a pris part sous le maillot rouge et bleu. Et c’est encore pire en Ligue des champions, où il n’a disputé qu’un seul match en intégralité sur les huit joués par Paris, et cela s’est accentué depuis le début de l’année 2017, où il n’est resté qu’à 4 reprises sur le terrain pendant toute une rencontre, sur un total de 23 matches joués par le PSG.

Pour sa cinquième année dans la capitale, force est de constater que l’ancien joueur de São Paulo peine à progresser. A la même époque la saison dernière, pourtant, l’attaquant avait donné de l’espoir, renvoyant même un temps un Cavani un peu fébrile sur le banc de touche…

« Je pense que je l’ai mérité parce que j’ai beaucoup travaillé. Tout le temps, même quand j’étais remplaçant. J’ai compris aussi ce que le coach voulait que je fasse. (…) Le plus difficile, c’est de rester au top et mon objectif c’est de rester dans l’équipe, jouer des matches importants et être décisif. Même quand je ne débute pas et que j’entre pendant la rencontre, je me sens important parce que l’entraîneur attend que je sois décisif », confiait même le Parisien à Goal l’année passée, visiblement conscient d’être sur la bonne voix… Avant que Cavani ne se rebiffe, et ne récupère la place qui lui était due.

Une saison 2016/17 vraiment réussie ? 

Voilà donc le noeud du problème : Lucas est bon, mais souvent moins que ses coéquipiers. Et s’il réalise actuellement la saison la plus prolifique de sa carrière francilienne (16 buts et 10 passes décisives), il ne reste souvent du n°7 parisien que des tentatives échouées, des percées solitaires et cette incapacité lancinante à être lucide dans les vingt derniers mètres. Car Lucas est souvent aussi prometteur que décevant.

Mardi soir, le PSG se déplaçait à Metz dans un match décisif et Unai Emery avait décidé de titulariser son Brésilien, le récompensant des 20 dernières minutes du match face à Angers. Et pour cette rencontre décisive dans l’ultime course au titre, il n’était pas illogique que le coach basque face appel à son meilleur sprinteur. Dommage que la Ligue 1 ne soit pas une course de 100 mètres.

Durant la rencontre, le Brésilien est, comme à son habitude, parvenu à faire régulièrement la différence… Mais sans réussir à aller au bout de ses actions. Il a su surpasser les Messins sur la vitesse, sans conserver ses ballons. Dribbler dans sa moitié de terrain, sans trouver ses coéquipiers face aux buts… Bref, Lucas est toujours aussi volontaire, explosif, mais souvent trop brouillon. Symptomatique de ses mauvais choix, on se remémore de son énorme raté au second poteau, à bout portant.

Le problème, si c’en est un, avec Lucas, c’est qu’à l’instar de la plupart de ses compatriotes, il est généreux sur le terrain, attachant en dehors, et attire la sympathie où qu’il aille. Difficile de condamner sévèrement un joueur qui ne rechigne pas à l’effort, essaye énormément, vampirise plusieurs défenseurs et propose à ses coéquipiers, même s’il n’arrive pas toujours à conclure ce qu’il tente. D’autant plus que Lucas est un joker de luxe souvent utile dans les plans d’Emery, très rarement blessé, et toujours dévoué à la cause générale. Dans cette optique, pas sûr que Paris, s’il venait à s’en séparer, trouve un joueur de son niveau, qui accepte de cirer le banc de touche un match sur deux. Car il faut rendre à César ce qui appartient à César, et force est de constater que depuis sa signature à Paris, Lucas fait preuve d’un mental irréprochable, et d’une positivité à toute épreuve.

Et si Lucas n’est pas le plus technique des joueurs franciliens, ses jambes de feu restent un atout majeur dont dispose le groupe. Ce n’est pas pour rien si, comme Blanc un an avant (quand il l’avait préféré à Cavani pour affronter Chelsea), Emery a préféré titulariser Lucas plutôt que Di Maria contre le Barça, et si l’entraîneur le fait jouer dans tous les grands rendez-vous. Ce n’est pas anodin non plus, que Lucas soit le deuxième meilleur buteur du PSG cette saison toutes compétitions confondues (16 buts contre 13 pour Di Maria et 43 pour Cavani).

« Tous les joueurs sont importants. Il y a de la concurrence. S’il a joué, c’est parce qu’il est prêt pour tous les matches, parce qu’il a bien joué, bien travaillé pour le groupe. Il offre des options côté droit, il peut centrer, pour arriver à rentrer dans la surface, avec la motivation pour marquer des buts. Je crois qu’il a la capacité de marquer. Nous avons besoin de joueurs qui rentrent dans la surface, qui marquent. Il a montré qu’il avait des qualités et qu’il aidait beaucoup l’équipe », affirmait même Emery au début de l’année, alors qu’il le privilégiait pour occuper le flanc droit de l’attaque.

Bientôt, il sera temps de penser aux priorités. Lucas est un bon joueur, mais sera-t-il un jour un très grand joueur ? Aujourd’hui, dans ce PSG qui se rêve en Europe, l’effort et les fulgurances peuvent-ils combler l’inconstance ? Autant de questions que devront se poser les dirigeants franciliens, à l’approche du mercato estival afin de décider si oui ou non, ce PSG là peut se contenter de Lucas.

Finalement, Lucas a peut-être dépassé numériquement Rai, mais il aura bien du mal à égaler l’histoire de son compatriote dans la plus belle ville du monde. Un joueur qui a su faire honneur à son brassard, mouiller le maillot de sa sueur et de ses larmes, s’arracher pour un club qui l’a adopté et où il a laissé une empreinte indélébile, entre émotion et dévotion. Pour Lucas, l’aventure a été belle, même irréprochable, mais est encore loin d’être inoubliable.

« Si on regarde au niveau des titres, Lucas est au-dessus mais leur impact sur le club est différent. Là, on parle de Rai, le beau gosse, mon frère ! Il n’y a pas besoin d’expliquer qui il est. C’est une légende du PSG, de l’équipe du Brésil. Il est dans une autre galaxie. Lucas et les autres Brésiliens du club vont continuer à gagner des titres, mais Rai restera toujours le top », a d’ailleurs concédé Valdo, dans Le Parisien.

Alors oui, nous sommes peut-être durs avec Lucas, mais ne sommes-nous pas en droit d’attendre davantage de lui, quand on connait le talent qu’il cache sous ses crampons ? Cet été, ce sera au PSG de trancher.

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