Edito – Leandro Paredes, le temps comme allié

Transfuge du Zénith Saint-Pétersbourg l’hiver dernier, Leandro Paredes est venu renforcer un secteur alors très peu garni côté PSG, un euphémisme. Dès lors, énormément d’attentes étaient placées au sein de cette toute nouvelle recrue, débarquée à Paris pour la coquette somme de 40 millions d’euros. Néanmoins, après sept mois dans la peau d’un joueur parisien, force est de constater que le milieu formé à Boca n’a pas su séduire tout son monde, loin s’en faut. De là à voir même, après si peu de temps, nombre de supporters déjà réclamer son départ. Or, il serait bon de tempérer quelque peu les choses de temps en temps, ne croyez-vous pas ?

Titulaire dans le milieu de terrain de l’Argentine, défaite en demi-finale de la Copa America par le Brésil sur le score sec de 2-0, Leandro Paredes a même eu l’honneur de figurer dans l’équipe type de la compétition. De quoi prouver à certains qu’il n’est pas si mauvais que cela ? Difficile à dire. Il faut avouer que dans un sport moderne où le football se consomme à vitesse grand V, beaucoup ont d’ores et déjà un avis définitif sur le natif de San Justo. Cependant, on a tendance à penser que 22 matchs sous la tunique du club de la capitale ne suffisent pas à apporter un jugement sur ce que peut concrètement amener Leandro Paredes sur le long terme en terre parisienne.

Paredes, le bénéfice du doute

Il serait bon de recontextualiser quelque peu les choses : Leandro Paredes a donc paraphé un contrat de quatre ans et demi avec le PSG à la fin du marché des transferts hivernal. Après des pourparlers apparemment ardus, au vu de la longueur de la concrétisation du dossier, l’Argentin a finalement rejoint le PSG, le 29 janvier, alors que Thomas Tuchel devait composer avec seulement un seul milieu de terrain de métier en la personne de Marco Verratti. Un comble quand on s’appelle Paris et qu’on prétend jouer les rôles principaux sur la scène continentale. Précisons que le technicien allemand avait entamé l’exercice 2018-2019 avec un entrejeu comportant le Gufetto, Lassana Diarra, libéré de son contrat à la mi- saison, et Adrien Rabiot, mis de côté après l’épisode bien connu du Classique contre Marseille en novembre. Leandro Paredes devait ainsi être le remède à tout les maux dans ce secteur. Or, l’ancien romain sortait de près de deux mois sans compétition dans les jambes, du fait de la trêve en Russie, et n’était donc pas au meilleur de sa forme dès son arrivée. Forcément, un temps d’adaptation était ainsi indispensable, ce qu’on a de plus en plus de mal à intégrer aujourd’hui. Pourtant, cela n’a pu échapper à personne : Leandro Paredes, malgré des prestations loin d’être emballantes, possède un bagage technique pour le moins intéressant. Un exemple de cet état de fait est son tout premier match avec le club de la capitale lors d’une rencontre de Coupe de France contre Villefranche. Une partie qui n’a rien de bien sexy sur le papier mais qui voit le numéro 8 argentin faire ses tous premiers pas sous le maillot parisien dans la peau d’un titulaire. Il avait fait sa première apparition lors du match précédent contre l’Olympique Lyonnais (défaite 2-1), lui laissant juste le temps de subir un attentat en bonne et due forme de la part de Nabil Fékir qui n’écopera que d’un simple carton jaune. Bref, lors de ce match de coupe, on peut observer toute la vista de Leo, notamment lorsqu’il offre un amour de balle de l’extérieur du pied pour l’un de ses attaquants. Une phase de jeu qui se manifestera à plusieurs reprises par la suite mais de façon bien trop sporadique. Un éclair de génie venant éclairer cinq mois compliqués pour lui. Pareil, le 18 mai dernier, lors de la 37e journée de Ligue 1, il met sur orbite un Kylian Mbappé buteur pour le 4-0 de son équipe, face au Dijon FCO, grâce à une passe somptueuse.

La jurisprudence Bernat

Le but ici n’est pas d’encenser Leandro Paredes pour deux petits éclats en 22 parties. Non, le tout ici est de mettre en exergue les qualités que ce joueur pourrait apporter au Paris Saint-Germain dans les années à venir. Outre sa qualité de transmission, on aura également remarqué sa faculté à prendre sa chance de loin, sans réussite jusque là certes, mais cela a le mérite d’être souligné. D’autant plus que les milieux parisiens ne sont pas vraiment coutumiers du fait, n’est-ce pas Marco ? Après, pour le moment, personne ne sait ce dont il est vraiment capable et pour cause : la grande majorité des rencontres qu’il a disputé se sont déroulées après le cataclysme face à Manchester United et ce match retour absolument ubuesque au Parc des Princes. Dès lors, placé dans le cœur du jeu, comment incriminer un joueur pour son manque de prise d’initiative alors même que l’équipe dans laquelle il évolue est totalement léthargique ? Comment distribuer le jeu alors même que vos avants ne font aucun appel dans la profondeur ? Comment conclure que ce joueur ne vaut rien alors même qu’il n’a jamais joué dans les bonnes conditions, pour les raisons expliquées précédemment ? Non, malgré ce que le football implique, il ne faut pas occulter l’importance que peut revêtir le temps d’adaptation dans un nouvel environnement. Pourtant, un exemple récent devrait nous faire réfléchir : celui de Juan Bernat. Car oui, lui aussi avait été grandement critiqué lors de son arrivée. Il faut dire que l’international ibère sortait de trois saisons extrêmement délicates, pour ne pas dire plus, au Bayern Munich. Recrue loin d’être clinquante, débarquée à Paris pour la modique somme de 5 millions d’euros, certainement comme dernier recours à ce poste, il ne débutait pas son idylle en terre parisienne de la meilleure des manières. De plus, ses premières sorties n’étaient pas pour nous rassurer. Malgré ce, avec ce fameux temps, qui n’est pas toujours un ennemi, le latéral gauche formé au Valence CF a su glaner sa place dans le cœur des supporters rouge et bleu en démontrant un visage de guerrier sur le terrain.

Oui, Leandro Paredes nous a offert des prestations insipides pour la grande majorité de ses apparitions dans le onze de Thomas Tuchel. Oui, on en attendait bien plus de sa part, lui qui devait se montrer durant la période compliquée vécue par le Paris Saint-Germain. Maintenant, tout n’est pas uniquement de son fait et il serait bon, parfois, de savoir rester mesuré. Comme l’a très justement rappelé Leonardo, nouvel homme fort de la stratégie sportive du club, Paris a besoin de sérénité et de stabilité. À l’heure où sont écrites ses lignes, le technicien allemand compte quatre milieux de métier dans son effectif : Marco Verratti, Ander Herrera, Idrissa Gueye et Leandro Paredes, en occultant Marquinhos qui peut clairement être une alternative viable, comme il l’a encore démontré lors du succès francilien face au Nîmes Olympique (3-0, 1ère journée de Ligue 1). Ce n’est pas le moment de se délester d’un élément dans ce secteur. Non, on a tout intérêt à le conserver et à lui laisser sa chance. Sa chance de nous prouver qu’il peut être un joueur important au sein du projet. Intrinsèquement, il semble en avoir les qualités dans un rôle de numéro 6, lui l’ancien meneur de jeu. Avec une grosse Copa America derrière lui et une bonne préparation, ce sera à Paredes de faire la différence, comme a su le faire Juan Bernat. Le temps fait, en général, bien les choses et on sera fixé sur son cas bien assez tôt, ce n’est pas la peine de brusquer les choses outre mesure.

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