[L’édito d’Antoine] C’est le bouc émissaire parfait notre Lucas

Midi, c’était Juampi. Antoine Ballet prend la relève. Il vous propose ce mois-ci un édito chaque jour, à la mi-journée.

Imprécis, pas de QI football, inutile, nul, arnaque… Les critiques qui touchent Lucas n’ont d’égales que les attentes qu’il suscitait à son arrivée à Paris, et après sa première entrée canon contre Ajaccio. Depuis, on attend toujours qu’il confirme, que son talent, indéniable quoi qu’on en dise, explose enfin.

« Et si c’était l’année de Lucas ? » la phrase est récurrente. Chaque saison. L’an dernier déjà, après son but face à Lille lors de la 1ère journée. Mais la déception revient vite. Jusqu’à parfois un peu de mauvaise foi.

Il faut dire que c’est le bouc émissaire parfait notre Lucas. Trop personnel, il marque peu, fait peu de passes décisives, il est nul. Les stats, les stats, les stats. Et si, pour une fois on regardait un peu derrière les stats ? Dans le football d’aujourd’hui il y a une forme d’injustice. On regarde les buts et les passes décisives, sans réelle considération pour ce qui les rend possibles. La fameuse avant dernière passe. Et même plus loin, le décalage. Lucas est de cette trempe là. Ce n’est pas le joueur qui va planter un paquet de buts ou de passes, mais celui qui va prendre la balle au milieu de terrain et mettre la panique dans la défense adverse pour permettre à Cavani de s’infiltrer.

Alors oui, forcément, il va perdre des ballons, il va rater des passes. Mais l’équipe adverse n’est jamais sereine quand Lucas prend la balle et commence à accélérer. Le seul moyen de l’arrêter est souvent la faute.

Sous Unai Emery, Lucas est peut-être le joueur qui peut le plus progresser, car contrairement aux apparences il a le sens du collectif. Il suffit de voir la différences de repli défensif entre lui et un Di Maria par exemple. Oui il perd des ballons, mais vous pouvez être sûrs qu’il va s’arracher pour les récupérer.

Les critiques qui pleuvent sur lui sont à mettre en contraste avec la relative complaisance à l’égard de Ben Arfa. Il suffit de voir les notes de L’Equipe contre Ludogorets, 3,5 pour les deux. Alors oui, l’apport offensif a été à peu près similaire. En revanche au niveau de l’implication, du pressing, c’est le jour et la nuit. Autre exemple, le rush de Ben Arfa contre Angers. C’est « bien tenté », « dommage ». Si c’est Lucas qui fait le même, les commentaires auraient-ils été les mêmes ? « Rah il va encore s’enfermer », « Cavani était tout seul en retrait », « il en fait toujours trop » etc…

Alors bien sûr il peut faire mieux, être plus décisif, plus précis, plus intelligent. Mais à 24 ans, il a encore une marge de progression, et d’autant plus avec Emery, pour qui il semble modelé. Jeu rapide vers l’avant, hargne offensive et défensive, cela ne vous rappelle rien ?

Depuis deux saisons, il donne quand même l’impression de progresser tactiquement. Ses placements sont moins aléatoires, plus intelligents. Ses prises de balles plus sûres, il lit mieux le jeu, quand accélérer, quand temporiser. Et il nous offre des bons moments aussi. Son rush contre l’OM, ou sa feinte de corps mémorable sur Alessandrini.

Il serait peut être dans de meilleures conditions si on arrêtait de lui taper dessus à tout bout de champ. Il pourrait même être l’homme fort du PSG d’Emery. Mine de rien, avec 6 buts, il est déjà proche de son meilleur total (11 la saison dernière). Il faut d’ailleurs noter qu’il marque un peu plus chaque saison (0, puis 5, 7, et 11). Il s’améliore, lentement mais sûrement. On lui demande juste d’accélérer. Mais pas de soucis, c’est justement son point fort. Champion mon frère.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page