[L’édito d’Antoine] Matuidi, force et la faiblesse de cette équipe

Midi, c’était Juampi. Antoine Ballet prend la relève. Il vous propose ce mois-ci un édito chaque jour, à la mi-journée.

Annoncé partant durant toute l’intersaison, finalement fidèle au poste, et même 3e capitaine, Blaise Matuidi est peut-être l’un des joueurs qui divisent le plus les supporters du PSG. Parce que Blaise est à la fois la force et la faiblesse de cette équipe.

Lorsqu’on parle niaque, pugnacité et combat, deux joueurs viennent immédiatement à l’esprit : Edi Cavani et Blaise Matuidi. Le chewing-gum, comme on le surnomme à cause de sa propension à ne jamais lâcher un adversaire, est celui qui emmène son équipe vers la révolte, en opposant un pressing constant, et en créant des brèches pour ses coéquipiers par des déboulés vers l’avant. En atteste l’ouverture du score à l’Emirates Stadium, avec un appel tranchant dans la surface, puis un service parfait pour Cavani.

Le problème, c’est que ces deux actions, pressing et montées, qui sont parfois les seules signes de révoltes, et les seuls moyens de déséquilibrer l’équipe adverse, sont aussi un problème pour le PSG d’Unai Emery. En effet, faire le pressing, c’est bien, mais Blaise le fait un peu de manière désordonnée, sortant sur le porteur du ballon dans une zone où ce n’est pas son rôle, ce qui libère des espaces dans son dos, et des espaces que Motta ne peut plus couvrir. De même pour ses percées, elles se produisent souvent lorsque Verratti a le ballon dans les pieds, pour lui proposer une solution. En cas de perte de balle, il ne reste que Motta pour défendre, ce qu’il ne fait plus bien. On se retrouve donc soit avec un milieu totalement effacé, soit avec une faute concédée par notre numéro 8.

Unai Emery a tenté de conserver ces qualités tout en atténuant le risque de déséquilibre en plaçant Blaise sur l’aile gauche. Mais là, ce sont les qualités technique qui font défaut. Soyons honnête, lorsque Matuidi va faire une passe, on sait tous exactement où elle va arriver avant même qu’elle ne parte. Sans parler de sa conduite de balle désordonnée, et de ses contrôles parfois approximatifs. Dans l’utilisation du ballon, Blaise est un handicap pour l’équipe. On ne peut pas s’appuyer sur lui pour lancer un contre rapide par exemple. Contrairement à un Rabiot ou un Pastore. De même pour ses frappes, il lui arrive de marquer des buts venus d’ailleurs (Marseille et les Pays-Bas s’en souviennent encore), mais globalement c’est du plat du pied. Prévisible.

Prenons Rabiot par exemple. Son pressing est aussi intense, mais plus intelligent tactiquement. Ses qualités de passe, de vision du jeu et de frappe sont au-dessus. Mais il est plus serein, il n’apporte pas cette grinta, cette force qui entraîne ses coéquipiers. Sauf quand il prend la balle et accélère sur 30m. Oups. Prenons les meilleurs milieux d’Europe, sans trop se mouiller le Real et le Barça. Les relayeurs s’appellent Modric, Kroos, Rakitic et Iniesta. Au Bayern, Thiago Alcantara. A la Juve Pjanic et Marchisio, Nainggolan à la Roma, etc. Des joueurs qui savent récupérer un ballon, mais qui savent aussi quoi en faire, qui sont un danger dans les 30 derniers mètres. Pour Blaise, c’est trop intermittent pour se hisser au niveau de ceux là. Et par extension le PSG en subit les conséquences. On parle d’une équipe à réaction, c’est aussi dû au fait que notre milieu n’est efficace que quand il doit relever la tête. En cas de domination, Matuidi est effacé. Et lors de ses coups d’éclat, il peut nous coûter cher derrière.

Matuidi est un bon joueur, un très bon récupérateur, des capacités physiques exceptionnelles, et un état d’esprit irréprochable. Mais pour passer un cap, le PSG a besoin de joueurs qui collent à son style de jeu. Ce n’est pas le cas de Blaise Matuidi.

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