Beilin : « We want more » !

Scout, recruteur, analyste tactique, Jonathan Beilin est l’invité spécial de Canal Supporters. Son éditorial.

Le jour d’après est passé. Ce jour où tout supporter dans l’âme ne peut allumer sa télévision, lire les journaux et même regarder les chaînes d’info. Ce jour devenu si rare depuis l’arrivée de QSI au Paris Saint Germain. C’en est presque plus douloureux. Hier, les indignés n’étaient pas que Place de la République. A tête froide, le constat est sans appel : le staff s’est trompé et les joueurs sont passés à coté de l’événement. Seul le service de communication du PSG ne s’est pas trompé avec le hashtag #wewantmore.

Pourquoi Laurent Blanc a-t-il changé les hommes ? Il paraît évident qu’en position de favori, il n’est pas nécessaire de se mettre en danger, pourtant le staff en a décidé autrement. Je ne m’attarderais pas sur le choix d’Aurier tellement c’est incompréhensible mais plutôt sur la titularisation de Cavani en lieu et place de Lucas. Lorsque l’on doit se passer de Verratti, il me semble encore une fois évident que le jeu de l’équipe est amoindri techniquement, même si Rabiot a effectué un bon match. Lorsque Cavani est titulaire depuis son arrivée, son apport au jeu de l’équipe est inexistant. Alors certes dans l’animation défensive son rôle est prépondérant mais ce choix est paradoxal lorsque dans le même temps on aligne Aurier, plus offensif que défensif. Si Paris voulait imposer le jeu, sa maitrise et jouer, alors pourquoi ne pas laisser Lucas, bien plus performant depuis maintenant plusieurs mois ? Deux choix d’entrée au delà du discutable.

Ensuite, il y a le match. Manchester City a fait le match que l’on attendait d’eux. Faibles défensivement, ils ont concédé un grand nombre d’occasions et de situations à l’équipe parisienne. Ils ont par moment réussi ce que Chelsea avait réussi c’est à dire sortir la ballon sur une ou deux touches, créer un espace suffisant autour de Motta pour forcer Paris à défendre en reculant et ensuite, créer le danger en individuel sur Aurier et David Luiz dont les aptitudes défensives sont vraiment difficiles à quantifier. On a donc vu en face, une équipe moyenne à ce niveau de la compétition et qui a su par miracle se sortir de la première demi-heure sans prendre un ou plusieurs buts. De deux choses l’une : Ibrahimovic a raté deux immenses occasions d’ouvrir la marque et personne n’a été capable de prendre la relève de cette situation. Lui qui joue son avenir au club en ce moment est complètement passé à coté et cela pourrait avoir de grandes conséquences sur le mercato à venir. Certains diront qu’il n’est pas fait pour ce genre de confrontations, d’autre que ça peut arriver, ce qui est sur c’est que dans le jeu, il n’est pas non plus normal qu’aucun autre joueur ne soit capable de trouver le chemin des filets. Di Maria n’a pas existé, Cavani non plus. Il a suffit aux joueurs de City de se concentrer sur Di Maria pour éteindre le PSG. Au milieu, Matuidi est lui aussi passé au travers. Il perd le ballon sur le premier but de City et rate une passe qui vaut un but en seconde période. Au delà de ces deux situations de jeu, on a retrouvé un joueur dont le faible niveau technique a souvent été oublié. Rabiot et Motta eux ont apporté par leur technique mais le manque de vitesse proposé dans leur jeu de transmission et de mouvement ne permet pas à l’équipe de sortir vite vers l’avant. Sur la ligne défensive c’est très simple. Thiago Silva mérite d’avoir sa statue à vie aux abords du Parc des Princes. Pas pour avoir été une nouvelle fois synonyme de meilleur défenseur central du monde mais pour supporter de jouer entouré de David Luiz et Aurier. Ces deux joueurs ont des facultés de placement et de replacement proches du néant. Sur les deux buts encaissés, leur attitude et leur naïveté est incompréhensible à ce niveau la. C’est très simple, sur ce match aller, au moins six joueurs sont passés à coté (Aurier, David Luiz, Matuidi, Di Maria, Cavani et Ibrahimovic).

Au très haut niveau, il faut être décisif dans les zones de vérité. Paris ne l’a pas été. Ceux qui ont regardé plusieurs matchs de Manchester City cette saison savent qu’ils ne peuvent pas faire beaucoup mieux. Même avec les retours de Yaya Touré et Kompany, Paris reste supérieur et aurait du marquer trois ou quatre buts (de plus), quand City s’en est fait offrir deux. Sur la scène européenne, comme Thibault Darkanian l’a dit, « Paris est meilleur chasseur que chassé ». Laurent Blanc n’aura pas le choix. Sauf blessure, la composition d’équipe sera résolument offensive et Marquinhos jouera enfin à la place de David Luiz.

Les joueurs n’auront d’autre choix que de se surpasser pour ne pas subir un échec cuisant. Car oui, Manchester City en quart de finale de Ligue des Champions est un bon tirage. C’est un bien meilleur tirage que Barcelone, le Bayern, le Real et l’Atletico. Il reste un match pour prouver à l’Europe que l’on mérite d’être là, que l’on mérite d’avoir des ambitions. Un match pour passer un cap, un match pour rêver plus grand.

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