EDITO – Pourquoi le PSG doit garder Unai Emery une saison de plus

Avant de jouer la finale de coupe de France, le Paris Saint-Germain agite encore la sphère médiatique mais pas pour évoquer l’enjeu du match dont plus grand monde ne se préoccupe. Non, les visages sont déjà tournés vers la saison prochaine. Sous la coupe de quel entraîneur se présenteront les joueurs parisiens lors de la reprise de l’entraînement fin juin ? Unai Emery, Jorge Jesus ou un illustre nom qui sortirait du chapeau dans les prochains jours ? Voici pourquoi il faut accorder une seconde année à l’entraîneur basque.

…Parce qu’Unai Emery a le droit d’avoir une 2e saison

Aujourd’hui, la saison du PSG va se résumer au crash en Ligue des Champions, à juste titre. Tout le monde occultera les promesses entrevues avec les deux (ou trois) trophées décrochés cette année. Preuve que le sportif ne prime pas toujours quand il s’agit de couper la tête d’un entraîneur. En grossissant le trait, on retiendra les quatre promesses entrevues dans les «chocs» cette saison. D’abord, le premier match de Ligue des Champions contre Arsenal. Pendant 60 minutes, on commençait à ressentir la patte Emery. Un Arsenal asphyxié, mené dès les premières secondes, qui revient touché par la grâce et à cause d’un manque de fraîcheur de l’équipe (1-1). Ensuite, la fameuse partition proposée contre Barcelone où il n’y a pas match tant les joueurs étaient vampirisés à l’idée de marcher sur le Barça. Sans doute le match référence de cette année avant la suite que personne ne peut oublier (4-0).

Dix jours plus tard, à Marseille où on lui promettait l’enfer, le PSG climatise le Vélodrome sans qu’il y ait quelconque match (1-5). Enfin, la finale de Coupe de la Ligue contre Monaco, où Unai Emery a su corriger les difficultés des deux matches de championnat pour enfin s’en sortir vainqueur alors que l’ASM marchait sur l’eau (4-1). On pourrait également mentionner la victoire arrachée aux forceps à Ludogorets, les deux contre Lyon ou encore les cartons contre Caen, Lorient, Bastia et Saint-Etienne qui ont permis au PSG d’améliorer son record de buts inscrits toutes compétitions confondues (140, il reste un match). Sur le plan comptable, 2017 aura été une année plus que réussie. Il serait dommage de s’arrêter quand la mayonnaise commence à prendre.

…Parce qu’Unai Emery a toujours été loyal

Parti de Séville où il avait tous ses repères, il a voulu tenter l’expérience à Paris. Pour grandir personnellement, il le répète assez souvent en conférence de presse, et avec le PSG. Et pourtant, on ne lui a jamais fait de cadeaux. Quand certains l’ont traité de «ouistiti» à cause de sa gestuelle ou quand d’autres ont réclamé immédiatement son départ parce qu’il avait remplacé Laurent Blanc, il n’a jamais sourcillé malgré un manque de respect flagrant avec des arguments souvent bancals. Il n’a jamais voulu s’attarder devant des débats de comptoir parce que ce qui l’intéresse, c’est l’équipe. En outre, c’est bien Unai Emery qui militait pour avoir un vrai directeur sportif avec lui. Le départ d’Olivier Létang acté tôt dans la saison a permis au Basque de militer auprès de Nasser al-Khelaïfi pour l’arrivée d’une nouvelle personne compétente dans l’organigramme. Dont acte avec Antero Henrique.

Avec Patrick Kluivert, les relations n’ont pas toujours été au beau fixe comme lorsqu’au mercato d’hiver, l’entraîneur militait pour l’arrivée d’un arrière gauche et qu’on ne lui a pas offert. Pourtant, jamais une parole négative n’a été prononcée par Unai Emery avec son supérieur hiérarchique, l’entraîneur préférant souligner des «discussions sérieuses avec» Patrick Kluivert lorsqu’on l’acculait de questions sur le mercato ou l’arrivée d’un nouveau directeur sportif. Au moment où les bruits ont insisté sur son départ à Rome, il n’y a pas répondu favorablement. Approché par Monchi en avril alors que ce dernier venait de se prendre le poste de directeur sportif, il n’a jamais accepté la main tendue pour s’extirper de la France. Son mérite est d’avancer avec le club et non pas en scission avec le pouvoir décisionnaire.

…Parce que le PSG doit conserver une stabilité

Cette saison, souvent considérée comme une année de transition, a été accompagnée de certaines erreurs. Il est logique qu’un entraîneur qui arrive dans un autre pays, une autre culture, un autre football, mette un peu de temps à s’adapter à son nouvel environnement. C’était le cas la première demi-saison de Carlo Ancelotti qui passe de la 1ère à la 2e place en championnat. Cela faisait-il de lui un entraîneur qu’il fallait virer au bout de sa première demi-saison ? Donc bis repetita, en incorporant un nouvel entraîneur cet été ? Repartir dans l’inconnu sur des bases frivoles ne serait pas la solution si le club veut enfin passer un cap en Champions League.

Un changement d’entraîneur validerait la thèse de la saison qui n’a servie à rien d’autre que se faire humilier en Ligue des Champions et d’avoir perdu le championnat. Il est difficile d’imaginer une conquête du Graal si le club se bouleverse encore au lieu de construire sur des acquis déjà existants. De plus, les joueurs ont toujours défendu leur entraîneur surtout depuis qu’il a autorisé quelques concessions à son groupe comme le retour au jeu de passes qui plaît au groupe. Depuis le début de l’année civile, les joueurs se félicitent de ce changement et ont montré, sur le terrain, qu’ils devenaient petit à petit intraitables. A confirmer la saison prochaine.

…Parce que le PSG ne peut pas se permettre de commettre un nouvel imbroglio financier

Le spectre Laurent Blanc résonne toujours tant ses indemnités de départ ont fait parler (22 millions d’euros), quelques mois après seulement avoir prolongé son contrat. Le PSG ne peut pas commettre l’impair deux années de suite en payant une flopée d’indemnités pour se séparer de son entraîneur. Sous contrat jusqu’en 2018, le licenciement d’Unai Emery coûterait plus de 5 millions d’euros. A cela s’ajouterait l’investissement pour s’offrir un nouveau coach. L’entraîneur le plus mentionné est Jorge Jesus qui possède une clause de 16 millions avec son club du Sporting CP.

Dépenser environ 45 millions en moins d’un an pour changer deux fois d’entraîneur serait le message le plus incohérent envoyé au monde du football. Surtout pour prendre un entraîneur, certes respecté dans son pays mais qui ne s’est jamais extirpé du Portugal, qui ne ferait pas cligner de l’œil un autre grand club européen et encore moins à ce montant. Si ce montage financier voyait le jour, le Paris Saint-Germain ne volerait pas l’étiquette du club français le plus mal géré en rapport qualité-budget.

(Crédits photo : psg.fr)

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