Bouigue et Rondeau militent pour un football moins libéral

Après un mercato estival qui a battu des records (on se rapproche des 5 milliards d’euros cumulés dans les championnats majeurs), l’élu parisien Richard Bouigue et l’économiste Pierre Rondeau militent pour un football moins libéral. Les deux hommes lancent un appel. Pour que le débat existe.

« Avec un taux de croissance annuel moyen de 13 % des dépenses, la dynamique est continue depuis 2011, malgré une volonté institutionnelle affichée de réguler ce marché, confirmée par l’ouverture d’une enquête de l’UEFA sur les récentes dépenses du PSG, écrivent-ils dans le JDD. L’hyperinflation des droits télévisés explique en partie ce phénomène. Tout comme l’arrivée de nouveaux investisseurs étrangers. En France, six ans après avoir racheté le PSG, le Qatar y a injecté 950M€. Ailleurs aussi, les dépenses fastueuses et irréfléchies sont monnaie courante. Pourtant, la vie n’est pas toute rose dans l’univers du football. Le syndicat international des joueurs (Fifpro) révèle que 40 % des professionnels gagnent moins de 1.000 euros par mois. Pis encore, 45 % seraient victimes de retards de paiement. En France, l’UNFP estime qu’un quart des joueurs perçoivent à eux seuls près de 80 % de l’ensemble des salaires bruts distribués. Le taux de chômage dans le foot hexagonal atteindrait 15%. L’économiste Richard Duhautois, du Centre d’études de l’emploi, a montré que seul un jeune sur six sort des centres de formation avec un contrat pro. La très grande majorité se retrouve sans diplôme ni formation qualifiante, confrontée à des difficultés d’insertion et à un chômage de longue durée. La précarité gangrène le football. Les spécialistes estiment que plus d’un tiers des joueurs connaissent une période de dépression grave et chronique pendant leur carrière. Or il n’existe aucun programme d’aide ni aucun fonds de garantie pour lutter contre le fléau de l’inégalité. Pourquoi ne pas réfléchir à un plafonnement des salaires en Europe ? Pourquoi ne pas encourager, au moyen de défiscalisations, les initiatives des clubs en matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE)? Pourquoi ne pas mettre en place une contribution sur les indemnités de transferts afin de financer un fonds de développement pour le soutien à la formation et à la reconversion de tous les sportifs ? Nous demandons l’ouverture d’un débat national et international. Il faut tout faire pour que le sport le plus populaire du monde ne soit pas accaparé par l’idéologie de l’argent et de l’ultralibéralisme. »

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