#BP : « La saison de la récolte ? »
Nous vous proposons depuis plusieurs semaines d’être un « Blogueur Parisien » (lire ici), KoolSeb nous propose ce billet.
De tout temps et en toutes circonstances,
l’expérience a fait ses preuves.
Jules César, fin stratège et habile
tacticien, disait d’elle qu’elle était « maitre en toute chose
».
Gérard de Nerval, illustre poète du
XIXème siècle, soulignait quant à lui que « l’expérience de chacun
est le trésor de tous ». En transposant cette subtile observation
au ballon rond, on pourrait l’extrapoler en disant que
l’expérience de chacun des joueurs de l’équipe est un
précieux atout pour le collectif.
Cette
constatation a déjà été soutenue, et pas par n’importe lequel des
spécialistes.
Carlo Ancelotti, quintuple vainqueur
de la Ligue des Champions (deux en tant que joueur, trois en tant
qu’entraineur), l’avait fait remarquer lors de son passage au PSG.
C’était en conférence de presse, la veille de la réception du
Dynamo de Kiev, match qui après huit ans de disette marquait le
retour de notre club dans la plus prestigieuse des joutes
européennes.
Pour calmer les ardeurs des
journalistes qui imaginaient d’emblée le PSG briguer le titre de
Champion d’Europe, il avait alors argué que son groupe, bien que
bourré de qualité, était jeune et inexpérimenté. Selon ses dires,
il fallait en principe que le onze type d’une équipe cumule
un minimum de 500 matchs de C1 pour espérer soulever la
coupe aux grandes oreilles ! Cette statistique ne tombe pas de
nulle part, elle s’est très souvent vérifiée lorsqu’on analyse
minutieusement le palmarès de la Ligue des Champions.
Les scénarios des dernières finales
en dates en sont d’éloquents témoignages. La Juventus avait
considérablement ennuyé Barcelone (2015), l’Atletico avait tenu la
dragée haute au Real (2014), le Borussia Dortmund avait malmené le
Bayern Munich (2013), ce même Bayern qui plus tendre les années
auparavant avait tout de même rivalisé avec Chelsea (2012) et
l’Inter Milan (2010). Pourtant qu’importe le rapport de
force sur le terrain, le dénouement s’est soldé invariablement de
la même manière, par le triomphe du plus expérimenté
!
Pour quelle raison l’expérience
serait-elle un facteur prédominant dans le succès de la quête du
graal européen, me direz-vous ?
Sans doute car cette compétition est
la plus relevée de la planète. Le niveau physique et technique des
équipes engagées en phase finale est si élevé et tellement homogène
que les différences se font sur des facteurs secondaires. C’est
tout du moins en partie ce qui peut expliquer pourquoi l’expérience
se retrouve être le juge de paix dans cette compétition plutôt que
dans toutes autres.
Si
cette saison peut tendre vers un certain aboutissement, c’est
précisément en raison de la maturité de notre équipe. Pour la
première fois de l’histoire du PSG, l’effectif a franchi le cap
cher à Ancelotti des 500 matchs d’expérience en C1. Le onze
type parisien cumule à lui seul 564 matchs de Ligue des
Champions : Trapp (8), Marquinhos (20), Silva (49), Luiz
(50), Maxwell (91), Verratti (29), Motta (72), Matuidi (36), Di
Maria (54), Ibrahimovic (121) et Cavani (34).
En examinant attentivement ces
statistiques, cela n’échappera à personne que les trois joueurs les
plus expérimentés de l’effectif représentent la moitié de
l’expérience globale de l’équipe ! En effet, à eux seuls
Ibrahimovic, Motta et Maxwell comptabilisent le nombre ahurissant
de 284 matchs de C1…
Compte tenu de leur âge avancé et de
leurs contrats respectifs, ces trois-là sont voués à décliner et/ou
quitter le club à court terme. On peut dès lors imaginer
que l’équipe y perdra considérablement en expérience individuelle
et collective (automatismes, esprit de groupe,…), ce qui
amenuisera par voie de conséquences les chances pour le club de
décrocher la distinction tant convoitée.
Le football n’est pas une science
exacte, certes, et certains trouveront probablement cette vision
des choses un brin réductrice. J’inviterais simplement ceux-ci à
cogiter sur la question suivante : Pourquoi dans l’histoire
du format moderne de la Ligue des Champions, jamais une seule
équipe n’a gagné la compétition deux années d’affilée
?
La réponse à cette question est à
trouver dans l’inévitable mécanisme de décompression des joueurs
une fois l’objectif ultime exaucé. C’est une certitude, mais
l’explication réside aussi dans la notion de l’éphémère apogée des
équipes victorieuses. Cette compétition est d’une telle
exigence qu’elle nécessite que l’équipe atteigne sa plénitude pour
se démarquer des autres.
Les effectifs qui réussissent à
atteindre les degrés d’expérience et de maturité requis pour
remporter la compétition se trouvent à leur apogée et, par
concomitance, ils arrivent bien souvent en fin de
cycle.
Comme
il a déjà été souligné dans cette espace de libre expression, l’été
prochain s’annonce comme un vaste chantier de reconstruction de
l’équipe parisienne. Le foot est un sport à vocation collective, ne
l’oublions pas. Il est à prévoir que, suite au remaniement
estival, plusieurs mois soient nécessaires avant de tirer de
nouveau la quintessence du groupe parisien en termes d’automatismes
et de complicité balle au pied.
Il se pourrait que le déficit
d’expérience de notre futur groupe affecte cruellement le rendement
du club. Car si à elle seule l’expérience ne fait pas tout, elle
agit comme un exhausteur qui exalte le collectif et permet d’en
extraire la substantifique moelle.
L’équipe parisienne telle qu’on la connait
aujourd’hui est indéniablement à son apogée.
Cette saison tous les voyants
semblent au vert, l’équipe apparait plus que jamais armée pour
tutoyer et gravir les sommets européens. A défaut d’avoir la
garantie de vaincre, on a tout du moins les raisons palpables d’y
croire !
Le PSG semble s’être affranchi des
critiques récurrentes que l’on pouvait émettre les années
précédentes. On reprochait au PSG de ne pas plier le championnat
assez tôt dans la saison ? Les parisiens se sont assuré le titre
dès le début du mois de mars ! On suspectait les joueurs de lever
le pied sitôt un avantage au score acquis? Cette année les rouge et
bleu en sont à 109 buts inscrits en 46 matchs toutes compétitions
confondues. Une généreuse moyenne de 2.4 buts par match et, en
Ligue1, un goal-average vertigineux de +64 !
Les joueurs ont prouvés tout au long
de la saison qu’ils ne se contentaient plus du minimum syndical :
cinq victoires 3-0, quatre victoires 4-1, deux victoires 5-0, deux
victoires 5-1 et, pour couronner le tout, une victoire inédite 9-0
! Un total de quatorze matchs remportés avec un écart de trois buts
ou plus… What else ?
Tout
bon viticulteur vous le confirmera. Une fois le pied de vigne
dépouillé de ses grappes, il faut patienter sagement tout au long
des quatre saisons pour voir de nouveaux grains de raisin mûrs à
souhait garnir les ceps. Le vigneron doit laisser passer l’automne,
l’hiver, le printemps avant de pouvoir enfin, aux toutes dernières
heures de l’été, récolter les fruits de son labeur…
Après quatre saisons de
maturation, marquées par autant de qualifications formatrices en
quart de finale de C1, l’heure de la récolte n’a jamais paru aussi
proche pour les hommes de Laurent Blanc.
Et s’il est encore trop tôt pour
l’affirmer, nous pouvons au moins espérer que le millésime 2016 du
Paris Saint-Germain s’inscrive dans la postérité comme l’un des
crus du siècle !