La lettre ouverte du maire de Thiverval-Grignon
Rémi Lucet, maire de Thiverval-Grignon, a publié une lettre ouverte destinée à à Monsieur Joël Digne, président du Collectif pour le Futur du Site de Grignon, opposant qui lui-même avait adressé le 21 mars dernier une lettre ouverte aux dirigeants du PSG (lire ici). L’élu « mouche » le responsable du Collectif en lui demandant d’être plus factuel, et aussi moins menteur quand il s’agît du projet de centre d’entraînement et de formation du PSG. La lettre ouverte :
Monsieur,
J’ai
bien reçu votre document concernant le projet du collectif : «
Un projet pour Grignon »… Je vous avoue mon agréable surprise,
car, si j’avais effectivement lu quelque part dans les médias qu’un
« collectif » travaillait sur ce sujet depuis cinq mois, en
s’opposant à la mise en vente du parc de Grignon par l’Etat,
je n’ai jamais été contacté tout ce temps,
par
aucun des organismes (ou
associations) extérieurs au village qui composent ce collectif ;
pas un contact, pas un coup de fil, rien…
Vous
venez visiblement donc tous d’apprendre que « Grignon »
n’est pas qu’une propriété d’Etat et que notre village
a une organisation administrative comme les autres ! Avec
une municipalité et un maire élu pour les mêmes
prérogatives que tous les autres maires, en matière de police,
d’urbanisme, etc…
Je suis donc ravi que cette
information vous soit enfin parvenue, car j’avais un peu
peur que vous pensiez vraiment avoir une autorité
décisionnaire particulière sur le domaine communal, qui vous
permettait de pouvoir mener à bien un projet sur le site de
Grignon sans l’aide de la Mairie.
Je
vois donc dans ce document que vous vous me faîtes l’honneur de me
faire parvenir, les prémices d’un début du
commencement de l’amorce d’une prise de conscience
du collectif…
Si vous le permettez, je vais
compléter cette information. Les quelques 25 hectares de
zone « UD » en intra-muros du parc (les 300 restants sont en
zone « N », naturelle) ont une vocation particulière. En
effet, en entête du PLU pour cette zone, on peut lire : «
destinée à recevoir des constructions en lien avec les
activités de l’AgroParisTech (…) ainsi que les activités qui
s’y rattachent ». Ce qui signifie que personne d’autre
ne peut faire quoi que ce soit dans le site sans l’aide de la
Mairie, sans son intervention. Alors une fois l’Agro
partie…
Je
sais, c’est contraignant pour tout le monde, mais que voulez-vous ;
chacun se « bat », se protège, avec ses
armes…
Il y a pourtant des élus locaux
d’autres villes dans votre collectif ! Ils ne vous ont
pas expliqué comment se passaient les dossiers d’urbanisme
? Je suis surpris ; qu’apprennent-ils donc de cette
expérience ?
Il y a également, au-delà de ces
considérations bassement « techniques », si
mortellement contraignantes je vous le concède, ce que
j’appellerai le « savoir vivre », peut-être même
la simple « courtoisie »…
Mais revenons à ce qui ressemble à
un « mépris » de la Commune, que je vous
pardonne cependant volontiers.
Quand les gens me demandent ce que je
pense de vous, je suis bien obligé de leur répondre que je ne
vous connais pas ! Que je ne sais rien de vous, et que dans
ce collectif, pas une association ou organisation extérieure à
la Commune n’a pris la peine de
me contacter ; ils n’en croient pas
leurs oreilles ! C’est vrai que, à la réflexion, c’est
tellement
« ahurissant »… Travailler à un
projet « assez pharaonique » (pour le coup, là c’est vrai
!), et penser pouvoir le réaliser sans la Mairie, sans la
prévenir, sans son concours, sans son pouvoir décisionnaire
final… Voilà qui ressemble pour le moins à une
démarche « primesautière ».
Car aujourd’hui, pour en avoir parlé à tout le monde depuis un an, sachez que je situe à 80% les habitants de la Commune qui se rejoignent dans l’attitude pragmatique de la Mairie sur ce dossier. Si je limite aux jeunes de 15 à 25 ans (l’avenir du village donc ! Les forces vives…), je dois tourner à 90%…
« Vouloir gérer l’avenir d’un village sans les habitants et leurs représentants » : voilà un concept intéressant, bien que peu réaliste. Pourrait-on parler dès lors de « comportement arbitraire », « autocratique » ? Ne faites-vous pas finalement, en agissant ainsi, ce que vous reprochez vous-même à l’Etat ?
Après ces considérations de « forme »,
voyons le « fond » du dossier…
J’ai lu avec attention votre document
et je le trouve plutôt bien fait. Certes, tout reste
à faire, mais les idées sont là, développées…
Croyez-le ou pas, j’entends ce discours et j’en comprends les
raisons, les états d’âmes, les envies, les motivations… Me
permettrez-vous un petit reproche de forme quand même ?
A aucun moment la Commune de Thiverval-
Grignon ne semble concernée dans vos projets et «
perspectives ». Décidément, c’est une manie
chez vous…
Mais
parlons des « idées » : j’ai moi-même une nouvelle idée par
jour sur ce que pourrait devenir le site ! Toutes au
moins aussi formidables que les vôtres, je vous l’assure. Me
manque juste plusieurs dizaines de millions d’euros pour
pouvoir les réaliser… C’est
ballot.
Car tout le problème est là ! Même si
tout est beau sur le papier, l’intégralité du prospect part
d’un postulat erroné : celui que l’Etat
doit non seulement renoncer à la vente, mais de plus
participer au financement du nouveau projet. Double « punition
» financière pour lui, alors qu’il est le vendeur et
qu’il a déjà besoin de la vente de Grignon, entre autres, pour
l’installation à Saclay… Il y a donc là un sacré fossé à sauter !
Je vous invite à prendre beaucoup
d’élan…
Cela pour dire qu’à partir du moment où
votre postulat de départ est faux, vous conviendrez que c’est
tout ce qui est décliné derrière qui ne tient plus ! C’est
le château de cartes qui s’effondre… Ce n’est plus dès
lors un beau projet, c’est une « utopie ».
Et quand bien même votre postulat
devenait le bon et que l’Etat revienne sur sa décision
de vendre et accepte en plus de participer financièrement à
d’autres projets ; je vous assure qu’à ce moment-là ce ne
seront pas les « clients » qui manqueront ; à commencer par
la Mairie d’ailleurs, n’en doutez pas … Nous « croulerions »
sous les projets et n’aurions que
l’embarrât du choix !
Aussi je vais vous donner mon
sentiment : je n’y crois pas un seul instant. Les
décisions d’Etat sont prises et le « train est parti »… Tout
ce je peux entendre depuis un an des hautes sphères de
différentes Administrations confirme clairement ce fait ; et un
intranet tout récent du directeur de l’AgroParisTech adressé
au site de Grignon ne dit pas autre chose.
C’est sur ce postulat, et jusqu’à
preuve du contraire, que je fonde ma réflexion sur ce
dossier.
C’est là-dessus, sur ces bases-là,
que je dois travailler à l’avenir du village. Contrairement
à vous je porte une très grosse responsabilité sur ce dossier.
Je dois être factuel et je ne peux pas me
contenter « d’idées », si merveilleuses soient-elles. Je ne peux
pas lâcher la proie pour l’ombre ; je n’ai pas le
droit de risquer de laisser, au bout du compte, ce parc
à l’abandon au moment du départ de l’Agro pour
Saclay, par irresponsabilité, en décourageant tout
acheteur potentiel pour des raisons de principes qui n’ont
aucune chance d’aboutir : la vraie catastrophe pour le
site, pour le patrimoine, pour la ville, ce
serait celle–là !
Je
changerai de point de vue quand l’Etat annoncera sa décision de ne
plus vendre… Ce n’est pas d’actualité à ce jour, loin s’en
faut. Et je n’ai pas pour habitude de courir après des trains qui
sont partis… J’attends le suivant.
Qu’il y ait un repreneur
potentiel est donc une bonne nouvelle pour la
Commune… Croyez-vous vraiment que je bondis
de joie en pensant particulièrement au PSG à Thiverval-Grignon ?
Non monsieur, ni avec lui, ni avec d’autres, car je ne suis pas
d’humeur « bondissante » sur le sujet…
Je suis pragmatique et factuel, c’est tout ; et je ne crie pas « aie » avant d’avoir mal. Et surtout… Surtout ; je ne fais comme votre collectif qui invente chaque jour des élucubrations sur ce que deviendrait le site avec le PSG… Cela en devient presque risible tant c’est n’importe quoi.
Seriez-vous tant que ça en manque
d’arguments sérieux pour « ratisser » si large,
inventer, mentir parfois ? Je vous assure bien que
non pourtant : si votre projet était viable, si le postulat de
départ était bon, il serait une belle aventure, et vous auriez la
Mairie partie prenante à vos côtés (si toutefois vous ne
perdiez pas notre adresse maintenant que l’avez
trouvée !).
Le
tour de la Commune d’intervenir dans ce dossier arrivera
irrémédiablement ; nous sommes patients.
Nous serons plus que
quiconque, et même plus que vous, vigilants sur la
protection du patrimoine, de l’espace naturelle, des zones
protégées, des sites remarquables, des zones cultivées…
J’ajouterai même, connaissant bien mieux le dossier que vous, la
gestion des associations locales, des conventions qui lient
aujourd’hui l’Agro à la ville, et les espaces et bâtiments en
gestion commune ou conventionnelles.
Et pourquoi le serons-nous ?.. Parce
que c’est NOTRE dossier, de NOTRE responsabilité,
et que nous n’attendons personne pour le gérer à notre
place.
Je vous prie de croire, Monsieur, en
l’expression de ma considération.
Le Maire, Rémi LUCET.