Analyse CS – Arnau Tenas, un vrai concurrent à Gianluigi Donnarumma ?
Arrivé libre de tout contrat au Paris Saint-Germain l’été dernier, Arnau Tenas, gardien de but prometteur, a marqué les esprits lors de la dernière journée de championnat. Retour sur l’entrée éblouissante de l’Espagnol avec la journaliste Anna Carreau, spécialiste du football espagnol et suiveuse du dossier lors de la dernière période de transferts.
C’est le destin qui a décidé pour Arnau Tenas. Bien installé sur le banc parisien, comme depuis le début de saison, le gardien de but espagnol a profité d’une erreur de Gianluigi Donnarumma, d’une blessure de Keylor Navas et de l’absence de Sergio Rico, pour arracher l’opportunité de jouer ses premières minutes sous le maillot du Paris Saint-Germain. Au cours de la quatorzième journée de Ligue 1 Uber Eats, on joue seulement depuis dix minutes face au Havre lorsque Gianluigi Donnarumma fait sa bourde. Une sortie excessive en dehors de sa surface et Bastien Dechepy, l’arbitre de la rencontre, sort le carton rouge. Le PSG évoluera alors en infériorité numérique, laissant les cages inhabitées. Luis Enrique n’a d’autre choix que d’envoyer Arnau Tenas protéger le but parisien pour le reste de la rencontre.
Des points forts et des points faibles
Une entrée remarquable de justesse et de sérénité derrière une défense remaniée et face à une équipe havraise rythmée par l’attaque et poussée par son public. Afin d’en savoir plus sur la recrue de Luis Campos, Canal Supporters s’est penché sur son profil avec Anna Carreau (@annacarreau), spécialiste du football espagnol. Avant de faire un zoom sur la future possible concurrence entre les deux gardiens, nous avons voulu en savoir plus sur ses points forts et points faibles : « Face au Havre, on a vu beaucoup de ses points forts, ses arrêts réflexes, parfois main opposée, son bon jeu au pied. C’est surtout son jeu au pied qui impressionne, parce qu’il pourrait presque jouer milieu de terrain vu sa technique. Il a déjà dribblé plusieurs fois des joueurs qui venaient le presser sur ses relances quand il était au Barça B ou avec les jeunes Espagnols. C’est ce goût du risque qui lui a parfois coûté cher, surtout sur ses débuts en réserve avec le Barça. Un de ses points faibles souvent évoqué aussi c’est sa taille, ‘seulement’ 1m85, assez petit pour un gardien moderne, mais il a une très bonne détente et est rapide sur sa ligne donc il compense bien. Ce qu’on a moins vu pour l’instant au PSG c’est son très gros caractère, son statut de leader à toujours donner des consignes à sa défense. »
« En travaillant il gagnera sa place«
Une analyse prometteuse pour un jeune joueur qui cherche à se faire une place dans l’effectif caractériel du PSG. Mais alors, avec quelle ambition et pourquoi signer dans le plus grand club français ? : « Surtout celle de jouer. On ne sait pas trop quel a été le discours de Luis Enrique au moment de le faire venir à Paris, mais on sait qu’il le connaît très bien, qu’il connaît évidemment sa qualité de jeu au pied… Au Barça il n’était pas prioritaire dans la succession à Ter Stegen, avec Iñaki Peña, plus âgé, qui avait déjà gratté sa place de numéro 2. Lui était le capitaine du Barça B, titulaire indiscutable avec la Rojita, mais il y a eu un problème avec la direction blaugrana au moment de prolonger : ils l’ont laissé libre à la fin de son contrat, puis son revenu vers lui pour le prolonger et finalement il y avait cette offre économique du PSG qui n’était pas refusable », ajoute Anna Carreau. La journaliste poursuit en précisant que son intégration dans l’effectif peut faciliter son entrée dans la rotation : « Luis Enrique fait attention au groupe oui, mais surtout aux qualités intrinsèques des joueurs. Avec la Roja, il avait préféré Unai Simon à David De Gea, qu’il avait gentiment exfiltré de la sélection. Donc s’il faut qu’il fasse des choix forts, il les fera. Arnau Tenas a été ‘habitué’ à être un de plus dans l’équipe et pas forcément titulaire. Donc Luis Enrique n’aura pas de mal à le gérer au quotidien, même s’il choisit de le laisser numéro 2 ou 3. Ce qui ne l’empêche pas d’être très impliqué dans la vie de groupe, les entraînements, les matchs. Au Barça il a pris un carton jaune en étant sur le banc de l’équipe première, même s’il n’a jamais débuté chez les pros, parce qu’il avait râlé contre l’arbitre. Arnau sait qu’en travaillant il gagnera sa place et c’est aussi la mentalité de Luis Enrique donc ils se comprennent très bien. Je pense qu’au-delà de sa place dans le groupe, il y a aussi l’aspect de la mise en place du jeu. Arnau comprend très bien ce que Luis Enrique veut sur le terrain, il a besoin de moins d’adaptation et peut en plus communiquer à ses coéquipiers sur le terrain. On le sent plus à l’aise que Donnarumma là-dessus, ça fera peut-être la différence. Il a peut-être même mis le doute à Luis Enrique, qui privilégie toujours les gardiens à l’aise au pied. S’il a réussi une fois à virer un gardien moins à l’aise au pied comme David De Gea pour mettre Unai Simon, qu’est-ce qui l’empêcherait de faire de même au PSG ? »
Arnau Tenas, réel concurrent à Donnarumma ?
Depuis son match contre Le Havre, Arnau Tenas sort comme le futur du Paris Saint-Germain. Si certains pensent déjà à lui donner le rôle de gardien remplaçant de Keylor Navas, d’autres l’imaginent même en concurrence directe avec Gianluigi Donnarumma. Anna Carreau se confie sur ses prédilections concernant la hiérarchie des gardiens au PSG : « Oui, quand Arnau a été recruté cet été, j’ai pris le pari avec plusieurs de mes collègues que c’est lui qui finirait la saison dans les cages du PSG et je pense qu’il est bien parti. On sait tous combien Gigio est fragile parfois sur ces relances courtes ou sous pression, alors que c’est le point fort d’Arnau Tenas. D’autant que l’Espagnol arrive au bon moment, après plusieurs boulettes marquantes de Donnarumma. Donc après cette grosse performance et les potentiels deux matchs de suspension qu’il pourrait jouer, ça peut être le tournant de la saison dans les cages du PSG. S’il prend la place de titulaire cette saison et que Luis Enrique reste, difficile de l’imaginer partir en prêt ! Je pense que lui-même a plus envie de se battre pour se faire sa place que de partir en prêt », précise-t-elle. Anna Carreau (@annacarreau) termine en évoquant sa capacité à gérer la pression : « En ayant été au Barça depuis ses 10 ans, il est habitué à la pression. C’était plutôt son premier match qui était un test de savoir s’il était capable de réussir chez les pros ce qu’il avait fait en U21 ou au Barça B. Un premier test réussi. Il a la tête sur les épaules donc a priori lui ne sera pas trop affecté. Après c’est plus vis-à-vis du public oui, où les supporters parisiens peuvent peut-être s’emballer. Le plus dur pour un gardien c’est d’être constant, lui l’était avant d’arriver à Paris, à voir quel temps de jeu il a pour le prouver aussi en France. »