Billet CS – Thilo Kehrer, le réveil ?

Ce samedi en fin d’après-midi, le PSG reçoit le Clermont Foot dans son enceinte du Parc des Princes pour le compte de la 5ème journée de Ligue 1 (17h00, Prime Vidéo). Une rencontre que devrait jouer Thilo Kehrer, lui qui se place comme une valeur sûre depuis le début de l’exercice 2021-2022. Et pour cause, en grande délicatesse depuis maintenant plus de deux ans, il a débuté les cinq rencontres officielles du PSG depuis l’entame. Mieux, le central de 24 ans est apparu en bonne forme et serein comme rarement sous la tunique parisienne. Une trouée dans l’amoncellement de nuage qui planait au-dessus de l’aventure de l’Allemand à Paris, une véritable accalmie footballistique.

Recruté à la fin du mercato 2018 en provenance de Schalke 04 contre la coquette somme de 37 millions d’euros, somme qui parait d’autant plus élevée qu’il ne restait qu’un an de contrat au défenseur formé dans la Ruhr, Thilo Kehrer a débarqué en terre parisienne avec le statut de promesse plutôt inconnue du grand public. Dès lors, celui qui était déjà dans les bonnes grâce de Joachim Low, sélectionneur de la Mannschaft à l’époque, devait justifier son transfert dans un secteur où il avait, logiquement, toute la latitude nécessaire pour s’imposer. Et ses premières sorties ne sont d’ailleurs pas inintéressantes, bien au contraire. S’il a paru parfois un peu brouillon et approximatif dans certaines de ses interventions, il en aligne pas moins des prestations de qualités, notamment en phase de poule face à Liverpool de Jurgen Klopp ou face au Napoli de Carlo Ancelotti. Rugueux, vif et non dépourvu d’une certaine qualité de relance, Thilo Kehrer commence à faire son trou.

Pourtant, tout va se précipiter pour lui en mars 2019, moins d’un an après son arrivé au PSG. Victorieux à l’aller sur la pelouse d’Old trafford (0-2), le club de la capitale reçoit Manchester United au Parc des Princes pour le retour. Et là, alors qu’on joue la 2e minute de jeu, c’est sans nul doute l’erreur qui a fait basculer Thilo Kehrer du côté obscur : en toute décontraction, sans une quelconque pression apparente, le principal protagoniste de ce papier se fend d’une passe en retrait vers Gianluigi Buffon d’une qualité discutable, offrant l’ouverture du score, sur un plateau d’argent, à Romelu Lukaku. La suite, on la connait : au terme d’une dernière situation ubuesque débouchant sur un pénalty accordé à Man U, le PSG sort par la petite porte, en huitième de finale, après s’être littéralement liquéfié face à un adversaire loin d’être menaçant.

S’en est suivi, pour le central âgé aujourd’hui de 24 ans, une véritable traversée du désert, que dire, une descente aux enfers de plus de deux ans qui a semblé sans fin et sans fond. Copie indigente sur copie indigente, Thilo Kehrer n’a cessé d’exaspérer les supporters parisiens de par une médiocrité footballistique digne des plus belles heures de Sammy Traoré ou de Talal El Karkouri. Les mots peuvent paraître durs, mais, entre nous, qui n’a pas eu envie de faire voler en éclats son poste de télévision suite à une de ses relances dignes d’un poussin ou d’une de ses têtes au timing plus que douteux ? Bref, L’espoir n’était plus vraiment de mise.

Pourtant, certainement au moment le plus inattendu, Thilo Kehrer semble se ragaillardir en ce début de saison., alors même qu’il avait été annoncé sur le départ du côté de la Bundesliga cet été. Lui a voulu rester et a affiché, dès le départ, la motivation nécessaire pour sortir son épingle du jeu. Ainsi, le défenseur francilien a débuté la totalité des rencontres depuis l’entame, soit cinq. Mieux encore, l’international allemand se place aujourd’hui comme le meilleur à son poste depuis le début de l’exercice 2021/2022. Alors certes, Marquinhos vient tout juste de faire son retour, Presnel Kimpembe ne semble pas vraiment dans son assiette et Paris est loin d’avoir affronté des cadors, mais le fait reste tout de même à souligner. Avec 450 minutes jouées et, en moyenne par match, 85 passes effectuées pour un taux de réussite à hauteur de 96,5%, 94 ballons touchés, 62% de duels remportés, dont 58% dans le domaine aérien, 4 ballons récupérés et seulement une faute commise, Le natif de Tüningen peut se targuer de posséder des statistiques plus qu’intéressantes.

En outre, Thilo Kehrer a également, dans sa lancée, proposé des prestations de très bonnes factures sous la tunique de la Mannschaft lors de la trêve internationale de septembre. Il a notamment démarré les trois matches de qualification à la Coupe du Monde 2022. Tantôt aligné dans une défense à trois, tantôt installé dans le couloir gauche défensif, le joueur de 24 ans a toujours su tenir sa place, et de forte belle manière. Son sélectionneur, Hansi Flick, n’a, d’ailleurs, pas tari d’éloges au sujet de son élément : « Thilo est revenu à son meilleur niveau. Cet été, il a en quelque sorte remis tous les compteurs à zéro et il fait bonne impression. C’est un joueur complet qui doit encore gagner en régularité et qui peut encore mieux se concentrer sur son sujet. »

Désormais, la question est de savoir si cette éclaircie restera brève ou si Kehrer a vraiment décidé de remettre le bleu de chauffe et de démontrer ce qu’il vaut réellement. Car oui, des qualités, il est loin d’en être dénué. Dans un effectif qui semble taillé pour évoluer en 3-4-3 ou 3-5-2, Kehrer offre un profil parfait pour se démarquer en tant que central droit. Rapide, dur sur l’homme, imposant physiquement, capable d’être plutôt précis dans la relance, il coche toutes les cases pour ce rôle. En outre, si Mauricio Pochettino décide de rester dans un système avec quatre centraux, Kehrer a comme grand atout de pouvoir évoluer à absolument tous les postes au sein de l’arrière-garde rouge et bleu. Tout semble être une question de mental et de confiance pour le joueur. Et son attitude, ses récentes prestations et ses déclarations ambitieuses vont clairement dans le sens d’une réhabilitation pour un joueur qui a tout à prouver trois ans après son arrivée au PSG.

Et si après Georginio Wijnaldum, Achraf Hakimi, Sergio Ramos, Gianluigi Donnarumma, Lionel Messi et Nuno Mendes, Thilo Kehrer était finalement la septième recrue parisienne de ce mercato estival ?