#BP : « La folie mercato »
Nous vous proposons depuis plusieurs semaines d’être un « Blogueur Parisien » (lire ici), Stéphane alias Mystérion se lance avec un premier billet.
Je me
propose de réaliser un Panorama du Mercato estival
à venir, en fonction des pays, étant donné les
nombreuses rumeurs qui commencent à pulluler ici
ou là dans la presse spécialisée, sérieuse ou non.
Vous avez remarqué certaines
rumeurs assez « particulières » ces derniers
jours et je pense qu’avec une analyse de base, on peut
être capable de trier certaines informations afin d’en rigoler pour
une grande partie, ou de s’en inquiéter.
Aujourd’hui, on commence par l’Italie.
C’est le pays qui a inventé, incarné et qui vit
le Mercato.
Pendant de nombreuses saisons, il a
incarné cette folie des transferts bling bling devant lequel on
bavait tous.
Montants astronomiques, brassages
complets d’effectifs, événements médiatiques, toute la planète
football a regardé éberluée et envieuse les transferts
pharaoniques, dispendieux et irréels pendant plusieurs
années.
Et bien tout ça, c’est fini, quand
bien même c’est encore le pays qui annonce le plus de
transferts !
Pendant des années, les clubs ont préféré
dépenser la totalité de leur budget dans les joueurs, au détriment
des structures, du marketing, et du
marchandising.
Résultat, alors qu’ils avaient de
l’avance tactiquement, un prestige unique, et une
professionnalisation très poussée dans la préparation (pas
d’allusion au dopage, quoique…), les clubs italiens sont
désormais distancés économiquement et par ricochet,
sportivement.
Ce lent déclin a eu une répercussion
sur les affluences, et sur le développement du football italien qui
stagne, voire régresse.
En conséquence, l’Italie est devenue
le championnat des bonnes affaires, du développement de jeunes
promesses étrangères, et de relance de stars ou vedettes en
situation d’échec.
Mais le public, et les journaux italiens ont du
mal à accepter que la série A ne soit plus le nombril du football
mondial.
Fleuris donc quotidiennement des
rumeurs de transferts de joueurs prestigieux, souvent évoquées à
travers le prisme d’un malaise entre lui et son club actuel. Le
moindre joueur passant 2 matchs consécutifs sur le banc est
forcément en conflit, ou en dépression, et veut à tout prix partir.
Et l’Italie est là pour le sauver, bien sûr !
Pourtant, malgré le fait que les
acteurs soient conscients qu’économiquement, les clubs ne soient
plus des leaders européens, les journaux publient ces
informations, en y mettant une dose d’imagination digne des plus
grands scénaristes d’Hollywood.
Troc (à la sauce NBA pour
certains), montages financiers, prêts avec option d’achat, montants
en dessous du marché, salaires minorés, infos exclusives grâce aux
‘’sources sûres’’, interprétations d’interview, analyses
sociologique et psychologique du joueur et de sa famille, tout est
bon pour crédibiliser la news, quand bien même l’auteur n’y croit
pas lui-même…
Les 3
grands noms historiques, Milan, Inter, Juventus, connaissent des
destins bien différents.
Seule la Juventus a les
moyens de recruter, mais pas au niveau des autres tops
clubs. En effet, par rapport à eux (Real, Barca, Man Utd,
City, Bayern, PSG), elle rend 200M€ de budget
(environ 350 contre plus de 500 pour les autres) Elle se heurtera
donc à ses limites internes, ne pouvant proposer
des salaires équivalents aux grands noms visés qui gagnent trop
pour la rejoindre et refuseraient de baisser leurs
émoluments.
Elle reste une menace, mais elle est
se positionne davantage sur des joueurs de caractères en situation
difficile dans leurs clubs, ou sur les jeunes pousses prometteuses
et accessibles. Même si elle salive sur nos joueurs, et que sa
force de persuasion est importante, ces capacités limitent ses
chances de nous prendre des joueurs.
Le Milan et l’Inter sont dans une
situation plus compliquée. Ils souffrent de capacités
financières affaiblies depuis que leurs mécènes ont coupé le
robinet ou ne disposent pas des fonds suffisants. Et comme ils se
sont reposés sur leur lauriers, que leur potentiel marketing n’a
jamais été réellement exploité, et qu’il faudra du temps avant de
redevenir attractifs et de repartir dans un cercle vertueux, ces 2
clubs en sont réduits à proposer des échanges, des prêts, ou de
lorgner sur les joueurs en fin de contrat.
De plus, ils ne joueront pas la ligue
des champions, et on peut donc en conclure qu’ils ne sont pas une
menace. Les rumeurs les associant à nos joueurs ou cibles sont plus
du fantasme qu’autre chose.
Enfin, la Roma, le Napoli, la Fiorentina ou la Lazio ont clairement compris qu’elles n’étaient plus en mesure de cibler les tops joueurs, voir la catégorie en dessous et se rabattent sur des cibles plus accessibles, finançant leur mercato par les quelques joueurs bankables qu’elles arriveront à refourguer à la Premier League ou pourquoi pas au PSG (si celui y trouve un intérêt). Ces clubs sont également adeptes des prêts avec option d’achat (qu’ils savent dès le départ qu’elles ne seront pas levées, n’ayant pas d’argent pour cela)
On le
voit, l’Italie est un pays qui espère revenir du temps de sa
splendeur passée mais qui n’en a plus les moyens. Les
rumeurs relèvent plus de fantasmes, histoire de préserver l’une des
rares industrie liée au football et qui marche encore un peu
là-bas : la presse.
Pas d’argent, des prêts, du troc, des
montants de transactions et salaires farfelues, tout ça peinent à
crédibiliser les clubs italiens quant à leur capacité à être des
acteurs majeurs du Mercato.
Bref, l’Italie, c’est devenu
un prolongement de Marseille : on se rappelle du
passé, on se désespère du présent, et on a aucune vision du
futur !
Voila, c’était une petite analyse de l’Italie, en espérant ne pas avoir été trop long.
Mystérion