#BP « La loi du milieu »
Nous vous proposons depuis plusieurs semaines d’être un « Blogueur Parisien » (lire ici), Olivier, alis Blacklegolas, nous propose un premier billet.
Tous les « experts » le savent,
un grand match se joue et se gagne avant tout au milieu.
Alors quand le milieu type du PSG est amputé de 2 de ses 3
éléments, Matuidi en reprise et clairement pas à 100% et Verratti
forfait, les sceptiques sont tous vents dehors. Encore pire à
l’annonce de la composition, alors que les
bien-pensants, qui attendaient tous Pastore, voient Rabiot
sur la feuille de match.
J’entends encore les consultants nous
dire que les choix de Laurent Blanc ne permettront pas de gagner
cette bataille du milieu contre Fabregas, Willian et Obi Mikel.
C’est oublier qu’au-delà de la composition, il y a les options
tactiques et l’animation.
Laurent Blanc a donné une leçon tactique a Guus Hiddink, réputé grand tacticien par ces mêmes experts, comme il l’avait déjà fait contre Mourinho l’année dernière.
Cette leçon tient en trois points :
1/ Le rôle d’un Matuidi : Je
commence volontairement par ce point car je n’ai guerre goûté la
manière dont, après le match, il a été descendu en flèche par ces
consultants nous expliquant qu’il s’agissait du plus mauvais
parisien de la soirée et qu’il avait loupé son match. Non Matuidi
n’est pas un monstre technique, non Matuidi ne nous enchantera pas
comme peuvent le faire un Pastore ou un Di maria sur un passe un
dribble ou un but venu d’ailleurs (quoi que, souviens-toi l’été
dernier). Mais quel est le rôle d’un Matuidi dans cette équipe
quand beaucoup de consultants et de supporters réclament à cor et à
cris un trio motta-Verratti – Pastore voire Di Maria
?
Lorsque l’on revoit le match d’hier,
passé l’émotion, on constate qu’il a eu le rôle ingrat de
surveiller Willian et bloquer la relation
Fabregas-Willian qui nous a fait mal à l’aller.
Effectivement à 70% de sa capacité physique il a été débordé 2/3
fois dans le match notamment par la vitesse d’un Pedro mais,
il a clairement éteint Willian. Le meilleur joueur
de Chelsea à l’aller a été presque transparent ne surgissant que
deux fois dans le match lorsqu’il est allé lécher la ligne
cote droit de l’attaque afin d’échapper à la sangsue Matuidi.
Sangsue, je pèse mes mots, on a vu dès le coup d’envoi Matuidi
monter vite sur Willian et ne plus le lâcher. Comme un symbole, ce
pressing côté droit de l’attaque parisienne sur une touche de
Chelsea au niveau de la surface de réparation alors que Chelsea
effectuait une simple touche de relance.
Matuidi est comme le Makelele
du Real de Zidane, un joueur qui se défonce pour l’équipe
et qui fait un travail de sape dans l’ombre du champ de la caméra.
Cela lui vaut d’être conspué par ces experts qui ne se souviennent
pas que lorsque Makelele a quitté le real, l’équipe a sombré car
déséquilibré.
On comprend mieux pourquoi Laurent
souhaitait le voir disponible pour ce match
2/ La montée en puissance d’un
Rabiot : Alors tout n’est pas parfait avec ce jeune joueur
qui rappelons-le n’a que 20 ans mais qui dispose d’une telle
facilité technique qu’il en oublie les basiques (concentration de
tous les instants, simplicité d’exécution). Toutefois, une
constante chez ce garçon, il est au niveau lorsqu’on fait appel à
lui dans les gros matchs. Il a les défauts de ses qualités
mais il progresse et marque des buts.
Mercredi, il a eu surtout le
mérite de faire oublier, l’espace d’un match, l’absence de notre
meilleur milieu de terrain : Marco.
Sur le match d’hier il a été clé dans
cette bataille du milieu en se rendant disponible autour de Motta
et entre les lignes adverses et en jouant verticalement lorsque les
solutions se proposaient à lui. Il lui reste des progrès à faire
car il a perdu quelques ballons dangereux qui auraient pu coûter
plus cher (Costa 4ème), mais il me fait penser désormais à
un grand joueur qui, il y a quelques années, subissaient les mêmes
éloges et critiques : Marco.
On était tous sous le charme de ses
dribbles mais tous ces experts nous disaient : « Oui mais
pas devant son propre but ». Rabiot n’est pas aussi
technique que Verratti mais on sent désormais chez lui ce
petit truc qui te fait dire que s’il passe ce cap
(perte de balle) il deviendra un très grand
joueur.
Au regard de son match, on constate
qu’il a su alterner le jeu cours avec Motta, Di Maria et Ibra et le
jeu mi-long. Il s’est projeté vers l’avant (un peu à la manière
d’un Matuidi) et a clairement fait jeu égal avec Fabregas.
Peut-être un peu de jeu vers l’arrière encore.
Finalement, le coup de poker de
Blanc, comme cela semblait au début n’était pas si risqué que cela
et clairement cela a payé au final. On a également pu
constater que Pastore, lorsqu’il est rentré, s’est fait bouger
physiquement par les défenseurs adverses. Finalement, un
choisissant Rabiot, Blanc à réaliser d’une pierre deux coups,
mettre en lumière un jeune formé à Paris et protéger un artiste qui
sera j’espère très important dans cette LDC 2016.
3/ L’animation : J’entendais un
célèbre consultant nous expliquer qu’avec Blanc, il n’y a jamais de
plan B. Etant un passionné de tactique je suis modestement peu en
accord avec cette affirmation.
Lorsque Blanc est arrivé il a mis en
place ce 4-3-3, et il est vrai ce système de départ ne bouge
jamais. Toutefois, lorsqu’on regarde attentivement les matches du
PSG depuis 3 ans, on constate deux évolutions
majeures. Tout d’abord la conservation basse de la
première année (dans notre propre camp) a laissé place
progressivement à une conservation haute (dans le camp adverse). On
a vu hier que Paris arrivait à conserver la balle dans le camp de
Chelsea avec des séquences de possessions extrêmement longue pour
un match de ce niveau. Deuxièmement ce 4-3-3 n’est presque jamais
mis en œuvre sur le terrain. Lorsqu’on défend il ressemble plus à
un 4-5-1, quand on a la possession il alterne entre un 4-4-2 (Ibra
ou di maria qui décroche pour alimenter le milieu de terrain) et
Lucas ou di maria qui prenne la profondeur) ou même un 4-2-4 quand
la domination est très haute.
Si on se focalise sur le match de
mercredi soir, on constate que dès le début du match Di maria et
Ibra décrochait chacun leur tour afin de proposer une solution au
pressing intense sur Motta. D’ailleurs, à part les 2 actions de
Willian côté gauche de l’attaque londoniennes, Chelsea n’a été
dangereux qu’en contre suite à des pertes de balles du milieu
parisien. Mercredi, on a eu à faire à un 4-4-2 avec un
Di Maria libre qui se baladait sur le front du milieu et
de l’attaque ce qui a considérablement gêné Chelsea dans son
pressing et laissé des espaces entre les lignes, principales
sources d’attaque Parisienne.
Bilan
Au vue des animations proposées de
part et d’autre, le défi tactique a clairement été remporté par
Paris. Il faut rappeler qu’il s’agissait d’un match à l’extérieur
et que Paris a eu des standards de match à domicile en Ligue
1 : 63% de possession, 677 passes vs 370. Les
plus sceptiques diront que Chelsea à plus tiré que Paris (15 vs
10), mais quand on y regarde d’un peu plus près on constate que
Paris a tiré 8 fois dans la surface contre 7 pour
Chelsea.
Enfin, avec ce 2ème but de Zlatan,
Paris a douché les Londoniens qui n’avaient plus la force mentale
pour proposer un pressing à haute intensité sur la fin du match. On
a pu voir comment Paris avait progressé, car il a su conservé la
main mise sur son adversaire en jouant son jeu (cher à Lolo) et en
asphyxiant l’équipe de redoublement de passes sur toute la largeur
du terrain pour empêcher une récupération facile. Chelsea était
alors désorganisé, aussi en raison de la perte de son point
d’encrage devant, et ne menait que des attaques désordonnées que
Paris avait tout le loisir de contrer sans difficulté et surtout
sans faire de faute.
Il en
résulte un match maîtrisé de bout en bout.
Malgré, un période où Chelsea a été plus dangereux entre la 20ème
et la 50ème. Mais rappelons-le, c’est Chelsea qui jouait à
domicile et non Paris. Notons aussi que Paris, qui était
qualifié au début du match l’est resté tout au long du
match.
Bref, les choix de Laurent ont été
validés par ce match remporté à l’extérieur par une équipe qui
n’avait plus perdu un match national depuis l’arrivée de son nouvel
entraîneur. La bataille du milieu a été remportée brillamment par
Paris grâce notamment à des choix que la plupart
critiquaient.
Je ne reviendrais pas sur le super
match de Trapp et d’autres car il y aurait encore
beaucoup à dire. Mais nous avons un entraineur et une équipe qui
commencent à avoir un peu de bouteille en LDC et si nous avons un
peu de chance au tirage, nous pouvons au moins espérer faire mieux
que les années précédente sinon de viser la finale
(contre la Barca car sur un match …..).
Mention spéciale aux supporters parisiens qu’on a entendu dans le « Bridge » assommé sur les « Olé », « On est chez nous », « Ici c’est Paris » et autres gentils chambrages.