#BP « Le 4-3-3, l’ennemi public n°1 !? » par Clément S
Nous vous proposons depuis plusieurs mois d’être un « Blogueur Parisien » (lire ici), Clément S. de Toulouse, alias ClemTlse nous propose un premier billet.
Le 4-3-3, l’ennemi public n°1 !?
Les
derniers matchs du PSG ont vu le retour du 4-3-3 (et pire,
supposément celui de Laurent Blanc)… Et c’est, paraît-il, une
catastrophe.
Mais qu’a-t-il fait de si
horrible ce 4-3-3 pour que tout le monde lui tombe
dessus ? Pourtant, la moitié de l’Europe qui compte
joue dans ce système. En fait, le 4-3-3, pas plus qu’un autre
système, ne sera la cause première d’un jeu flamboyant et encore
moins d’un jeu qui « ronronne » (le PSG, comme le Barça,
a montré les deux visages). Ce serait d’ailleurs un comble
d’accuser le 4-3-3 de méfaits soporifiques, quand on se souvient
que le « football total » du grand Ajax d’Amsterdam s’est
établi dans ce système qui lui allait à merveille, avant que son
maître Cruyff ne l’impose avec succès en Catalogne, et pour de
longues années.
Alors, c’est quoi le problème actuel ?
Si je fais un vague résumé de la presse, des consultants,
et de nombreux commentaires sur CS :
1. On rejoue en 4-3-3 (comme
sous Blanc), donc on s’ennuie.
2. En plus, ce sont les mêmes
joueurs que sous Blanc, moins Zlatan, donc le jeu est nul (et même pire
qu’avant – même sans Zlatan (talalgie, suspensions…) – diraient
certains.
3. Emery n’a pas le courage
d’imposer son système.
Sur le point 1, et comme dit plus
haut, un jeu ennuyeux n’est pas une fatalité en 4-3-3. Il y a eu
quand même une flopée de bons matches ces trois dernières années
(et bien sûr des très chiants – avec presque 400 buts en trois
ans). Non ? Vraiment ? Bah OK, pas grave, on n’aime pas
le même football, ce qui n’est pas un problème.
Sur le point 2, que veut-on qu’Emery
fasse ? Les recrues, d’un niveau qualitatif correct mais loin
du plus haut niveau européen (mercato raté, on est au moins tous
d’accord sur ce point), sont blessées ou hors de forme (ou les
deux), à l’exception de Krychowiak, qui joue depuis peu.
Quant au niveau de jeu, et pour moi,
surtout le niveau technique global, il est effectivement en forte
chute depuis la reprise de la L1, avec parfois, comme en 2nde
mi-temps contre Ludogorets, une vague stabilisation quand l’équipe
revient à ce terrible 4-3-3 (mais à peine
« ronronnant »).
Alors, la faute à qui, ou
plutôt à quoi ? Allez, en vrac :
Une préparation plus intense que les
autres années, qui suit les multiples compétitions internationales
de l’été.
La défaillance définitive d’un de mes
joueurs préférés de l’ère QSI, à savoir Thiago Motta, et celle je
l’espère passagère d’autres (Di Maria, Silva…).
La perte de deux leaders naturels
(Zlatan, Luiz), les problèmes et les états d’âmes de trois autres
(Motta, Silva, Matuidi), et l’absence temporaire de relève dans ce
rôle (Verratti ? Kurzawa ? Rabiot ?).
Les interrogations tactiques d’Emery…
ce qui m’amène au point 3.
Unai Emery, comme tout entraîneur,
et en particulier ses prédécesseurs, arrive avec de
nouvelles idées de jeu, qui ont notamment remarquablement
fait leurs preuves à Séville, en Ligue Europa (en Liga, c’est moins
clair). Travailleur infatigable, il rêve d’un 4-2-3-1 qui
presse sans relâche, prônant un jeu vertical où les
latéraux doivent se montrer très actifs. Dans le principe, c’est
très alléchant, et cela n’a pas plus de raison que le 4-3-3 de ne
pas conduire au succès.
Cependant, ce système très exigeant
physiquement, est-il adapté aux joueurs actuels du
PSG ? A part Cavani, Aurier, et Matuidi, de fait nos
joueurs les moins techniques, mais qui compensent par leurs
qualités propres, dont un travail inlassable sur le terrain, je ne
vois personne. Depuis le début de l’ère QSI, le PSG a
davantage parié sur des joueurs au profil technique, et moins sur
leurs pures capacités physiques. Non Verratti, Rabiot,
Pastore, Di Maria ne sont pas les héritiers de Deschamps, Gattuso,
Davids ou Vieira. Dans un jeu de pressing contre-nature, on
risque de gâcher les meilleures forces de ces joueurs,
tout en leur retirant la lucidité nécessaire à leur jeu très
technique.
Emery, qui comprend quand même mieux
le football que nous, est visiblement en train de réaliser tout
cela. Non, il ne se couche pas devant les consultants, ni
ne fait preuve d’absence de courage ! Au contraire,
il comprend juste, comme le grand Ancelotti lorsqu’il envisageait
d’imposer son « sapin de Noël », que la nature des
joueurs à disposition dicte aussi la nature du jeu de
l’équipe.
Et maintenant ? Je ne suis
pas fakir, mais je peux au moins exposer ici, ce à quoi
j’aspire : un système technique adapté à nos joueurs
(et pourquoi pas donc le 4-3-3 ?) et leurs qualités
techniques et caractéristiques physiques, dans lequel ils
retrouvent la sérénité, et peuvent s’exprimer à leur meilleur
niveau. Et là où j’attends Emery, c’est dans la faculté de l’équipe
à gagner en verticalité en période de possession de balle, tout
en retrouvant autant que possible le jeu efficace de
contre-attaque qui caractérisait l’équipe d’Ancelotti. De
fait, j’espère, amateur éclairé et amoureux du PSG depuis 35 ans,
qu’Emery accomplisse le parfait morphing du jeu de Blanc et
de celui d’Ancelotti !
En conclusion, mes vœux sont
conformes à l’idée d’un style de jeu autant façonné par la
tradition, le type de joueurs recrutés, et les entraîneurs
successifs. Le Barça, la Juve, le Bayern, Dortmund, Arsenal ont
développé une identité de jeu claire et pérenne, et le PSG se doit
d’en faire de même, de la formation à l’équipe première, s’il veut
durablement s’installer dans le gotha européen. En tant que fidèle
supporter du PSG, je soutiens fermement Emery (comme je soutenais
Blanc) et ne peux que lui/nous souhaiter de réaliser mon morphing
rêvé, ou tout autre schéma victorieux qui sortira de son
imagination ! Hum, mais pas trop tard…
Let’s
go !
Clément S. de Toulouse, alias ClemTlse
(BP rédigé au lendemain du match contre Ludogorets)