Bruno Roger-Petit : « Emery est un néo-Halilhodžić, qui place au-dessus de tout la vanité de sa personne »

Bruno Roger-Petit n’apprécie visiblement pas Unai Emery et, sur son blog, n’hésite pas à sévèrement critiquer le management du coach, notamment dans la gestion du cas Ben Arfa.

« Un petit bol d’air, et rien de plus. La victoire du PSG (5-0) contre Lorient ne change rien à l’affaire. Pas plus que le sublime but de Meunier. Plus que jamais, l’entraîneur parisien Emery demeure dans l’oeil du cyclone. Entendons-nous bien les amis. Il ne s’agit pas tant de contester un entraîneur parce qu’il serait venu manger le pain (souvent rassis question jeu) d’un René Girard, ou parce que le PSG a perdu quatre matchs, mais parce que l’ensemble de ses choix méritent d’être discutés. Et disputés. A commencer par le plus emblématique d’entre eux, la gestion du cas Ben Arfa. […] Pourquoi Ben Arfa au PSG ? Parce que le talent. Le génie parfois. La technique. L’intelligence. L’art en football sublimé par l’esthétique du beau geste. Mais aussi la France, sa diversité, les banlieues populaires… Ben Arfa au PSG, c’était la promesse de la réconciliation du jeu et la fin de la lutte des classes dans les travées du Parc, avec, enfin, un joueur susceptible d’incarner une certaine idée de la réussite et de la rédemption aux yeux d’un public jeune et populaire. Le rêve Ben Arfa à Paris, c’était aussi l’éducation populaire, sportive et civique pour tous.

Mais voilà. Confronté à une direction qu’il parait juger un peu trop encombrante, et en mal de marqueur de pouvoir, Emery a fait de Ben Arfa l’enjeu de son pouvoir. Sans doute parce qu’il savait les raisons pour lesquelles ce joueur avait été recruté, et l’enjeu sportif, culturel et social qu’il représentait aux yeux du club. Et comme Ben Arfa est doté d’une personnalité particulière, pour le moins clivante, de nature à ne pas plaire, a priori, aux entraîneurs rigides à la Emery, c’est lui qui a trinqué pour le club, coupable de ne pas se conformer aux volontés de l’entraîneur. Car chacun sait qu’il est deux façons de gérer Ben Arfa. La première, qui fonctionne à chaque fois, de Gerets à Puel en passant par Pape Diouf, qui consiste à câliner le joueur, l’encourager, le charger d’une pression positive qui expédie sur le terrain un artiste prêt tout donner en retour de la confiance intelligente qui lui est accordée. Et la seconde, qui échoue toujours, de Bruce à Emery en passant par Jean-Claude Dassier, qui privilégie le fouet et le knout, la pénitence et la discipline et qui accouche d’un joueur à côté de lui-même dès lors qu’il pénètre sur la pelouse. Emery a choisi la seconde, ce qui l’éloigne de la subtilité et n’inspire guère ce sentiment que l’on nomme le respect. Quand on lit, ici ou là, que l’entraîneur du PSG serait prêt à dégager Ben Arfa lors du prochain mercato, on se pince.

Emery n’a rien gagné à humilier Ben Arfa afin de tenter une opération de restauration narcissique vaine et sans objet. En revanche, il y a beaucoup perdu. En autorité. Crédibilité. Et même en générosité. Emery est un néo-Halilhodžić, qui place au-dessus de tout la vanité de sa personne et ne supporte pas que certains joueurs soient plus lumineux que lui. Résultat : il est prêt à sacrifier sa réussite, et celle du club avec, sur l’autel d’un enivrant orgueil. On ne doute pas des qualités intrinsèques d’Emery, mais il est patent, malgré l’espoir que soulevait son arrivée au PSG, qu’il n’est pas the right man at the right place. Sa gestion du cas Ben Arfa est symptomatique du gâchis Emery à Paris. Cela ne durera qu’un temps, mais combien de temps encore ? »

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