Procès Lorence : « On ne condamne pas un Homme si un doute subsiste »

Alors que le verdict devrait être connu d’ici quelques heures, les avocats des deux parties se sont exprimés à travers leurs plaidoiries. Ce fut également l’occasion de revenir sur la version de l’un des accusés : Romain.L.

Ce jour du 28 février 2010, Romain.L déclare avoir rejoint la gare de Bercy avec des amis, lieu de rendez-vous prévu afin d’en découdre avec les supporters marseillais qui ce jour là étaient interdits de déplacement. C’est seulement vers 17h00 que Romain.L et son groupe vont se rendre au Parc des Princes, peu avant qu’éclatent les premières échauffourées contre les CRS à l’arrivée des joueurs de l’OM.

Romain.L raconte : « Ce soir là c’était l’anarchie, on ne voyait pas à 10 mètres avec les fumigènes » avant d’ajouter : « C’était une petite guérilla, il fallait mieux avoir les yeux ouverts ».

Après les différentes charges des supporters, Romain.L dit avoir vu un groupe de six-sept personnes autour d’un individu à terre. Il affirme alors avoir pensé qu’un de ses « Hommes d’Auteuil » était en train de se faire agresser. Néanmoins à l’approche de l’attroupement Romain bouscula un des membres des renseignements généraux tout en lui demandant « Qu’est ce que tu fous avec ce facho ? ».

Romain.L s’exprime alors sur Yann Lorence, il affirme que ce dernier était une figure de la tribune Boulogne avant d’ajouter : « Vous n’êtes pas assidu au stade si vous ne connaissez pas Yann. Parfois on se voyait et cela n’empêchait pas qu’on se serrait la main. » Il finira par dire : « À aucun moment je n’ai piétiné ou participé à ce lynchage de lâche. Mais je suis le profil idéal dans cette affaire. »

Pour l’avocat de la partie civile, au terme de ces quatre jours d’audience ce n’est « ni le procès d’un Fight, ni d’une bagarre, mais de la mise à mort d’un Homme, lynché par une horde de sauvage. » Néanmoins il a tenu à faire remarquer la dignité dont la famille a pu faire preuve. En effet ces derniers ont su appeler « au calme » quand Yann tomba dans le coma.

L’avocat de la famille poursuivit : « C’est un grand nombre de personnes qui est responsable de la mort de Yann Lorence et la plupart n’ont pas été identifiés. »

L’avocat continua : « De chaque côté, Boulogne, Auteuil, c’était une petite portion d’excités, ultras violent qui sous prétexte d’alibi politique se tapent dessus. »

De plus, il relèvera également une contradiction importante selon lui. Comment Romain.L a t’il pu approcher de Yann, justifiant cela par le fait qu’il pensait que c’était un supporter d’Auteuil, tout en bousculant et s’adressant à un membre des renseignements généraux.

L’avocat des parties civiles s’appuie également sur les incidents lors de PSG-Malmö pour lesquels Romain.L purge en ce moment une peine de prison.
En effet, pour l’avocat ces incidents sont de même nature avec les événements pour lesquels il se retrouve devant la Cour d’assise avec la seule différence qu’un individu est mort ce soir du 28 février 2010.

Il finira par dire: « C’est le groupe au dessus de l’individu, le culte de la violence, la loi du plus fort, sans le groupe on n’est plus rien. Yann était seul ce soir là.» En désignant les accusés , l’avocat poursuit : « Ce sont des petits piranhas qui sont agressifs à douze » et finira par citer Orelsan « Seuls ils lèveraient pas l’petit doigt dans un combat de pouce.»

Pour les avocats de la défense, ce procès est un « fiasco ».
Tour à tour les différents conseillers de Jérémy.B et Romain.L se sont exprimés sur les différents éléments à charge.
C’est tout d’abord un échec au regard de l’important dispositif de sécurité présent ce soir là : CRS, gendarmerie, renseignements généraux etc..
En effet, les avocats déplorent que même les renseignements généraux qui sont spécialisés et affectés à la gestion de la sécurité des supporters n’ont pu identifier aucun auteur de l’agression de Lorence.

Comme mentionné tout au long de ce procès, ce fut la première fois que la tribune Boulogne à pu remonter Boulevard Murat afin de pouvoir charger Auteuil. La faille sécuritaire semble bien exister, néanmoins personne n’a pu fournir d’explication…

« Le fiasco » repose également sur le fait que les éléments à charge dans ce dossier sont pour les avocats de la défense « très faibles ». Romain.L ne fut désigné par aucun témoin comme ayant porté des coups à la victime. Les seuls éléments sont des phrases qu’il a prononcé et des gestes qu’il a mimé.
En effet les différents procès verbaux des fonctionnaires présents ce soir là rapporteront que Romain.L aurait prononcé lors de son interpellation « Si c’est pour le mec de Boulogne, ce n’est pas moi qui l’ai fini. » Pour l’accusé le terme « finir » est simplement un synonyme de « frapper » alors que pour l’accusation et la partie civile ce terme est « littéralement » très explicite.

Un autre procès verbal relatera que Romain.L fut observé après l’agression mimant des gestes de saut à pieds joints auprès de son groupe. Pourtant aucun témoin n’a pu affirmer avoir vu Romain.L exécutant ces gestes mimés sur la victime.
Qui plus est, la défense va également déplorer que lors de cette tragique soirée un membre des forces de l’ordre fut également agressé et retrouvé à terre signifiant alors que deux agressions ont bien eu lieu ce soir du 28 février 2010.
Pourtant aucun acte d’enquête semble avoir approfondis dans ce sens.

Concernant les incidents de PSG-Malmö, l’avocat de la défense rappelle que Romain.L fut déjà jugé et qu’il purge actuellement sa peine. De plus il affirme que lors de ces incidents ce dernier avait reconnu qu’il « était la pour se battre » , ce qui ne fut pas le cas lors de PSG-OM où l’absence de supporters marseillais avaient laissé bredouille le groupe qui s’était donné rendez-vous à la gare de Bercy.

Concernant Jérémy, la défense déplore également la faiblesse des éléments à charge. Tout comme pour Romain.L, aucun témoin, aucune vidéo ne démontre que Jérémy aurait porté des coups à Yann Lorence.

Pour finir, l’avocat de Romain.L finira par énoncer une liste non exhaustive de suspects qui avaient été entendu, avant d’ajouter que selon lui l’accusé Romain.L est « juste le dindon de la farce ». L’avocat avancera même qu’il ressent une certaine « honte à plaider » . Il a le sentiment que la charge de la preuve est renversée et que c’est à la défense de devoir prouver l’innocence des deux accusés.

Pour les avocats de la défense: « On ne condamne pas un Homme si un doute subsiste, on ne construit pas un château de carte avec une seule carte ».

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