Edito – Billet de Loïc sur la communication de Tuchel et ma réponse

Sur Canal Supporters, les CSiens inspirés peuvent trouver tribune et développer une ou plusieurs réflexions librement (avec ce hashtag BP). Intervenant assez régulier, vous connaissez Loïc, et ses billets d’humeur, ou d’histoire. Toujours de qualité. Agacé par les propos offensifs de Thomas Tuchel hier, Loïc a souhaité réagir. Vous pourrez le lire ci-dessous.

Mais au préalable, je (Marc Alvarez) souhaite apporter mon point de vue parce que ma perception est vraiment différente. Je me doute que mon opinion ne sera pas la plus populaire, mais la question n’est vraiment pas là… Samedi, j’étais au camp des Loges, et j’ai filmé Thomas Tuchel. Et je n’ai pas eu le sentiment exprimé par Loïc ci-dessous. Déjà, en voyant arriver le coach allemand, je l’ai senti usé, accablé. Son discours aux supporters, ce n’était pas leur nier le droit d’être anéantis. C’était dire que de la direction aux supporters en passant par le staff et les joueurs, tout cela ne faisait qu’un. Et que tout se faisait ensemble. Surtout, l’entraîneur a voulu dire que l’idée de croire que eux « se fichaient » de l’élimination était fausse, qu’ils ont le même objectif que les supporters et que ce n’était pas utile de leur taper dessus alors qu’eux-mêmes sont en souffrance. Et il me semble logique qu’ils le soient. Les joueurs sont des compétiteurs, ils veulent donc triompher, et pas sortir par une petite porte de la scène européenne en mars. Non, ils ne s’en foutent pas. Et subir la haine de ses fans, c’est la double peine.

L’élimination comme ça, par ces Red Devils là, c’est terrible. Personne ne dira le contraire ici. Mais, mon sentiment, c’est que le PSG a une faille : Tout peut arriver, et le pire, s’il n’est pas certain, n’est jamais loin. Autrement dit, dès qu’un élément (une passe en aveugle de Kehrer pour le 0-1) ou deux éléments (ballon mal géré par Buffon) tendent à laisser penser que le scénario du pire peut se reproduire, les joueurs comme les supporters se disent qu’il peut s’écrire, parce que c’est le PSG ! Et il s’écrit ! Comme par magie… noire. Vous pourrez toujours recruter des 6, si avec des Gigi Buffon ou des Dani Alves, monstres d’expérience, vous sombrez… et bien, bon courage ! Et puis je ne vois pas quelle mesure peut empêcher un ballon de ricocher sur le bras d’un défenseur de dos, quarante centimètres dans sa surface, à la dernière minute, d’un match. Parce que la bascule, c’est juste ça. Et on pourra toujours mettre des « si » avant, c’est ce qu’il s’est passé au final. Je ne dis pas qu’il ne faut rien tenter de changer. Mais je ne crois pas au coup de baguette magique. Et ce n’est pas parce qu’on fera la gueule au club, aux joueurs, que l’on revivra pas un hara-kiri footballistique. Enfin sur la communication du club, il y a un PSG-OM. Et je me dis qu’il vaut mieux connaitre le résultat du match avant de communiquer. Et que de toute manière le discours devra annoncer un renouveau plutôt que de simplement apaiser quand personne n’a encore digéré…

Maintenant, place au billet de Loïc.

« Honnêtement, si nos supporters ne nous encouragent pas, ce n’est pas mérité. Ils sont tristes et déçus, je le comprends mais nous sommes encore plus tristes. » Petite phrase, sortie de son contexte, ça ne veut rien dire ! Voilà ma première réaction, incrédule, lorsque je vois l’article en une de Canal-Supporters hier. Je clique sur l’article. Okay, même dans le contexte c’est horrible, même en vidéo c’est atroce. Dix jours que le PSG se trompe dans sa communication, dix jours que tout ce que fait le club est fait à l’envers, dix jours qu’on prend les supporters pour des abrutis voire même pour des pigeons.

Alors avant de laisser aller mon argumentaire, regardons précisément ce qu’est le mérite. Bon je vous l’accorde, nous sommes sur un forum de football, pas en cours de philosophie et une simple définition sera donc suffisante. Alors : le mérite est « ce qui rend quelque chose ou quelqu’un digne destime ». Soit ! Et l’estime du coup ? L’estime c’est «l’appréciation positive à l’égard d’une personne ou d’une chose qui mérite l’admiration, un certain respect d’ordre intellectuel ou moral ». Au vu du match contre Manchester United et des dernières campagnes européennes, difficiles donc d’admirer ou de respecter moralement les joueurs même si on les supporte à l’année.

Parallèlement à ça, j’ai beaucoup entendu dire dernièrement que les supporters du PSG ou le club en tant qu’entité existante depuis bientôt 50 ans ne « méritait pas ces joueurs ». Dans un premier temps, je pense qu’il faut absolument arrêter avec cette idée de mérite. Que cela vienne des supporters, de l’entraîneur ou même des joueurs. Tout d’abord en ce qui concerne les supporters. Je pense que malgré ce qu’a pu dans un premier temps annoncer Presnel Kimpembe, les joueurs n’ont pas joué avec de la suffisance ou de l’arrogance. Si c’est le cas, c’est clairement une faute professionnelle dans ce cas, deux ans après la débâcle du 8 mars que beaucoup d’entre eux ont connu. Non, le problème n’est pas de la suffisance, c’est un problème mental ou de manque de mental plutôt. Du coup, je ne dirai pas que les joueurs ne nous méritent pas (comprenez, ne méritent pas nos encouragements, nos cris, nos pleurs, nos joies, notre passion). Plutôt qu’ils ne sont pas à la hauteur de ce que l’on attend d’eux. Ils ont beau avoir tout donné sur le terrain – ce qui nous empêche de leur enlever le mérite – le football n’étant pas uniquement physique et technique, ils ont perdu sur des déficiences mentales.

Dans un deuxième temps, et c’est là le véritable problème plutôt que ce qui s’apparente pour l’instant à être un simple problème de vocabulaire, il me semble que Thomas Tuchel est complètement à côté de la plaque. En fait, tout le club, à l’exception peut-être de la très digne réaction de celui qui devrait enfiler le brassard : Marquinhos. Parce que derrière ce que dit Tuchel il y a quelque chose de très grave mais qui avait déjà pu être ressenti lors de dernières sorties de Nasser. Le supporter n’a pas le droit de se plaindre, de siffler, d’être mécontent. « Paye et tais-toi ». « Achète un maillot et regarde sans broncher ». « Siffler nos joueurs c’est cracher sur nos couleurs ». Non justement parce que nos joueurs ne font que porter temporairement nos couleurs, parce que les joueurs passent, les entraîneurs et les présidents aussi mais que ce qui fait l’essence du football ce sont les supporters qui eux restent. Attachés au club, à son histoire, son ADN, ses valeurs et ses symboles. Il ont donc le droit de vivre leur passion et de faire leur deuil ou partager leur peine ou colère comme ils le veulent.

Au-delà de ça, notons que ce dernier épisode en date n’est jamais que le énième accroc d’une communication désastreuse depuis la remontada anglaise. Le président ne monte plus au créneau et est en silence radio depuis mercredi soir dernier. Les joueurs sont en première ligne, maladroits pour certains (Kimpembe ou Mbappé), complètement je m’en foutiste pour d’autres (Rabiot, c’est pour toi) et absents pour les dits leaders (Cavani, Neymar). Les anciens parlent et commentent les maux à tout va. Les médias se régalent. Plus personne ne dirige la barque et c’est un peu la crise. Mais pas grave c’était « un accident ». Comme c’était un « accident » contre City sous Blanc, un « accident » que ce but de Demba Ba à la 88è, un accident que cette remontada, un accident donc cette défaite contre une équipe de Manchester à laquelle il manquait 10 joueurs importants. Quand une voiture a autant d’accidents en aussi peu de temps, on la remplace. Pas le PSG. On ne se remet pas en cause, le président n’est pas remis en question, l’équipe est en fin de cycle depuis trois ans, Maxwell et Motta ne sont toujours pas remplacés, personne ne sait qui est le gardien numéro 1, le directeur sportif et l’entraîneur ne s’entendent pas, tout est fait de travers…. Le changement, c’est pas maintenant !

Ce papier vous semblera un peu alarmiste mais il serait temps que les choses bougent dans ce club et que l’on laisse les supporters (qui sont les seuls au niveau) tranquilles à vivre leur passion comme ils le veulent. Pour les joueurs, contentez vous de gagner ce soir, ça ne guérira pas les plaies mais ça mettra du baume au cœur. Alors rendez-vous tout à l’heure et allez Paris !

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