U19, Tuchel, Ancelotti, Ibra… Zoumana Camara se remémore ses meilleurs souvenirs au PSG

Libre depuis la fin de son contrat avec les U19 du PSG cet été, Zoumana Camara est revenu sur ses meilleurs moments chez les Rouge & Bleu.

Après 17 ans au PSG comme joueur, adjoint puis entraîneur, Zoumana Camara a décidé de quitter les Rouge & Bleu cet été. Après un succès avec les U19 du PSG, le coach de 45 ans est désormais à la recherche d’un nouveau projet comme entraîneur dans le monde professionnel. Dans un entretien accordé au quotidien Le Parisien, l’ex-international français (1 sélection) est revenu sur les moments marquants de son long passage dans la capitale française. Extraits choisis.

Ce que représente de quitter le PSG après 17 ans au club ?

« J’étais sûr de moi et je partais de manière sereine. J’ai eu la chance d’évoluer au PSG comme joueur et ensuite, grâce au club et au président, de pouvoir être adjoint pendant six ans, puis d’entraîner les U 19 qui est l’équipe numéro deux. Je finis ce cycle parce que j’ambitionne autre chose. Ce n’est pas un arrêt brutal car tout s’est fait de manière très sereine. L’émotion ? Je l’ai plus ressentie à travers ce que les gens du club m’ont montré. Forcément, ça remue les tripes. J’ai eu la chance d’avoir de la stabilité pendant 17 ans, ce n’est pas commun. Après tout ce temps, je suis préparé à quitter la région parisienne. »

La progression de Warren Zaïre-Emery, l’une de ses réussites ?

« C’est la mienne comme celle des autres éducateurs qui l’ont eu en U13, U14 ou avant. De manière imagée, j’aime bien comparer ce processus à celui d’une chaîne de construction. Dans cette chaîne, je suis arrivé à un moment où il est en avance de par son talent et donc il arrive déjà dans les derniers réglages avant d’aller plus haut. Je l’ai fait jouer en Youth League, il avait 15 ans. Tout s’est fait de manière très linéaire pour lui. »

Sa relation avec Luis Enrique

« Il y avait un échange qui était régulier et fluide (entre les staffs des deux équipes). Il prenait des renseignements sur les joueurs et sur la manière dont ça se passait pour eux en séance. Il a toujours été à l’écoute et on a toujours eu les joueurs quand on en a eu besoin pour certaines rencontres ou pour la Youth League. Il est aussi venu voir des matchs et c’est important. Lui trouve ça normal d’ailleurs et nous a félicités pour notre travail mais pour nos jeunes joueurs, sa présence est une stimulation supplémentaire. Il a parfois fallu les canaliser (rires). »

Ses souvenirs du Final 8 à l’été 2020

« C’était un moment ex-cep-tio-nnel ! On l’a vécu comme un Euro ou une Coupe du monde. C’était une compétition fermée, on restait sur place mais avec le risque de devoir faire nos bagages à tout moment en cas de défaite. Je me souviens qu’avant chaque match on rangeait à moitié nos affaires en espérant pouvoir les défaire en rentrant à l’hôtel à minuit avec la qualification en poche. C’était une aventure énorme sur le plan humain, émotionnel… J’ai le souvenir de nos retours après les matchs lorsque les joueurs descendaient du bus avec les enceintes portatives et dansaient devant le public qui nous attendait devant l’hôtel et était aussi heureux que nous. C’est une aventure qui restera à jamais gravée dans ma mémoire. »

Comment définit-il les coaches Carlo Ancelotti, Unaï Emery et Laurent Blanc ?

« Carlo est bien évidemment un grand tacticien mais il faut aussi mettre en avant son côté humain. Je me souviendrai toujours de ce match où il doit faire un turn-over. Je pensais jouer mais au final, il met Alex et Thiago Silva ou Mamadou Sakho. Le lendemain, il arrive dans le vestiaire, vient vers moi, me met la main sur la joue et me dit : ‘T’es fâché ?’ Moi, surpris et gêné, je lui dis ‘non, je suis un peu déçu mais pas fâché.’ Et là, il me regarde droit dans les yeux et me dit : ‘Papus, j’y ai pensé toute la nuit, je me suis trompé, tu aurais dû jouer !’ Le match était fini, on avait gagné, il pouvait passer à autre chose, mais non, il vient pour me dire que mon cas l’a tracassé toute la nuit. Quand un coach de cette envergure te parle comme ça, te considère avec autant de respect et de bienveillance, tu lui donnes tout. C’était sa force. »

« Unaï Emery, c’est notamment la manière dont il travaillait, dont il séquençait tout en vidéo qui était impressionnante. Il passait des heures et des heures à tout analyser. Il était minutieux, c’était un énorme travailleur, une machine en termes d’analyse de l’adversaire. Avec Laurent (Blanc) ça a été particulier puisque je suis passé de joueur à membre du staff. Ce n’était pas si facile, mais il m’a mis dans de très bonnes conditions. »

Son lien très fort avec Thomas Tuchel

« Thomas, pour moi, est un mélange des trois autres. Notre entente est aussi liée à ma maturité. Avec lui, ça a ‘matché’ d’entrée. Lors du premier rendez-vous, dans le bureau de Maxwell, on lui dit que le club veut me conserver et que je vais travailler avec lui. Il ne me connaissait pas mais on s’est rencontré, on s’est parlé et à la fin de l’entretien, il m’a pris dans ses bras et il m’a dit : ‘j’ai un bon feeling avec toi. Je ne te connais pas, mais je t’aime bien !’ Et c’est vrai que j’ai été épanoui durant toute cette période, notamment car il a une philosophie et des préceptes de jeu dans lesquels je me reconnais. »

Un joueur l’a-t-il plus marqué qu’un autre durant ses 17 ans au club ?

« Zlatan (Ibrahimovic) et Thiago Silva pour leur exigence, leur professionnalisme, cette envie de se surpasser sans cesse et la façon dont ils ont diffusé cette mentalité à tous les niveaux. Mathieu Bodmer avait raconté qu’il avait été surpris, lorsqu’il nous a rejoints en stage aux États-Unis, d’entendre Zlatan dire qu’il ne portait pas son sac. Mais quand Zlatan dit ça, ce n’est pas l’arrogance d’un joueur qui souhaite qu’on lui porte ses affaires, c’est qu’il estime que si le PSG veut devenir un grand club au niveau de la structure et de l’organisation, les joueurs ne doivent pas avoir à gérer leur paquetage (…) C’est juste une question d’organisation et de professionnalisme. Zlatan, lui, avait déjà cette vision des choses. C’est un exemple parmi tant d’autres… Souvent, quand Zlatan faisait une remarque, ça faisait bouger les choses. Mais il le faisait dans un souci de progrès, d’évolution de l’équipe, pas pour son bien-être personnel. Pareil pour Thiago qui était hyper pointilleux. Ce n’est pas un hasard s’il joue encore à ce niveau-là aujourd’hui, il vit pour son métier. »

Ses meilleurs souvenirs au PSG

« Il y en a deux. Mon dernier match au Parc contre Reims restera quand même quelque chose. Cette fête, cette haie d’honneur du staff et des joueurs devant le tapis rouge en sortant du bus, la façon dont s’est déroulée la soirée avec Thiago qui me demande de soulever le trophée… ce sont des moments inoubliables. Et puis il y a ce titre remporté avec les jeunes en juin. OK, l’équipe première, c’est la pointe de la pyramide, la vitrine. Mais travailler avec les jeunes, c’est tellement prenant… Si vous aviez vu la joie de tous les gens qui travaillent au club, les larmes des intendants quand on a été sacrés champions… Là, on réalise ce que ça représente. C’est un moment qui m’a saisi, moi aussi. »

Son avenir

« Il y a eu divers entretiens avec des clubs : Guingamp, Metz, le Red Star aussi. J’ai présenté certaines choses, on m’en a présentées d’autres mais cela ne s’est pas fait pour différentes raisons. Ce que je recherche c’est un projet où je vais pouvoir mettre en place et montrer mon travail (…) Cherche-t-il un projet en Ligue 1 ? Je suis ouvert à tous les projets pour entraîner une équipe pro. Je ne peux pas me permettre et je n’ai pas la prétention de dire ‘non je ne voudrais qu’un club de Ligue 1 et la Ligue 2 je ne veux pas en entendre parler.’ L’important c’est d’arriver dans un endroit où l’on veut de moi pour mettre en place mes idées, mon travail. »

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page