Entretien exclusif avec Bérangère Sapowicz
Joint par Canal-Supporters dans son hôtel de Düsseldorf, la gardienne de but du Paris Saint-Germain et de l’équipe de France Bérangère Sapowicz revient sur le fantastique parcours des Bleues en Coupe du Monde. L’Angleterre, sa suspension, les USA, les médias : interview vérité sans langue de bois…
Apres votre qualification aux
tirs au but contre l’Angleterre, on peut s’imaginer que la nuit fût
courte ? Et bien au risque de
vous surprendre, non. On s’est couchée vers une heure du matin
après avoir regardé la fin du match entre le Japon et l’Allemagne.
Bruno (le sélectionneur) nous a ensuite envoyé au lit. Aucun excès
donc, même pas un petit verre pour fêter la qualification
(rires).
Comment vont les
organismes ? Sont-ils bien reposés ?
Nous avons beaucoup de chance car le groupe ne connait aucune
grosse blessure, seulement quelques bobos superficiels comme des
coups suite à des béquilles ou des légères contusions. Avec nos 2
kinés, un peu de vélo et quelques séances de spa, on retrouve vite
la forme. D’un point de vue plus personnel, j’ai toujours le genou
un peu fragile. J’adapte donc mes entraînements mais je me sens fin
prête.
Suite à votre expulsion
contre l’Allemagne, vous avez suivi le match contre l’Angleterre
depuis les tribunes, comment vit-on cette situation
?
C’était vraiment très dur effectivement, très lent, très stressant.
Je n’ai pas arrêté de hurler, de les encourager même si je ne suis
pas sur qu’elles m’aient entendu (rires). J’étais vraiment
à fond derrière elles. Avant le match, les deux autres gardiennes
sont venues me voir pour me réconforter, c’était vraiment sympa de
leur part. Quand tu es bloquée en tribunes, tu as l’impression
d’être en prison. Même après la qualification, je n’ai pas eu
l’autorisation de rejoindre mes co-équipières sur la pelouse pour
faire la fête avec nos supporters. C’était vraiment pénible mais
heureusement à la fin ils m’ont laissé accéder au vestiaire.
Lors du prochain match
contre les USA, vous allez affronter la meilleure équipe du monde
au classement. Est-ce motivant ou inquiétant ?
C’est motivant comme jamais car ça reste une demi-finale de Coupe
du Monde. L’enjeu de cette rencontre c’est quand même une place en
finale. On dit les USA sur la phase descendante car elles ont eu du
mal à se qualifier pour cette compétition mais c’est une équipe de
grande expérience qui monte en puissance.
Quelles seront les clés du
match selon vous ?
Il faudra jouer notre jeu, c’est-à-dire au sol et en mouvement car
nous savons que dans les airs elles nous seront un peu supérieures
vu leurs gabarits. Tactiquement, les Américaines sont au point,
elles jouent depuis de nombreuses années dans le même schéma
tactique. Ce ne sont pas des novices. En tant que gardienne, je
vais dire également de faire bien attention à Abby Wambach, leur
attaquante de pointe qui pèse beaucoup sur les défenses et qui
n’est pas maladroite devant les buts.
En France, la mayonnaise
est en train de prendre avec plus d’un million de téléspectateurs
contre l’Angleterre sur Direct8 et 2.5 millions lors de la séance
des tirs au but. Il se dit même que TF1 pourrait diffuser la finale
si vous vous qualifiez…
On n’en a plus ou moins entendu parler mais nous sommes un peu
coupées du monde dans notre hôtel. Quelques joueuses arrivent
malgré tout à se connecter sur facebook pour se tenir au minimum au
courant (rires). Heureusement nos deux attachés de presse
Matthieu et Bruno contrôlent bien cette vague médiatique et on ne
se sent pas harcelée. Ils ont même affiché les deux Unes du journal
L’Equipe dans l’hôtel. Ca fait vraiment plaisir de se savoir ainsi
soutenues. Quant à la finale sur TF1, on n’en est pas encore là, il
y a d’abord la demi-finale à gagner mais ça peut être à double
tranchant pour le football féminin en cas de défaite…
Qualification pour la
prochaine Ligue des champions avec le PSG, demi-finale de Coupe du
Monde et qualification pour les prochaines Jeux Olympiques avec
l’équipe de France : c’est vraiment une saison parfaite pour les
parisiennes ?
Effectivement c’est une saison incroyable pour Elise (Bussaglia),
les deux Laure (Boulleau et Lepailleur), Caroline (Pizzala) et moi.
Après la compétition, on va se prendre 15 jours/3 semaines de
vacances pour recharger les batteries car il ne faut pas oublier
que certaines d’entre nous ont aussi un travail à côté. Moi par
exemple, je sais que je vais prendre un congé réduit. Je dois
m’occuper de trouver des partenaires majeurs pour l’équipe féminine
du Paris Saint-Germain en Ligue des Champions. Aujourd’hui, nous
n’avons pas encore reçu les garanties financières de nos dirigeants
alors je profite de cette interview pour passer un petit message
aux éventuels interessés…