[Edito] Aimer Javier Pastore, c’est se faire du mal

S’il n’est pas officiellement blessé, Pastore est de nouveau « préservé par précaution » par Unai Emery pour le prochain match contre Dijon, alors qu’il venait tout juste de signer son retour de blessure. Une situation compliquée pour les amoureux déchirés du phénomène argentin.

20 minutes de plaisir, trois mois de galère. Non, on ne parle pas des semaines de régime qu’on devra supporter pour avoir ingurgité un burger beaucoup trop gras. On ne parle pas non plus de la MST que vous avez chopé il y a quelques années (épargnez-nous vos anecdotes). Non, on parle juste de Javier Pastore.

Parce que Javier (appelons-le par son prénom, on le connaît si bien), on l’adore autant qu’on le déteste. Il y a eu un temps où l’on débattait tous sur son potentiel : est-il vraiment si fort ? Oui mais pourquoi ne travaille-t-il pas plus ses statistiques ? Oui mais pourquoi a-t-il l’air si nonchalant ? Et oui, on a fini par comprendre. Et lui, par mettre tout le monde d’accord. Pastore n’aime pas les buts, il aime les passes. Il n’aime pas les projecteurs après une célébration, il préfère le petit sourire après un geste savoureux. Il n’aime pas être un parmi tant d’autres, puisqu’il survole humblement les terrains qu’il foule. Parce que Javier, il ne se contente pas de jouer, il file des frissons quand il a le bonheur de caresser un ballon du bout des crampons.

Mais le problème, c’est qu’on s’habitue un peu trop facilement, et qu’on ne devrait pas. L’artiste montre rarement ses œuvres, au risque qu’on y trouve plus la même saveur. L’artiste garde ses secrets pour lui, et débarque de temps en temps pour dire « vous pensiez que vous alliez vous passer de moi ? Regardez un peu ce que je sais faire, et n’osez même plus y penser. »

Bref, il fait tout pour qu’on ne soit jamais sevré, et revient à chaque fois tout juste à temps pour nous filer une petite dose de son talent. Juste assez pour qu’on en redemande, alors qu’on devrait apprendre à patienter sagement.

Parce que le vrai problème de Pastore, ce n’est désormais plus son potentiel. Il est désormais acquis que Javier a du talent, et sait parfaitement s’en servir. Il est désormais acquis qu’il n’est pas un joueur surcoté parmi tant d’autres. Non, il est au-dessus de ça, et chaque fois qu’il revient, il ne manque pas l’occasion de faire le spectacle, même si seulement deux minutes lui sont offertes pour étaler son talent sur la pelouse. Non, le vrai problème, c’est quand il part. C’est de jouer aux montagnes russes avec nos émotions.

Parce que délivrer des passes décisives c’est bien, être techniquement au-dessus, c’est super. Mais jouer 90 minutes, c’est mieux. Et en allant se réfugier chaque mois entre les murs de l’infirmerie, il nous fait du mal, Javier. Parce qu’on veut qu’il fasse les gros titres, qu’il nous offre les buts à la 90ème et des petits ponts en cascade. Pas qu’il soit juste sur la liste des joueurs encore indisponibles ou « préservés par précaution » pour le prochain match du PSG.

Même si nous, supporters parisiens, on en a déjà vu de toutes les couleurs sous nos écharpes rouge et bleu, on commence à fatiguer de cet ascenseur émotionnel permanent. On commence à se lasser d’attendre la prochaine mauvaise nouvelle sur celui qu’on voudrait juste voir s’éclater. On voudrait lui redonner ce plaisir simple de jouer sans être effrayé. Et surtout, lui rendre ces quelques minutes qui nous font rêver.

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