Hiérarchie, expérience, mental : le PSG doit-il vraiment creuser la piste Pepe ?

Cela fait déjà plusieurs jours que la rumeur évoquant une potentielle arrivée de Pepe prend de l’ampleur du côté de la capitale.

Il y a les pros, et il y a les antis. Forcément, de par son style, son attitude, et même son âge, Pepe est un joueur qui divise dans le petit monde du football.

Si l’on se concentre uniquement sur le joueur, force est de constater que Pepe n’est pas un joueur de moindre calibre. Ultra expérimenté dans les plus grandes compétitions de la planète, technique, combatif, le Brésilo-Portugais a un caractère bien trempé, une dose de tempérament qui manque parfois cruellement à ce PSG.

Une mentalité qui ne lui a pas toujours attiré que des amis sur les terrains de football, car il faut le dire : Pepe est un sanguin, qui n’aime pas qu’on marche sur les pieds, mais ne se gène pas pour essuyer ses crampons. Un homme que l’on adore détester, en soi, sauf quand on l’a dans ses rangs. En revanche, le défenseur du Real Madrid a l’avantage de combiner tout ce que le PSG recherche : le talent, l’expérience, mais aussi et surtout une grinta qui a souvent fait défaut dans les grands rendez-vous parisiens cette saison. Un solide défenseur capable de maintenir les actuels titulaires sous pression en les délogeant au besoin, et d’apporter ce surplus de mental et de vice qui manque parfois au reste de l’équipe. Un guerrier, en soi, encore très talentueux du haut de ses 34 ans… À ceux qui pensent que Pepe est « cramé », il suffit de se souvenir de son Euro 2016 complètement lunaire, et son statut de « meilleur joueur de la finale » pour comprendre que parfois l’expérience a aussi ses bon côtés.


Et puis, la jurisprudence Daniel Alves, que beaucoup jugeaient déjà dépassé, a de quoi laisser quelques remords, quand on voit comment le Brésilien s’éclate désormais du côté de la Juventus, qui l’a convaincu pour zéro euro.

Peut-on vraiment, encore une fois, passer à côté de Pepe qui arriverait libre et donc gratuitement – si on met de côté une prime à la signature et son salaire bien sûr – dans la capitale ? C’est un plan presque trop parfait pour qu’on s’autorise à y croire.

Car du côté du PSG, la voix est libre. Si certains s’offusquent du temps de jeu dont bénéficierait Presnel Kimpembe, il suffit de prendre en considération deux choses. La première, c’est qu’aucune grande équipe ne peut se contenter de trois défenseurs centraux, sans être à l’abri du moindre pépin. La seconde, c’est que Pepe a l’habitude de partager son temps de jeu avec un jeune Madrilène (Varane, vous l’aurez compris), et que c’est aussi ça le quotidien des grandes écuries. Savoir manier l’expérience des uns, booster et favoriser l’éclosion des autres, pour hausser le niveau de jeu de tous.

Un vide à combler dans le groupe parisien

Cet été, cela fera un an. Un an que David Luiz a subitement quitté le Paris Saint-Germain, laissant visiblement pantois des dirigeants qui ont accepté de le céder contre un gros chèque (40 millions d’euros), sans pouvoir anticiper un éventuel remplacement. Un an qu’Unai Emery, tout juste arrivé, jongle avec deux défenseurs centraux et une seule doublure. Car jamais le PSG, ni cet été, ni cet hiver, n’a comblé le vide laissé numériquement par le départ du Brésilien vers Chelsea. Bien heureusement, l’éclosion vitesse grand V de Presnel Kimpembe a sauvé les meubles, remplaçant tour à tour Thiago Silva ou Marquinhos et évoluant dans les plus gros matches de la saison. Un gain de temps inespéré dans sa progression, qui est pourtant synonyme de mauvaise gestion du côté du PSG, où le coach a parfois dû rafistoler avec les moyens du bord.

Si le PSG se penche sur le cas Pepe, pour Kimpembe, il ne faudrait pas voir la venue d’un taulier comme une déconvenue qui le freine dans sa progression, mais plutôt comme un nouveau moyen de le challenger. Se passer de concurrence pour ne pas froisser les égos est souvent contre-productif, et les arrivés de Meunier pour concurrencer Aurier, ou de Draxler pour secouer Di Maria l’ont d’ailleurs prouvé (avec deux résultats opposés, mais gagnants). Et puis, quitte à recruter un quatrième défenseur central, le PSG n’a t-il pas davantage intérêt à opter pour un briscard qui ne rechignera pas sur le temps de jeu, plutôt que sur un jeune qui pourrait potentiellement handicaper le titi parisien ?

SI le PSG veut se donner les moyens de ses ambitions, alors Unai Emery doit être en mesure de combiner avec 4 défenseurs centraux de référence et de niveau quasi-égaux quand il s’agit de préparer la feuille de match.

Alors cette fois, le PSG peut-il vraiment renoncer à un tel joueur ? D’autant que si le club francilien veut enfin approcher son rêve européen, il va aussi falloir qu’il s’entoure de joueurs qui ont déjà une solide habitude de disputer les plus grandes finales, sans avoir les jambes qui tremblent ni le moindre doute (la petite rivalité qui anime Pepe contre le Barça ne devrait, par ailleurs, avoir rien pour déplaire au revanchard public parisien). En témoigne son double triple sacre européen (C1, Euro, C1), sans évoquer son parcours en Liga qui lui a aussi valu le titre de champion d’Espagne.

Car c’est aussi une donnée qui reviendra inévitablement. A l’heure où Thiago Silva est parfois remis en question dans son statut de cadre et de capitaine, Pepe pourrait endosser un nouveau rôle dans le groupe parisien, s’il était amené à venir. Et bouleverser l’équilibre fragile du vestiaire, à tort ou à raison.

D’ailleurs, pour les deux défenseurs brésilien du PSG, le problème serait tout autre que pour Kimpembe. Comment justifier auprès des deux titulaires la venue d’un compatriote, qui ne se contentera surement pas de jouer les hommes de l’ombre dans un rôle de 4e défenseur ?

En tout cas, dans l’hypothèse où il serait recruté, le PSG serait très vigilant sur sa forme physique, la saison écoulée du côté des Merengue n’ayant pas toujours envoyé de bons signaux à ce sujet…

La question est de savoir si Paris a envie de se lancer dans une nouvelle réflexion sur sa hiérarchie en défense et si le Portugais nourrit lui aussi, la motivation pour se lancer un ultime challenge à Paris, comme un certain Ibra a pu le faire à Manchester United… Comme lui, Pepe est encore un monstre sur le terrain et dans sa tête. Mais il a ses défauts, son tempérament, son âge et son exigence due à son statut. Pour Antero Henrique, en tout cas, l’occasion semble toute trouvée pour clore le dossier de la défense sans dépenser des sommes astronomiques.

 

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