Jean-Pierre Adams, le roc endormi depuis 36 ans

Jean-Pierre Adams a eu 70 ans la semaine dernière. Un anniversaire qui n’en fût pas réellement un. Depuis le 17 mars 1982, l’ancien joueur du PSG est dans un état végétatif. Le terrible résultat d’une banale opération chirurgicale à un genou, d’une succession d’erreurs et de négligences.

Peu connaissent l’histoire de Jean-Pierre Adams. Et pourtant, elle mérite d’être contée. Jean-Pierre Adams est un ancien international français, surnommé le roc noir, né le 10 mars 1948 à Dakar. A l’âge de 8 ans il rejoint la France en suivant sa grand-mère à Montargis, partie faire un pèlerinage. Sa grand-mère rentrée à Dakar, le petit Jean-Pierre, resté sur place, est adopté par une famille française où il grandira avec leur amour mais aussi avec la passion du ballon rond qu’il traîne jusque dans la cour de son école catholique.
Début 1970, après avoir été champion de France Amateur en 1968 et 1969, il devient un défenseur indéboulonnable au sein de la défense nîmoise. En 1972, il forme en Equipe de France la garde noire en compagnie de Marius Trésor. Arrivé au PSG en 1977, il porte le maillot Rouge et Bleu durant deux saisons avec lequel il inscrira deux buts en 42 matches. Henri Michel déclarait de lui qu’il était « une force de la nature, très fort physiquement. Il avait beaucoup de détermination et de la volonté. »
AdamsMais, en 1982, le malheur frappa de plein fouet le rugueux défenseur. Opéré au genou, l’anesthésiste commet le 17 mars une erreur qui va plonger l’international dans un profond coma dont il n’est toujours pas sorti. Juste avant de passer au bloc, il appela sa femme et lui dit ceci, sans savoir que ce serait ses derniers mots: « Tout va bien je suis en pleine forme. Je me fais opéré à 11h, viens me voir dans 8 jours avec une paire de béquilles ! » Seulement voilà, deux anesthésistes auraient dû être présents ce jour-là, mais ce ne fut pas le cas puisqu’un seul était dans la salle d’opération, et un stagiaire de surcroît. Il se trompa dans les doses à administrer au joueur ce jour-là, et la vie de Jean-Pierre Adams sombra dans le noir. Tout cela à cause d’une banale rupture du tendon. Depuis, sa femme Bernadette est à ses côtés. « J’essaie de ne pas penser à l’accident tous les jours, mais je n’ai pas le choix. Chaque fois que je le regarde, il est présent dans ma tête. Imaginez si je meurs avant lui, qu’adviendra-t-il ? Il va mourir sans être soigné. Il a besoin de moi pour être capable de manger, pour satisfaire ses besoins primaires. Si je ne le fais pas, qui le fera ? »
Le couple vit toujours du côté de Nîmes où le joueur reste allongé dans le lit, sans tuyau ni machine. « Il remue la bouche, il entend mais malheureusement, c’est tout ce qu’il fera. Il ressent tout ce qu’on lui fait. Il n’a pas de ride et presque pas de cheveux blancs. Il vieillit moins vite que moi. J’ai l’impression que le temps s’est arrêté le jour de l‘accident. »

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