Labrune : « Si je n’étais pas inquiet pour les finances de nos clubs, je serais irresponsable »

Vincent Labrune (49 ans), le nouveau président de la Ligue de football professionnel (LFP), connait un sacré baptême du feu avec l’affaire Mediapro. Le diffuseur (via la chaîne Téléfoot) n’a pas payé la deuxième traite (de 172M€) le 5 octobre et veut renégocier les droits télé pour la L1 et la L2. Un coup de tonnerre au cœur d’une crise sanitaire et économique qui pourrait être fatal à des clubs.

« Je suis surpris sur la forme et inquiet sur le fond », réagit Vincent Labrune dans L’Equipe du jour. « Sur le fond, cela pose question sur le projet global de Mediapro en France et sur les capacités de ce groupe à faire face à ses obligations contractuelles et financières vis-à-vis de la LFP et du football français. Car ne nous trompons pas : il n’est pas audible de s’entendre dire que ces traites devaient être payées par les abonnements. Même un nombre d’abonnés record fin septembre n’aurait en aucun cas permis de payer le quart de la facture… Ceci étant dit, Mediapro est détenu à 53 % par un actionnaire chinois solide, qui doit théoriquement pouvoir faire face à ses obligations de paiement… Les actionnaires ne pouvaient pas ignorer les besoins de financement du plan d’activité de Mediapro. […] Si je n’étais pas inquiet pour les finances de nos clubs, je serais irresponsable. […] Nous travaillons d’arrache-pied, avec les équipes de la LFP, pour être en situation de payer les montants budgétés par nos clubs à la date prévue. Ils peuvent compter sur nous. […] Je veux remercier publiquement les pouvoirs publics qui ont fait un effort colossal pour le foot pro avec le PGE. Cela a sauvé l’économie de nos clubs sur la saison 2019-20. Mais le plus dur, c’est 2020-21. Que faut-il faire pour sortir du trou ? Nos droits UEFA sont très faibles. La France est 5e à l’indice UEFA et accuse un énorme retard sur les autres pays du top 5. Entre 2016 et 2020, c’est moins 100M€ par rapport à l’Allemagne, moins 200M€ sur l’Italie, moins 430M€ sur l’Espagne et moins 920M€ sur l’Angleterre… C’est un point majeur. Il est urgent de mettre en place des réformes statutaires pour améliorer la compétitivité de nos clubs dans les compétitions continentales. Une société commerciale pourrait faire venir un investisseur à ses côtés. Et vis-à-vis de l’UEFA et de l’ECA, il faut se battre pour réparer ces injustices et bénéficier d’un fauteuil supplémentaire. Je compte m’appuyer sur Noël Le Graët, Jean-Michel Aulas et Nasser al-Khelaïfi, qui ont des positions fortes dans les instances européennes. »

Dans cet entretien, l’ancien président délégué de l’OM explique sa motivation première pour le football français professionnel : « J’ai décidé de me lancer parce que j’ai acquis la conviction que l’unification rapide était possible, ce à quoi je me suis attelé depuis un mois », déclare Labrune. « Huit présidents de L1 sur neuf du conseil d’administration ont voté pour moi. Et le neuvième, Nasser al-Khelaïfi, est un ami et pas un ennemi. […] Aujourd’hui, on doit parler d’une seule et même voix. »

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