L’analyse tactique de Jonathan Beilin

Scout, recruteur, analyste tactique, Jonathan Beilin est l’invité spécial de Canal Supporters. Il nous livre son analyse sur le PSG/Chelsea.

Le Paris Saint-Germain s’est imposé 2-1 lors de ce match aller, à domicile. Laissons de coté l’affaire Aurier, le débat Cavani-Lucas, le Qatar et ses millards, le supposé faible de niveau de la Ligue 1, l’ambiance « disparue » du Parc des Princes et parlons football. Décryptons tactiquement ce nouvel épisode du nouveau classique parisien en Ligue des Champions.

On le sait l’objectif numéro un du club est la Ligue des Champions. Les joueurs du Paris Saint Germain sont entrés mardi soir dans une configuration que l’on commence à connaître depuis maintenant une dizaine d’année. L’affrontement entre un 4-3-3 basé sur la possession de balle, configuré pour travailler sur des attaques placées avec un bloc-équipe haut sur le terrain face à un 4-2-3-1 à positionnement bas qui cherche à exploser le plus rapidement vers l’avant en ressortant par les cotés puis la profondeur. C’est sans rappeler les nombreuses confrontations entre le Barca de Messi, l’Inter de Mourinho ou face à ce même Chelsea.

« Introduction »

Le PSG est entré fort dans ce match. L’équipe de Laurent Blanc a su comme toujours imposer son jeu d’entrée en articulant le milieu à trois vers les cotés ce qui à permis à Matuidi et à Verratti de créer des espaces en faisant dézoner le bloc défensif de Chelsea. A plusieurs reprises, les deux latéraux ont été lancés après un jeu court à trois attirant dans l’axe du terrain l’équipe anglaise. L’activité du milieu parisien a donné le ton dans ce premier tiers tactique du match. En face, l’équipe de Chelsea a eu beaucoup de mal à ressortir le ballon, presque étouffée par l’activité parisienne. Une domination malheureusement stérile. Il y eut trop de déchet technique dans la dernière passe ou dans la, si importante, avant dernière passe. Le milieu était fort mais les deux joueurs responsables théoriquement de faire cette différence que sont Di Maria et Lucas dans ce dispositif n’ont pas été suffisamment efficients.

« Développement »

Ce premier long temps fort s’est ensuite essoufflé physiquement. C’est à ce moment précis que les problèmes tactiques ont commencé à apparaitre. Dans un meilleur jour et ou contre un autre style d’équipe, le PSG aurait dû ouvrir la marque mais un joueur s’est mis à jouer plus juste, plus rapidement. Fabregas a su hausser son volume de jeu pour ressortir le ballon en deux touches maximum. Le match s’est alors instantanément tendu coté parisien. L’absence des deux joueurs de couloir parisien au cours de la première partie du match a alors déséquilibré le collectif parisien. Je m’explique. Lorsque vous jouez comme le PSG, le Barca ou bien encore le Bayern, le « tiki taka » impose une activité collective très organisée et, dans le bon sens du terme, très agressive de la première ligne de 4 de l’animation défensive (Di Maria, Lucas, Matuidi, Verratti) auquel on ajoute Motta qui a pour rôle principal d’anticiper et couper les passes derrière ce premier rideau. Or, on a vu tout le reste du match Fabregas combiner techniquement avec Hazard et Willian coté gauche ou Pedro et Willian coté droit. Si l’on met de coté les deux premiers buts du match marqués avec une certaine réussite, toute la suite du match s’est exécutée de cette manière : possession de Paris, attaque placée de Paris, récupération basse de Chelsea, aspiration dans l’axe avant de sortir sur les cotés puis dans la profondeur. Paris a failli à la perte du ballon.

Plus le match avançait, plus le PSG s’est épuisé sur les contre attaques de Chelsea. Sur un échange de passe courtes, Chelsea réussissait à trouver des espaces dans le dos de la première ligne défensive et c’est là que la vitesse et l’intelligence de déplacement entre les lignes de Willian à forcer Paris à défendre en reculant. Motta s’est retrouvé trop souvent esseulé face aux trois flèches de l’équipe de Gus Hiddink. Offensivement, le jeu parisien ne passait plus par les cotés. Ce qui avait fait la force de la première partie du match ne devenait plus qu’homéopathique. Verratti et Matuidi ont progressivement baissé physiquement. Verratti n’a effectué que 98 passes lors de ce match. On est loin de sa moyenne habituelle avoisinant les 150 passes mais on le savait, il serait sans doute un peu court physiquement pour ce match.

« Conclusion »

Chelsea s’est mis à espérer plus de ce match, à jouer un peu plus haut. Cavani est rentré et à apporté un peu plus de poids, plus de profondeur. Et l’éclair de Di Maria vint. On dit souvent que l’appel fait la passe et inversement. Dans cette situation, les deux joueurs ont autant de mérite. Il est certes plus facile de jouer dans le dos de Cahill et Ivanovic, encore faut-il en avoir la possibilité. Paris l’a eu une fois lors de ce match et à su en profiter. L’entrée combinée, presque un peu tardive, de Pastore et Rabiot a re-dynamisé le milieu de terrain et Paris a terminé son match comme il l’avait commencé, fort. Mais comme dans ce début de match, Paris n’a pas réussi à marquer, à faire le break.

Nul doute que le match retour sera tactiquement similaire à cette première manche. Espérons que Verratti sera au top physiquement, que Di Maria retrouvera une plus grande constance sur 90 minutes et qu’à la perte du ballon, le Paris Saint Germain n’offre pas autant d’espaces. Avec un peu de tout cela, l’équipe de Laurent Blanc aura sans doute plus de maitrise, plus de contrôle et pourra envisager les quarts de finale.

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