[L’édito d’Antoine] Limoger Emery, mauvaise idée

Midi, c’était Juampi. Antoine Ballet prend la relève. Il vous propose ce mois-ci un édito chaque jour, à la mi-journée.

A remplacer ou à garder, le débat est lancé sur l’avenir parisien d’Unai Emery. Le coach basque divise, que ce soit presse ou supporters. Même si ces derniers temps, les spécialistes invitent plutôt à la prudence.

Il serait aussi déplacé d’imputer toute la responsabilité de ce début de saison à Emery que de l’en disculper. Bien sûr, il fait des erreurs. De communication d’abord, même si il semble bridé par la direction du club, lui plutôt habitué à une certaine liberté de ce côté là. Il suffit de voir la différence entre son Twitter et son site internet en début de saison et maintenant. Les publications se sont espacées. Il se raconte que le club lui intime d’être plus discret en cette période compliquée pour ne pas qu’on puisse l’attaquer là dessus. Pourquoi pas.

Sur le terrain aussi, avec un coaching parfois difficilement lisible, et une gestion des remplaçants et des recrues qui peut laisser songeur. Après, nous ne sommes pas aux entraînements, ni dans le vestiaire. Par exemple, il est difficile de croire que ce soit un caprice de coach de laisser si peu de temps de jeu à Jesé et Ben Arfa, surtout que leurs prestations depuis le début de la saison lui ont plutôt donné raison. Mais là où on l’attend le plus, c’est dans sa capacité à mobiliser ses joueurs, à leur faire passer ses idées de jeu, sa passion du football. Ce qu’il donne l’impression d’avoir du mal à faire actuellement. On a surtout une impression de tâtonnements.

Unai Emery a été recruté à Paris pour y apporter deux choses, qui manquaient à son prédécesseur : Sa grinta, il vit les matchs avec passion, s’implique personnellement dans les entraînements, est plus proche de ses joueurs, là où Laurent Blanc était plutôt un directeur, et déléguait beaucoup. Ensuite son expérience de la gagne au niveau européen. Malgré le beau parcours en Ligue des Champions de Bordeaux, Blanc n’a jamais remporté de trophée européen. Même s’il ne s’agit « que » de l’Europa League, remporter cette coupe trois fois de suite, et en éliminant quelques cadors (notamment un Liverpool grand favori la saison dernière), ce n’est pas donné à n’importe quel entraîneur venu.

Et pour l’instant, les chiffres restent tout à fait corrects. Le PSG fait même preuve d’une adaptabilité tactique jamais vue les dernières saisons, et semble apprendre de ses erreurs, à quelques exceptions près bien entendu. Contre Guingamp par exemple, Emery avait cédé aux caprices de quelques joueurs, et n’avait pas organisé de séance vidéo. Pour la conclusion qu’on connaît.

Quant au cas Di Maria, la question est double. En manque de confiance, le sortir du groupe risquerait de le détruire totalement, à l’image de son passage à Manchester United. D’autant qu’il reste capable de fulgurances, sa passe pour Cavani contre Guingamp, ses buts, placé au bon endroit au bon moment contre Bâle et Ludogorets. Même dans un gros creux, il apporte plus que n’importe lequel de ses remplaçants potentiels. D’autant qu’on se souvient de la manière dont Laurent Blanc avait remis Thiago Silva sur pied après le mondial 2014 et un début de saison manqué : En le faisant jouer, encore et encore, envers et contre tout.

Bien sûr, la tentation serait grande de limoger Emery. Tout lui mettre sur la tête, et recommencer. Mauvaise idée. Premièrement car cela ne changerait pas le fond du problème. C’est toute l’institution PSG qui doit se remettre en question, des dirigeants aux joueurs, en passant bien entendu par l’entraîneur, et tout mettre sur le dos d’un bouc émissaire ne ferait que retarder une implosion inévitable. Ensuite car changer d’entraîneur, surtout vu les noms annoncés (Mancini, Seedorf, Van Gaal,…) signifierait tout reprendre de zéro, vu que les méthodes de travail de ceux là ne sont pas les mêmes. Et pas certain que ça soit productif, à moins de deux mois du choc contre le Barça.

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