Maxwell, de recrue discrète à joueur modèle du PSG

4 petits millions d’euros, tout rond : pour le Paris Saint-Germain, et notamment depuis les investissements colossaux des richissimes qataris, c’est une somme dérisoire. Une somme bien loin des 100 millions d’euros dépensés par le club sur la seule saison 2012, pour s’offrir les Motta, Pastore, Gameiro, Menez ou encore Matuidi. Et pourtant, cette année-là, quand Leonardo dépense ces 4 petits millions d’euros pour débaucher Maxwell du FC Barcelone en plein hiver, il était alors loin d’imaginer que le Brésilien officierait toujours, six saisons plus tard, dans ce PSG de luxe.

Arrivé dans l’ombre d’un géant

Pour le premier coup du mercato made in Ancelotti, il faut dire que la paire d’Italiens avait vu juste. Avec Maxwell, ils ont été chercher un joueur concurrencé par Abidal et Adriano dans son équipe catalane, mais surtout un joueur d’expérience, qui venait se lancer à 30 ans un ultime challenge après avoir été sacré champion dans les plus grands clubs où il était passé (Ajax, Barcelone, Inter).

Un joueur qui allait faire venir son meilleur ami, Zlatan Ibrahimovic, et qui allait se contenter de l’ombre laissée par le géant suédois, en pleine lumière. Parce qu’avant d’être le joueur que l’on connaît, Maxwell était surtout connu pour cette amitié à son image, discrète mais entière (rappelons que le Brésilien avait hébergé et aidé le Suédois alors qu’il était tout juste professionnel à l’Ajax). Maxwell, pourtant, n’est pas qu’un gentil, et n’a jamais démérité en tant que joueur, comme en témoigne d’ailleurs son titre de meilleur joueur d’Eredivisie en 2004.

A Paris, ce « petit » transfert allait pourtant devenir l’un des plus ingénieux de l’ère QSI. Car petit à petit, années après années, le trentenaire allait renvoyer ses concurrents les uns après les autres sur le banc de touche, de Tiéné à Digne en passant par Kurzawa. Ce dernier, recruté pour venir succéder au mentor brésilien, partage d’ailleurs encore aujourd’hui son temps de jeu avec lui. Un Maxwell parfois essoufflé, jamais dépassé, comme on aurait pu l’imaginer il y a 5 ans de cela.

Le professionnalisme incarné

Maxwell, depuis son arrivée dans la capitale, est sur les terrains comme en dehors : discret, mais attachant. Dans tout ce qu’il fait, le gaucher est à l’image de ses passes : mesuré, juste, et terriblement élégant.

Qu’il s’agisse de Digne ou Kurzawa – venus de filières d’excellence, programmés pour incarner la relève française à leur poste et recrutés 10 à 20 millions d’euros de plus que lui – jamais Maxwell n’a rechigné à accorder du temps pour préparer sa propre succession, à partager son expérience, et à donner de sa pédagogie. Parce que pour Maxwell, donner à son équipe lors d’une rencontre est aussi important que de transmettre en dehors.

Rares sont aujourd’hui les joueurs qui, à l’instar de Maxwell, peuvent avoir la prétention de dire qu’ils ont le bagage pour former des joueurs à leur propre succession, tout en continuant à les concurrencer malgré eux au quotidien. Car depuis deux ans désormais, le défenseur continue de prolonger l’aventure parisienne là où elle aurait pu s’arrêter pour beaucoup, à l’âge où il est légitime de raccrocher les crampons (il annonçait déjà en 2015 qu’il s’agissait de sa dernière année en Europe). Parce qu’après tout, il est juste extrêmement difficile de remplacer un joueur aussi investi que lui.

Un joueur discret mais efficace

Non, Maxwell n’est pas de ces joueurs Youtube qui vous feront frissonner à chaque prise de balle et qui s’amusera à faire des gestes pour le spectacle. Non, Maxwell n’est pas le plus rapide et pas le plus bankable pour les services marketing, ni la grande gueule qui tapera du poing dans le vestiaire.

Mais où qu’il soit, il a été respecté et respectable. Sur le terrain, Maxwell est bien l’un des plus rigoureux, des plus organisés. C’est un joueur d’une qualité rare, parce qu’il lit le jeu de ses coéquipiers et anticipe plus qu’il ne réagit. Maxwell joue simple, mais efficace, excelle sans artifices dans une palette technique pourtant très fournie. Rares sont les fois où vous verrez le latéral perdre un ballon, livrer une mauvaise passe, où effectuer un contrôle approximatif : parce que tout est clean. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il est l’un des rares (voir le seul ?) joueur à n’avoir été l’objet d’aucune critique en six saisons à Paris.

Si Kurzawa a été recruté pour son profil athlétique, sa vitesse et sa capacité à se projeter, ses quelques errances défensives ont très vite mis en lumière la rigueur de son concurrent au poste de latéral gauche. Alors à 35 ans, si Maxwell a bien conscience de ses limites physiques, il a parfaitement su jouer sur sa polyvalence pour rester dans le coup. Après quelques rencontres compliquées pour Layvin Kurzawa (entachées d’une blessure lancinante), le retour de Maxwell au premier plan n’a d’ailleurs été que positif pour l’équipe francilienne.

Un match sans faute sur la pelouse d’Angers et une copie parfaite lors de la réception de Metz : Maxwell est encore Maxwell, et il ne manque pas une occasion de nous rappeler combien il est encore un grand joueur qui s’ignore. Ses deux passes décisives n’en sont qu’une ultime preuve.

Quel avenir pour lui à Paris ?

Le problème avec Scherrer Maxwell, un peu comme avec Thiago Motta, c’est qu’on est toujours tenté de faire un ultime rappel avant la fermeture du rideau. Parce qu’on a peur de ne pas trouver un joueur à la hauteur pour entrer dans la rotation d’Emery, parce que son expérience est considérable et que cet effectif en manque parfois cruellement, parce qu’il est loin d’être cramé et qu’il serait tout simplement dommage de se priver de lui. Rien de plus logique, donc, que le PSG pense à lui offrir un nouveau challenge dans le paysage parisien à un poste taillé sur mesure, dans le staff ou dans un rôle d’ambassadeur, si toutefois il ne signait pas pour une ultime pige en tant que joueur.

Parce que même si Zlatan n’est plus là, même s’il n’est plus tout jeune, et qu’il fait toujours preuve d’une modestie remarquable, Maxwell est un grand Monsieur, et il serait bon de lui rappeler, encore. Et de rappeler à ceux qui l’ignorent encore que s’il est très loin d’avoir été l’un des transferts les plus médiatiques du club, il s’est imposé comme l’un des plus réussis de la capitale.

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