Et si Thiago Silva redevenait le vrai « Monstro » du PSG ?

S’il a souvent été désigné comme l’un des meilleurs au monde à son poste, Thiago Silva a aussi été la cible de toutes les critiques visant le Paris Saint-Germain la saison passée. Et s’il était temps de renouer avec son rang ?

La saison 2016-2017 est désormais finie, et beaucoup ont déjà les yeux rivés vers un mercato synonyme de renouveau, d’ambitions retrouvées et de trophées à reconquérir. Et puis surtout, ces soirées d’été n’effaceront certainement pas les traumatismes mais elles tenteront de consoler le cœur des Parisiens avec de nouveaux espoirs. Le plus grand d’entre eux sera de balayer ces rencontres approximatives, et de retrouver une équipe d’un niveau de jeu indiscutable. Et puis, que les leaders franciliens retrouvent aussi le mental pour marcher sur n’importe quel adversaire.
A lui tout seul, Thiago Silva réunit toutes ces espérances.

Il faut dire que lors de ses trois premières saisons et demi, le Brésilien avait placé la barre très haut. Débarqué à reculons en provenance de l’AC Milan, Silva a très vite prouvé qu’il était à la hauteur de sa réputation. Impérial aux côtés d’Alex, de Luiz ou de Marquinhos, imprenable dans les airs ou dans les ultimes mètres de sa surface, toujours ultra concentré et précis dans chacune de ses passes, Silva est de ces défenseurs que tout attaquant rechignait à affronter dans un duel. Parce qu’il savait qu’il aurait bien du mal à contourner le roc Auriverde.

Difficile toutefois de parler au passé, quand il s’agit de Thiago Silva, même si les critiques qui ont émaillé l’année 2017 ne l’ont pas épargné. Quand le bateau coule, c’est légitimement vers le capitaine que les regards se tournent. Et quand une équipe perd son sang froid, c’est à son leader que l’on impute la faute.

Alors après avoir fait l’unanimité sur toute la planète foot, être devenu une référence indiscutable à son poste et avoir bravé les plus grandes équipes, Thiago Silva est devenu peu à peu le bouc émissaire d’un PSG qui se cherchait un nouveau souffle. Pourtant, il a simplement été au diapason de ses coéquipiers. Comme eux, l’été dernier, il a d’abord eu du mal à se plier au nouveau style de jeu plus physique imposé par Unai Emery. Puis comme eux, il a finalement appris à faire évoluer son jeu.

Comme ses coéquipiers, il a parfois eu la suffisance de ceux qui ont déjà tout raflé chez eux, mais le manque d’expérience de ceux qui n’ont rien gagné dès qu’ils franchissent leurs frontières. Le PSG de Thiago Silva gagne des batailles mais n’a pas su gagner la guerre, et le premier au front était pourtant celui sur lequel on comptait.

Oui, Barcelone restera comme une fracture indélébile et oui, il sera terriblement difficile pour les supporters parisiens de gommer cette image de leur capitaine. Un homme qui n’a pas su rassurer les siens, qui a reculé avec son équipe quand elle aurait dû se projeter, un homme qui n’a pas su galvaniser à la mi-temps ni hurler sur les plus jeunes, comme un mentor le ferait. S’il n’a pas été impliqué directement dans les six buts encaissés par les siens et qu’il a tenté tant bien que mal de sauver les meubles en défense, il n’a pas su les remobiliser et n’a été qu’un spectateur du naufrage de son équipe. Mais comme les dix joueurs présents ce soir-là, sur la pelouse du Camp Nou, Thiago Silva a surtout été un homme, surpris par son propre démon, cette peur de perdre inhérente aux grands athlètes.
En témoigne l’incroyable statistique de 58% de passes réussies durant ce match, à mille lieux de ses performances habituelles.

Après la rencontre, il a toutefois eu le courage d’affronter la presse que beaucoup ont évité pour assumer son rôle d’ambassadeur dans l’échec : « Comme capitaine, je suis très fier de mes joueurs, malheureusement aujourd’hui rien n’a marché, on n’a pas réussi à mettre en place ce qu’on avait préparé et le Barça a concrétisé beaucoup de ses occasions. Oui ça fait mal. Mais les grands joueurs, ce sont ceux qui sortent le plus vite de ça. (…) Ce n’est pas un problème de confiance, à l’aller on avait joué avec la maîtrise, on avait fait un très bon match, avec de la personnalité. Là, on joue avec presque les mêmes joueurs aujourd’hui, dans un stade très chaud, une ambiance très forte, mais on a manqué de personnalité. On n’a pas réussi à jouer. »

Il est aujourd’hui normal, pour beaucoup, de remettre en cause l’homme qu’il a été ce soir là. C’est aussi le cas parce que son flegme a contrasté avec la combativité et la projection d’un Kimpembe surprenant au match aller. Un titi parisien et un capitaine, qui finalement, ont tout deux surpris par leur mental diamétralement opposés. Mais ne serait-il pas terriblement injuste de balayer ses 4 autres années absolument lumineuses au PSG ? Doit-on, comme pour le reste de l’équipe, résumer son talent à une soirée dénuée de bon sens et d’explications rationnelles ?

Peut-il se relancer ?

Au terme de la saison, beaucoup ont remis en question les qualités premières de Thiago Silva, s’insurgeant même qu’il soit encore titulaire ou que la direction francilienne ne le laisse pas filer vers d’autres cieux.

Mais combien d’autres défenseurs centraux sur le continent, peuvent aujourd’hui se targuer d’être aussi complet que l’international brésilien ? A bientôt 33 ans, il n’est certainement pas celui qui a la plus grande marge de progression, mais son niveau technique et son assurance dans les duels sont encore des standards inatteignables pour beaucoup de joueurs. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si, avec 13,2 ballons gagnés par match, il a la moyenne la plus élevée du PSG en Ligue 1 cette saison.

« Lors de la finale de la Coupe de la Ligue, le PSG nous a battus 4-1 et Thiago Silva a collé Mbappé de la première à la dernière minute. Il a fait des tacles sanguinaires contre Kylian, on pouvait voir qu’il ne voulait pas le lâcher et qu’il voulait détruire sa confiance », confiait par exemple Danijel Subasic après la finale de la Coupe de la Ligue en avril dernier, après un immense match du défenseur francilien.

D’autant que le n°2 du PSG a des qualités offensives encore rares sur le « marché » des défenseurs, des têtes rageuses qui ont bien souvent sorti les Parisiens d’un mauvais pas : il a tout de même inscrit la bagatelle de 15 buts sous le maillot Rouge et Bleu.

Non, Thiago Silva n’a pas perdu son talent, sa grinta, et son envie de gagner. Il reste un défenseur aux statistiques remarquables, un capitaine apprécié et un manager d’homme qui sait aussi parfois secouer ses hommes. En témoigne la réflexion de Kurzawa, qui se serait parfois contenté d’un capitaine peut être moins exigeant.

Mais il suffit de voir l’éclosion de Marquinhos puis de Presnel Kimpembe, dans son sillage, pour voir l’influence de l’homme sur ceux qui écoutent, apprennent, et incarneront bientôt ce qu’il se fait de mieux à leur poste.

Oui, Thiago Silva n’a peut être pas un mental d’acier, mais il a des pieds en or. Ce ne sera ni le joueur qui galvanisera ses partenaires avec sa grinta, ni celui qui brisera des adversaires. Il sera plutôt celui qui leur tendra la main quand ils sont à terre. Il ne sera pas celui qui retiendra ses larmes quand la pression est trop forte. Mais c’est aussi parce que Thiago Silva a l’exigence des grands envers lui-même, qu’il impose aux autres la rigueur qu’il s’impose à lui-même, et qu’il est profondément humain.

« Je suis un émotif, je m’émeus facilement. C’est naturel, l’émotion chez l’être humain. Mais à aucun moment ça ne m’affecte sur le terrain. Au contraire ça m’aide« , avait-il lui-même avoué après l’échec du Brésil face au Chili, que beaucoup ne lui avait pas pardonné.

A l’inverse, jamais le Brésilien ne s’accorde le mérite d’une victoire… Et lorsque le PSG finit la saison en étant sacré meilleure défense du championnat, le Parisien est assez altruiste pour porter son regard vers l’équipe : « Le secret, c’est toute l’équipe. Une équipe, ça ne dépend pas seulement du gardien et des deux défenseurs centraux. Ça dépend aussi du marquage de Cavani devant, de Draxler et Di Maria. Quand le ballon arrive pour nous les défenseurs, nous sommes bien placés pour le récupérer. Les attaquants nous aident beaucoup et c’est le point positif de cette équipe. »

Oui, Thiago Silva a des faiblesses, et elles sont mentales. Mais la cabale lancée contre lui, en occultant toutes ses qualités sportives, a quelque chose d’injuste, parce qu’elle le condamne comme s’il ne pouvait pas redevenir O Monstro. Celui qui était irréprochable, sur tous les plans. Ne pas se rendre compte de son niveau, c’est aussi cracher dans la soupe quand on dispose de l’un des meilleurs du monde à son poste. Peut-être que sans le brassard, beaucoup trouveraient enfin en lui ce qu’ils attendent tout simplement : qu’il soit un immense joueur, sans la responsabilité d’un leadership… Parce que si le PSG ne peut se passer de Thiago Silva, peut être qu’il doit simplement envisager de se passer de Thiago Silva capitaine, pour que l’on cesse de le juger par le prisme du résultat.

*A noter qu’avec 95% de passes réussies, personne ne faisait mieux que Thiago Silva en Ligue 1 (LFP)

Et puis il ne faut pas oublier que lorsqu’il avait 22 ans, Thiago Silva a aussi été privé de sa famille, du ballon rond et du haut niveau pour passer six mois dans un hôpital russe afin de soigner une lourde tuberculose… Un combat qu’il a réussi à surmonter pour devenir, quelques années plus tard, une référence mondiale à son poste. Preuve que parfois, le mental ne se limite pas uniquement à 90 minutes et quelques statistiques sur les terrains de football.

Mais en attendant que soit remise en cause, encore et toujours, sa légitimité, Thiago Silva aura un objectif de taille pour la saison à venir : redevenir l’un des meilleurs au monde à son poste. Un joueur aussi grand qu’inspirant pour ses successeurs. (Et puis le PSG a mis le paquet en s’offrant un maillot extérieur aux couleurs du Brésil, c’est le moment où jamais de faire grande impression)

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