#BP « Un problème de recrutement, vraiment ? » par Emmanuel H.

Nous vous proposons depuis plusieurs mois d’être un « Blogueur Parisien » (lire ici), Emmanuel H., alias eightg4 nous propose un premier billet.

[Celui-ci, comme tous les autres, de tous les blogueurs, n’engage que son auteur. Canal Supporters ne relaie pas, ne valide pas, ne censure pas, il propose un point de vue de supporter, son analyse, sa grille de lecture, vous disposez, analysez, jugez. Pour que vive le débat. Bonne lecture.]

Le projet du PSG, un problème de recrutement vraiment ?

Novice dans cet exercice, je livre mes réflexions à travers cet article.

Alors que la deuxième partie du championnat de Ligue 1 s’apprête à commencer, les rumeurs de recrutement animent le marché des transferts. Après l’arrivée prometteuse de Draxler recruté pour pallier les manquements d’un mercato en début de saison largement remis en question, on lit que des joueurs d’envergure comme Alexis Sanchez sont sur les tablettes du PSG pour la prochaine saison. Cette nouvelle est accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par la plupart des supporters. Je me pose certaines questions que j’aimerais vous faire partager.

Le début de saison du PSG

Pour faire comprendre mon idée, j’aimerais resituer un peu le climat dans lequel se trouve aujourd’hui le PSG.
En début de saison le PSG joue en 433 avec un milieu Matuidi, Motta, Verratti, en essayant de passer en cours de match en 4231 assez fréquemment et d’appliquer la philosophie d’Emery. Très vite l’effectif se sépare de David Luiz, et Marqui est intronisé titulaire au côté de Silva. Quelques succès encourageants, avec notamment un Rabiot qui brille, puis la machine se grippe avec un Pastore qui se blesse et tue dans l’œuf un schéma de jeu avec un vrai 10. Ben Arfa et Jesé ne jouent pas ou peu, l’un pas préparé physiquement après un été passé sous le soleil sans une digne préparation physique, l’autre sur une dynamique de reprise après quelques saisons difficiles et un potentiel jamais complètement atteint au Real.

Emery est largement critiqué par la Presse et les supporters. L’effectif est tenu en partie responsable, mais la direction ne semble pas broncher, un malaise semble s’installer. Emery fraîchement arrivé doit déjà jouer le rôle de pompier alors qu’il peine à maîtriser la langue de Molière (la presse s’en donne à cœur joie). A l’image d’un Di maria qui ne rassure pas par ses prestations, les titulaires semblent dépassés et le jeu développé par l’équipe s’en ressent. Des errements défensifs, une efficacité offensive très perfectible, un état d’esprit très friable et peu d’engagement dans les matchs inquiète, les joueurs semblent même peiner physiquement.

Les conséquences d’un mauvais recrutement

Le PSG finit donc sa première partie de saison sur une note très difficile, au bord de la crise, les doutes s’installent, un effectif pas à la hauteur, fragilisé par un recrutement discutable et une mise en concurrence des gardiens qui pose question. Les départs de certains leaders de vestiaire (Ibra, David Luiz) ont rendu la tâche difficile à Emery et la politique de recrutement du PSG met en évidence les faiblesses d’une direction incapable de rassurer et de fédérer. Il a fallu attendre la traditionnel et longue interview de notre Président Nasser pour étouffer les premières fumées.

Il a fallu jongler plus que de raison avec un effectif miné par les blessures et les prestations des uns et des autres. Di Maria méconnaissable, doit retrouver son niveau, Ben Arfa est sur courant plus qu’alternatif, entre l’exécrable et le correct. Lucas est retombé depuis dans ses travers après quelques éclaircies, Jesé ne semble être pas la réponse non plus et va faire l’objet d’un prêt à Las Palmas ou dans un autre club en espérant un retour sur investissement.

Est-il raisonnable dans ces conditions, alors qu’Emery n’a pas encore pu mettre en place :
-Un schéma de jeu équilibré,
-Une concurrence clairement saine et établie sur la durée,
-Une intégration des nouvelles recrues (Ben Arfa, Krycho, Draxler, peut-être même Pastore) dans le schéma de jeu,

De s’imaginer s’attacher les services d’une star telle que Alexis Sanchez, tant la majeure partie de ces éléments cités n’ont pu être mis en place ?
N’est-il pas plus sage de voir comment Lucas, Draxler, Pastore, Ben Arfa se comporteront dans cette deuxième partie de saison ?

Fini le marketing, une vraie identité PSG à construire

En vérité je pense qu’il s’agit d’un mal plus profond qu’une simple mauvaise politique de recrutement qui berce nos illusions depuis plusieurs saisons. Le « rêver plus grand », ce message matraqué nous a fait miroité trop longtemps que le PSG était en mesure par son recrutement de répondre aux objectifs. Le recrutement d’une équipe en définitive ne fait qu’accentuer en bien ou en mal les grandes orientations du club.
Blanc comme Emery n’ont pas appliqué leurs préceptes à la lettre. Pour le premier nous avons vu les limites d’un management basé en partie sur le bien-être des titulaires, parfois à la limite de l’autogestion et notre dernier coach qui tarde à appliquer ses exigences.

Qu’en est-il depuis plusieurs années, de la hiérarchie, de l’effort, du mérite, du passage de témoin, de l’excellence, cette identité PSG que nous vend notre direction depuis des années ?

Le passage de témoin

Marqui fait partie de ces joueurs qui ont littéralement gagné leur place au sein de l’effectif, cet effort doit être récompensé, cette mentalité doit être mise en avant. Sans ce mérite, ce parcours lent et fastidieux point de salut, point d’identité. On ne peut pas juste par un coup de baguette magique et à coup de biftons apporter des solutions qui ne feront que rendre plus difficile l’intégration des joueurs futur, imaginer même l’émergence de joueurs responsable à la mentalité irréprochable. Matuidi, fait aussi partie de cette philosophie, malgré ses performances ces dernières années et ses faiblesses techniques, nous sommes tous au moins d’accord pour admettre qu’il a vécu au sein du PSG une aventure formidable et que l’on doit le remercier pour cette obstination, son implication, son travail qu’il incarne et cette mentalité de vainqueur qu’il tente d’insuffler autour de lui ainsi qu’à ses coéquipiers. Il fédère, nous touche par ses efforts et par la même occasion fait comprendre aux jeunes générations (Rabiot par exemple) que tout est possible tant que le travail suit.
C’est cette mentalité que nous devons mettre en avant au sein du PSG, c’est cette mentalité qui doit perdurer et récompenser nos joueurs, véhiculé par Maxwell, Silva, Verratti, Cavani et d’autres que j’oublie surement. Le choix d’Emery s’inscrit pleinement dans cette philosophie du mérite, de l’effort, de l’exigence, que nous espérons tous voir se réaliser. C’est ce passage de témoin qui fait d’un club un grand club, une force mentale qui subsiste à travers ses pères et ses jeunes joueurs prometteurs.

Le recrutement n’est pas une fin en soit

A côté de cela, nous avons vu, à plusieurs reprises, des joueurs titulaires passant plus de temps à renégocier leurs contrats, à se plaindre parfois même, qu’à s’appliquer à bien jouer sur le terrain et être irréprochable, les jeunes du centre de formation qui défient l’autorité et les choix du coach, ou les décisions de l’institution PSG. Beaucoup de situations ont montré cette fragilité et cela s’est ressenti sportivement par l’état d’esprit de certains et le manque de fermeté de nos dirigeants.
Nous devons exploiter l’esprit de compétition et la mentalité que certains joueurs véhiculent pour un jour imaginer pouvoir construire un jeu d’équipe fort qui puisse nous emmener loin en C1.
Oui le recrutement est une notion importante, qui nous a terriblement fait défaut depuis trois ans, surtout depuis que notre politique de recrutement n’est plus aussi clair. L’argent depuis l’arrivée de QSI coule à flots mais avec elle nous ne devons pas perdre notre lucidité, nous aussi supporters de ce club.
Concernant Sanchez. A Arsenal je trouve qu’il joue le rôle de pompier, aux côtés d’Ozil, ils font office de trompe l’œil, Arsenal peine et s’enlise dans les mêmes maux, les mêmes problèmes récurrents, une mentalité friable, des blessures à répétitions, des supporters remplacés par des consommateurs, leur recrutement ambitieux de ces dernières années après un changement de politique radicale, exhorté par leurs supporters, n’apporte pas les résultats escomptés.
Ils ont comme nous un problème structurel et pourtant leur institution est incroyablement plus puissante et respectée que la nôtre. Ça n’est pas qu’une question d’effectif, mais surtout une question de vécu, de mentalité, que le recrutement seul ne résoudra pas. Nous nous mentons à nous même en pensant que Sanchez, Ozil, Neymar, Messi réussiront à faire du PSG l’équipe que nous rêvons tous, si par ailleurs nous ne travaillons pas à la mise en place des briques essentielles qui fondent une institution, et inscrivent durablement notre PSG dans le succès.

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