Trop attendu ou pas assez : retour sur la saison catastrophe de Ben Arfa au PSG
L’été dernier, il n’avait que l’embarras du choix. Après une reconquête réussie de son talent et un come-back mérité, Hatem Ben Arfa arrivait au terme de son contrat à l’OGC Nice, avec 18 buts au compteur. Gratuit, libre, et reboosté par une notoriété retrouvée, le Français décidait de quitter la côte d’Azur pour la capitale, au nez et à la barbe de l’Olympique Lyonnais et du FC Séville. Un choix surprenant, tant on connaissait la concurrence effrénée qui sévissait déjà dans l’attaque francilienne. Mais un choix du cœur, d’un ancien marseillais qui avait toujours vibré pour Paris.
Pourtant dès son arrivée, celui qui semblait davantage être un choix de la direction – et avant qu’Emery ne mette son grain de sel dans le recrutement – n’a pas franchement fait l’unanimité. Pour le coach basque, très exigeant avec le professionnalisme et la rigueur de ses hommes, la méforme d’Hatem Ben Arfa et son potentiel surpoids ont visiblement été les premiers freins à son envie de le faire jouer. Et il est désormais loin, le temps où l’on chantait qu’Hatem, c’était « le plus fort ».
Les premiers couacs
Et puis, face à la mise à l’écart de l’ancien niçois par Emery, qui peinait à expliquer franchement sa décision, ce sont aussi les images de Ben Arfa à l’entraînement qui ont finalement donné raison au Basque.
wesh il est sérieux Ben Arfa pic.twitter.com/4OAWRXJlXU
— Milice (@__Milice) 19 septembre 2016
Voilà qui a aussi alimenté les premières crispations d’un côté comme de l’autre : les pro-Ben Arfa ont crié au scandale, et au manque d’honnêteté du coach parisien, tandis que les antis ont trouvé là l’explication qu’ils attendaient pour justifier le renvoi de l’ancienne tête brûlée du foot français dans les gradins du Parc des Princes.
Résultat, après avoir été titularisé à deux reprises lors de la préparation estivale, et sans se montrer très convaincant, HBA a commencé la saison du côté du banc de touche, visiblement déçu d’avoir opté pour un club qui ne lui laissera pas sa chance, en tout cas pas pour le moment. Carrément écarté du groupe pendant 4 matches, Ben Arfa est ensuite revenu, sur le banc de touche… Puisque Emery décidait alors de faire jouer Ikoné, comme un ultime affront.
« Banega, il m’a donné beaucoup de boulot. Je lui ai fait comprendre qu’il fallait qu’il change son style de vie s’il voulait faire une grande carrière. En Argentine, c’était une star, mais quand il est arrivé en Espagne, je l’ai tout de suite redescendu sur terre. Il a fallu que je sois constamment à ses côtés pour qu’il gagne en tension. Aujourd’hui, c’est un joueur exigeant et responsable. C’est quelque chose que je n’aurais pas dit de lui à son arrivée », racontait plus en détails le coach dans les colonnes de So Foot, faisant étrangement écho à la situation du Parisien.
Dans le vestiaire, c’est un peu la même chose, d’ailleurs : si l’on a vu toutes les nouvelles recrues s’intégrer à merveille, Ben Arfa (tout comme Krychowiak) a semblé avoir bien du mal à se mélanger à la « confrérie » parisienne. En témoigne par exemple cette vidéo dans laquelle ses partenaires dansaient dans le vestiaire, tandis que le Français déclinait pudiquement l’invitation.
Des prestations peu convaincantes
Forcément, quand on joue moins, on engrange moins de confiance, on a aussi moins d’automatismes avec ses coéquipiers et on peine à prouver sur quelques bouts de matches… Avec Hatem Ben Arfa, l’équation s’est prouvée dans 90% de ses apparitions…
10 minutes par ci, 9 minutes par là, 11 minutes par ci, 5 minutes par là. Puis de nouveau 7 minutes, 12 minutes, et parfois même 3 minutes : voilà le temps de jeu auquel l’attaquant a souvent été cantonné. Peu, très peu, pour avoir le temps de faire ses preuves.
Sauf que lorsqu’il a eu l’occasion de jouer davantage, des demi-heures entières, Ben Arfa a souvent gâché, trop tenté, foncé seul et tête baissée, démontrant son incapacité à jouer collectivement. De quoi agacer Unai Emery, un entraîneur qui aime voir ses hommes combiner, se chercher, se trouver, et s’user physiquement pour s’aider sur le terrain. Ben Arfa n’est pas de cette trempe-là.
« Ben Arfa doit plus combiner avec ses partenaires, car à Nice, il jouait beaucoup individuellement », avait d’ailleurs confirmé l’entraîneur en conférence de presse.
Alors oui, Emery ne lui jamais fait confiance et lorsqu’il le titularisait, c’était à la pointe de l’attaque, une position contre-nature. Mais la saison de l’ancien Niçois dans la capitale s’explique aussi par ses prestations. Loin d’être affûté physiquement, HBA a beaucoup alterné entre percées solitaires et manque d’appels en profondeurs, entre technique et déchet. Entre espoirs et déceptions.
« Je pense que les joueurs qui sont dans le groupe sont les meilleurs, les mieux préparés », n’a d’ailleurs eu de cesse de répéter l’ancien coach de Séville pour justifier ses choix.
Fin novembre, Emery décidait pourtant de lui laisser sa chance, le titularisant à deux reprises, sans que ce dernier ne brille par ses performances. Retour immédiat sur le banc de touche. En janvier, même chose, Ben Arfa grignote un nouveau match en tant que titulaire, puis retourne la journée d’après sur le banc.
Et ainsi de suite, jusqu’à son ultime titularisation en avril dernier, face à Avranches. Un match en Coupe de France (durant lequel il avait inscrit deux buts et réalisé une belle performance) qui fait figure d’exception dans sa saison et dans lequel il remplaçait surtout un Cavani au repos. Pour preuve, il a ensuite enchaîné deux matches sur le banc de touche, et n’est carrément plus réapparu dans le groupe parisien depuis la mi-avril.
Un manque de communication criant
Et puis parce que le naturel revient toujours au galop, Ben Arfa n’a pas vraiment su faire son petit bout de chemin dans l’ombre en attendant son heure. Lui, qui inondait son compte Instagram de message d’auto-motivation, a souvent réveillé chez les Parisiens un sentiment partagé entre la peine et le désarroi.
Mais il a aussi utilisé la voix des réseaux sociaux et une vidéo franchement malhabile pour quémander du temps de jeu à son entraîneur. Le tout, en profitant de la trêve internationale pour déjouer la communication verrouillée du club parisien, et prendre le public parisien en témoin en expliquant son « attachement » à l’équipe francilienne et son envie de démontrer ou « de partir » de lui-même. Aussi touchant que maladroit, Ben Arfa voulait parler avec son cœur… Sans grande réussite.