#BP « La philosophie de Blanc est-elle la bonne ? »
Nous vous proposons depuis plusieurs semaines d’être un « Blogueur Parisien » (lire ici), Daniel alias Juanpi nous propose un nouveau billet.
Depuis son arrivé au PSG, Laurent Blanc a toujours maintenu comme ligne directrice un projet de jeu clair consistant à avoir la possession du ballon et articulant son équipe autour d’un milieu à 3 dans un 4-3-3.
Cette philosophie de jeu n’est pas l’apanage de Blanc. Le Cévenol s’inspire clairement du modele barcelonais que l’un de ses plus fidèle ambassadeur, Josep Guardiola, a notamment exporté avec succès en Bavière. D’ailleurs, le mot « succès » peut tout aussi bien qualifier les résultats obtenus par le Paris Saint-Germain depuis que le « tikki taka » a été instauré Porte de Saint-Cloud tant les bilans comptables et les trophées gagnés sont respectivement excellents et nombreux.
Ainsi, quel que soit l’adversaire,
Laurent Blanc s’est toujours appliqué que ce soit en
Champion’s League ou en Ligue 1 à mettre en avant son principe de
jeu. De même, la disposition tactique du PSG sous l’ère
Blanc n’a jamais réservé de surprise en étant toujours basé sur le
4-3-3 précédemment cité. Ce dernier point justement n’est pas
anodin. Des joueurs comme Marquinhos, Pastore ou
Cavani pouvant légitimement prétendre à une place dans le
11 type se sont vus très souvent exilés à des postes
contre-nature voir tout bonnement sur le banc.
Il n’est pas question ici de débattre
de la pertinence du choix de Blanc sur un joueur au détriment d’un
autre. Il est évident qu’il existera autant d’avis que de
supporters. La question que j’aimerais soulever ici est plus
complexe : La philosophie de Blanc de ne jamais déroger à sa
tactique est-elle la meilleure pour arriver à gagner la LDC
ou tout du moins atteindre son dernier carré?
Si au
premier abord la réponse peut clairement s’orienter vers un
« oui » tant la domination du PSG est outrageuse et
inédite sur la scène domestique, cette dernière est beaucoup plus
nuancée dès lors que l’hymne de la Ligue des champions commence à
raisonner…
Alors que l’idée de vouloir imposer
partout son jeu est louable et en adéquation parfaite avec l’image
de grand club que veulent donner du PSG les dirigeants qataris,
peut-on dire que Laurent Blanc a les moyens de ses
ambitions lorsque l’adversité atteint son paroxysme, ce
fameux palier des quarts de finales de LDC qui se dressent devant
la route du club de la capitale comme une barrière
infranchissable depuis maintenant 3 ans?
Sans
faire injure à notre club de cœur, le quart de finale contre
Barcelone l’année dernière opposa en termes de philosophie de jeu
le maître catalan face à son élève parisien. Sans
réécrire une énième fois l’histoire et rappeler les nombreux
absents du côté français, il est clairement apparu que le Barça
dans ce jeu de possession et de passes était clairement au dessus.
Or, à aucun moment nous avons eu la sensation que Blanc
était en capacité d’innover, de surprendre pour changer le cours du
jeu. La philosophie de Blanc a clairement lors de cette
confrontation touchée du doigt ses limites. A force de ne rien
changer, il ne s’est rien passé.
Pour étayer mes dires, me vient en
tête l’exemple de l’Inter de Mourinho qui en 2010,
réussit à sortir en demi finale de LDC le grand Barça de Guardiola.
Après un aller âprement disputé , les Intéristes arrivèrent au Camp
Nou avec un avantage (3-1) pas assez conséquent pour passer une
soirée tranquille face à l’un des plus grands Barça de l’histoire
avec qui de toutes manières il était impossible de rivaliser dans
le jeu en leur antre. La tâche se compliqua encore plus avec
l’expulsion très tôt dans le match d’un certain Thiago Motta.
Mourinho réalisa alors ce qui selon moi restera à jamais son plus
grand coup tactique en réorganisant son équipe de sorte que Samuel
Eto’o se retrouva par exemple arrière latéral… L’Inter se qualifia
et réussit à remporter la coupe quelques semaines plus tard contre
le Bayern en rejouant cette fois de manière plus
habituelle.
Cette capacité de changer, de
s’adapter aux circonstances de jeu lorsqu’elles sont défavorables
ou tout simplement lorsque la stratégie initiale ne fonctionne pas
de forcer le destin avec un coup tactique. Voilà ce
paramètre que le Lusitanien manie à la perfection et qui peut être
reproché à Blanc de manquer lorsque l’on fait l’étalage de sa
panoplie d’entraîneur.
Autre
limite de cette philosophie, le fait de rester figé sur une
composition peut à terme empêcher de tirer la quintessence
du groupe à disposition. Exemples: Une association dans l’axe entre
Cavani et Ibra ne serait-elle pas plus efficiente qu’un Cavani
exilé sur un côté ou encore sur le banc ? Une défense à trois
Marquinhos, David Luiz, Thiago Silva ne serait-elle pas à tenter
?
Bien entendu, ces propositions
s’heurteraient à tout un tas de paramètre d’équilibre d’équipe,
d’habitude ou encore de faisabilité… Mais une équipe ayant
24 points d’avances en championnat ne pourrait-elle pas se
permettre de tenter en match des changements
pertinents permettant de préparer au mieux par exemple le
match retour contre Chelsea ?
Récemment, avec quelques habitués du forum qui se reconnaîtront et que je tiens ici à saluer, nous débattions en aparté d’un article sur la véritable plus-value qu’un entraîneur prenant en main une équipe composée de joueurs de haut niveau pouvait apporter. Blanc a eu cette opportunité et, rendons à César ce qui appartient à César, a très bien su gérer sa « machine de guerre » en raflant tout sur le territoire français. A lui maintenant de mettre définitivement tout le monde d’accord sur sa philosophie en atteignant le dernier carré de la Ligue des Champions… ou pas.
Daniel alias Juanpi