Trop attendu ou pas assez : retour sur la saison catastrophe de Ben Arfa au PSG

L’été dernier, il n’avait que l’embarras du choix. Après une reconquête réussie de son talent et un come-back mérité, Hatem Ben Arfa arrivait au terme de son contrat à l’OGC Nice, avec 18 buts au compteur. Gratuit, libre, et reboosté par une notoriété retrouvée, le Français décidait de quitter la côte d’Azur pour la capitale, au nez et à la barbe de l’Olympique Lyonnais et du FC Séville. Un choix surprenant, tant on connaissait la concurrence effrénée qui sévissait déjà dans l’attaque francilienne. Mais un choix du cœur, d’un ancien marseillais qui avait toujours vibré pour Paris.

Pourtant dès son arrivée, celui qui semblait davantage être un choix de la direction – et avant qu’Emery ne mette son grain de sel dans le recrutement – n’a pas franchement fait l’unanimité. Pour le coach basque, très exigeant avec le professionnalisme et la rigueur de ses hommes, la méforme d’Hatem Ben Arfa et son potentiel surpoids ont visiblement été les premiers freins à son envie de le faire jouer. Et il est désormais loin, le temps où l’on chantait qu’Hatem, c’était « le plus fort ».

Les premiers couacs

Et puis, face à la mise à l’écart de l’ancien niçois par Emery, qui peinait à expliquer franchement sa décision, ce sont aussi les images de Ben Arfa à l’entraînement qui ont finalement donné raison au Basque.

Voilà qui a aussi alimenté les premières crispations d’un côté comme de l’autre : les pro-Ben Arfa ont crié au scandale, et au manque d’honnêteté du coach parisien, tandis que les antis ont trouvé là l’explication qu’ils attendaient pour justifier le renvoi de l’ancienne tête brûlée du foot français dans les gradins du Parc des Princes.

Résultat, après avoir été titularisé à deux reprises lors de la préparation estivale, et sans se montrer très convaincant, HBA a commencé la saison du côté du banc de touche, visiblement déçu d’avoir opté pour un club qui ne lui laissera pas sa chance, en tout cas pas pour le moment. Carrément écarté du groupe pendant 4 matches, Ben Arfa est ensuite revenu, sur le banc de touche… Puisque Emery décidait alors de faire jouer Ikoné, comme un ultime affront.

« Banega, il m’a donné beaucoup de boulot. Je lui ai fait comprendre qu’il fallait qu’il change son style de vie s’il voulait faire une grande carrière. En Argentine, c’était une star, mais quand il est arrivé en Espagne, je l’ai tout de suite redescendu sur terre. Il a fallu que je sois constamment à ses côtés pour qu’il gagne en tension. Aujourd’hui, c’est un joueur exigeant et responsable. C’est quelque chose que je n’aurais pas dit de lui à son arrivée », racontait plus en détails le coach dans les colonnes de So Foot, faisant étrangement écho à la situation du Parisien.

Dans le vestiaire, c’est un peu la même chose, d’ailleurs : si l’on a vu toutes les nouvelles recrues s’intégrer à merveille, Ben Arfa (tout comme Krychowiak) a semblé avoir bien du mal à se mélanger à la « confrérie » parisienne. En témoigne par exemple cette vidéo dans laquelle ses partenaires dansaient dans le vestiaire, tandis que le Français déclinait pudiquement l’invitation.

Des prestations peu convaincantes

Forcément, quand on joue moins, on engrange moins de confiance, on a aussi moins d’automatismes avec ses coéquipiers et on peine à prouver sur quelques bouts de matches… Avec Hatem Ben Arfa, l’équation s’est prouvée dans 90% de ses apparitions…

10 minutes par ci, 9 minutes par là, 11 minutes par ci, 5 minutes par là. Puis de nouveau 7 minutes, 12 minutes, et parfois même 3 minutes : voilà le temps de jeu auquel l’attaquant a souvent été cantonné. Peu, très peu, pour avoir le temps de faire ses preuves.

Sauf que lorsqu’il a eu l’occasion de jouer davantage, des demi-heures entières, Ben Arfa a souvent gâché, trop tenté, foncé seul et tête baissée, démontrant son incapacité à jouer collectivement. De quoi agacer Unai Emery, un entraîneur qui aime voir ses hommes combiner, se chercher, se trouver, et s’user physiquement pour s’aider sur le terrain. Ben Arfa n’est pas de cette trempe-là.

« Ben Arfa doit plus combiner avec ses partenaires, car à Nice, il jouait beaucoup individuellement », avait d’ailleurs confirmé l’entraîneur en conférence de presse.

Alors oui, Emery ne lui jamais fait confiance et lorsqu’il le titularisait, c’était à la pointe de l’attaque, une position contre-nature. Mais la saison de l’ancien Niçois dans la capitale s’explique aussi par ses prestations. Loin d’être affûté physiquement, HBA a beaucoup alterné entre percées solitaires et manque d’appels en profondeurs, entre technique et déchet. Entre espoirs et déceptions.

« Je pense que les joueurs qui sont dans le groupe sont les meilleurs, les mieux préparés », n’a d’ailleurs eu de cesse de répéter l’ancien coach de Séville pour justifier ses choix.

Fin novembre, Emery décidait pourtant de lui laisser sa chance, le titularisant à deux reprises, sans que ce dernier ne brille par ses performances. Retour immédiat sur le banc de touche. En janvier, même chose, Ben Arfa grignote un nouveau match en tant que titulaire, puis retourne la journée d’après sur le banc.

Et ainsi de suite, jusqu’à son ultime titularisation en avril dernier, face à Avranches. Un match en Coupe de France  (durant lequel il avait inscrit deux buts et réalisé une belle performance) qui fait figure d’exception dans sa saison et dans lequel il remplaçait surtout un Cavani au repos. Pour preuve, il a ensuite enchaîné deux matches sur le banc de touche, et n’est carrément plus réapparu dans le groupe parisien depuis la mi-avril.

Un manque de communication criant

Et puis parce que le naturel revient toujours au galop, Ben Arfa n’a pas vraiment su faire son petit bout de chemin dans l’ombre en attendant son heure. Lui, qui inondait son compte Instagram de message d’auto-motivation, a souvent réveillé chez les Parisiens un sentiment partagé entre la peine et le désarroi.

Mais il a aussi utilisé la voix des réseaux sociaux et une vidéo franchement malhabile pour quémander du temps de jeu à son entraîneur. Le tout, en profitant de la trêve internationale pour déjouer la communication verrouillée du club parisien, et prendre le public parisien en témoin en expliquant son « attachement » à l’équipe francilienne et son envie de démontrer ou « de partir » de lui-même. Aussi touchant que maladroit, Ben Arfa voulait parler avec son cœur… Sans grande réussite.

Il faut dire qu’au total, HBA a joué en moyenne 36 minutes par match… De quoi justifier, peut-être, ses réclamations pour intégrer le turn-over d’Emery de manière plus poussée, et qu’on lui offre le temps nécessaire pour évoluer sur un terrain.

Et comme si ça ne suffisait pas, une ultime polémique a de nouveau vu le jour en cette fin de saison, soutenant encore l’idée que Ben Arfa était plus motivé que jamais, mais le démontrait de façon toujours aussi balourde.

Alors après tout cet étalages de déceptions et de chantages a demi-prononcés, Ben Arfa est finalement retourné là où personne ne l’embêtait trop cette saison : sur le banc de touche. Et en tribune aussi… Comme en septembre, lorsqu’il avait été écarté du groupe à 4 reprises, cela fait déjà 4 rencontres que Ben Arfa ne figure pas dans le groupe francilien. Et si Emery a d’abord utilisé l’énième subterfuge de la blessure pour expliquer son évincement du groupe, il a fini par concédé avant la réception de Caen qu’il était absent « pour décision technique ».

« Emery cherche n’importe quel argument pour le mettre en tribunes », se sont en tout cas chargés de répondre les proches du joueur dans les colonnes du Parisien.

Alors, forfait ou pas forfait ? En forme ou en méforme ? In fine, le résultat est le même : le gaucher n’a pas été à la hauteur des espoirs placés en lui, mais n’en a pas non plus eu la franche occasion. Après, il faut aussi mettre ce manque de temps de jeu en perspective et se dire que dans une équipe du calibre du PSG, un joueur doit être à la hauteur dans chaque bout de match qu’il a le privilège de jouer. Des profils très jeunes comme Guedes ou plus récemment Lo Celso ont d’ailleurs démontré que finalement, il était possible de faire grande impression en un petit quart d’heure.

Et puis si beaucoup revendiquent les statistiques passées de Ben Arfa pour justifier son statut de grand joueur, cette donnée est également à prendre avec un certain recul. Déjà, parce que sa carrière démontre à la fois un combo de mauvais choix personnels, et de clubs qui n’ont pas toujours su le valoriser. D’ailleurs, mise à part une saison extraordinaire chez les Aiglons, jamais l’ancien espoir du football français n’a franchement ébloui par son compteur de buts.
Est-ce vraiment Paris qui a gâché Ben Arfa, ou Ben Arfa qui s’est souvent gâché ?

Des envies d’ailleurs après de tristes noces

Alors, comme un ultime rappel de sa valeur et de ce qu’il a à « offrir », Ben Arfa a finalement utilisé une dernière fois les réseaux sociaux, pour exposé son amour… D’un public qui l’aiment.

Un club, une ville et des supporters que j’aime et que j’aimerai toute ma vie… #laforcedudestin

Une publication partagée par Hatem Ben Arfa (@hatembenarfaofficiel) le

Un public dont il a été privé, lors du déplacement des Parisiens en terres niçoises, comme une ultime punition. Un public qui l’a apprécié à sa juste valeur, sans rien demander en retour. Comme si, en communiquant sur les Aiglons, Ben Arfa voulait faire passer un ultime message : « Finalement, si Paris a été l’amour de ma vie, mon ex savait m’aimer plus qu’elle ». Et s’il était évident que l’un était plus amoureux que l’autre, il y a comme un avant-goût de divorce, désormais.

Une de perdue, dix de retrouvée ? Une chose est sûre, si Paris n’est plus amourachée de son trentenaire, les prétendantes ne manqueront pas pour tenter de le consoler après cette grosse déception.

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