[Focus n°4] : Jean-Luc Sassus, le footballeur ingénieur

Atypique. Voilà comment nous pourrions définir Jean-Luc Sassus, le footballeur au diplôme d’ingénieur chimiste. A l’heure où l’on demande aux footballeurs de « faire de la musculation du cerveau », le défenseur pouvait être montré en exemple. Même si, il est vrai, on ne parle pas de la même époque. Pourtant, Sassus n’avait pas le cerveau que dans les pieds. Né à Tarbes le 4 octobre 1962, il évolue avec les jeunes du Toulouse AC dans les années 70 avant de signer son premier contrat professionnel en 1979. Joueur important de l’effectif garonnais, le défenseur, qui a débuté comme attaquant, joue 107 matches de D2 et inscrit 10 buts. 1982 restera comme une année charnière dans le début de carrière du Tarbais puisqu’il sera champion de France de D2 et sera élu meilleur joueur de la Coupe du Monde universitaire. Souhaitant à tout prix continuer ses études, il mène en parallèle un cursus scolaire et devient ingénieur chimiste en 1985 après des études en Maths Sup et Maths Spé à l’ENSI. Souvent considéré comme un cerveau plus qu’un très bon footballeur, le joueur n’aura jamais eu l’éloge qu’il méritait, à savoir être reconnu par ses pairs comme étant l’un des meilleurs arrières droit français.

« Les gens qui me connaissent ne me prennent pas pour un intellectuel. Je suis quelqu’un qui déconne, je suis un bringueur, un mec qui rigole. Je suis juste un bon élève en maths. Mais il y a des gens qui ne supportaient pas ça  »

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En 1986, Jean-Luc Sassus veut franchir un cap et s’engage du côté de l’AS Cannes avec qui il participe à 189 matches, il en profitera également pour inscrire 13 buts. Il accède à la D1 en 1987 et verra éclore, de 1988 à 1992, un jeune prodige qui s’appelle Zinedine Zidane.

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Le PSG, en 1992, veut se renforcer et débauche le talentueux défenseur. Artur Jorge apportera au joueur l’assurance nécessaire pour lui permettre de rejoindre l’Equipe de France. Son unique sélection interviendra le 14 octobre 1992 à l’occasion d’une victoire 2-0 face à l’Autriche en match de qualification à la Coupe du monde 1994. Une seule sélection, mais en tant que titulaire, et au Parc des Princes. Des rumeurs ont laissé dire qu’une brouille avec Basile Boli serait à la base de cette mise à l’écart, à une période où le Clasico se jouait également à Clairefontaine. Rumeur fermement démentie par Sassus. La vérité serait simplement à voir du côté de Jocelyn Angloma, ancien Parisien de 1990 à 1991, qui lui était passé devant. Avec le PSG il est tout de même auréolé d’un titre de Champion de France en 1994 et remporte la Coupe de France 1993. Il était également de la partie lors du légendaire quart de finale de Coupe de l’UEFA face au Real Madrid. Il passera deux saisons sous le maillot parisien et marquera 4 buts en 76 matches. En 1994, il rejoindra l’OL de Jean-Michel Aulas.

But de Jean-Luc Sassus | PAOK Salonique vs PSG… par channelsport

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Sa période lyonnaise fut principalement marquée par un fait grave, l’agression de Pascal Olmeta à l’encontre du défenseur. Un soir de boîte de nuit, les deux amis font la rencontre d’une jeune fille prénommée Alexandra, qui deviendra la femme d’Olmeta. Celle qui sera un temps hôtesse du Juste Prix se renseigne auprès de Jean-Luc et le défenseur lui répond que Pascal est un garçon dur et violent. Le 20 décembre 1996, après un match face à Nantes, Pascal Olmeta, tout juste au courant des propos de son ami, agresse le défenseur et lui cassez le nez, entraînant plusieurs jours d’hospitalisation. « J’allais m’approcher pour faire la bise à Alexandra, quand Pascal est venu me frapper » déclara plus tard Sassus. Une agression qui vaudra un licenciement du portier corse de la part de Jean-Michel Aulas qui, pour le remplacer, offre Jean-Luc Sassus en prêt à l’ASSE ainsi qu’un peu d’argent, pour enrôler…Grégory Coupet. Comme quoi, une carrière ne tient qu’à un fil, ou à un coup de poing. Olmeta et Sassus s’excuseront mutuellement lors d’une rencontre accusée, pas forcément à tort, de coup médiatique. « Avec Pascal nous sommes amis depuis plus de deux ans désormais et je suis étonné que trop de gens parlent de poignée médiatique entre nous deux. Et même si il y a eu un différent entre nous deux, nous nous ne détestons pas, disons simplement que nous sommes tous deux des hypersensibles et des impulsifs »

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Un peu comme pour boucler la boucle, il met donc fin à sa carrière chez les Verts, cette équipe qui lui a donné la passion du football comme il l’explique lors d’une interview accordée à poteaux-carres.com.  « Le virus du foot m’a été donné par les Verts de la période 1974-1976. Je suivais leurs matches avec attention. J’en connais toujours quelques un, Revelli Beretta, Larqué et Rocheteau qui a ensuite été mon agent« .

A la fin de sa carrière, Jean-Luc Sassus a hésité à reprendre ses études mais n’a finalement pas trouver la force de tout recommencer et se lance finalement dans la carrière d’entraîneur en DH au club Labège Escalquens Football de 1998 à 2000. En 2001 il rejoint le staff technique du TFC qu’il quitte finalement après avoir vu le club chuter en National et frôler le bilan de dépôt. Le défenseur met donc en pratique son diplôme de chimie en faveur de l’industrie de la vente de parfum puis replonge dans le milieu du foot en devenant agent. Il a d’ailleurs eu dans son écurie Paulo Cesar et Patrick Kluivert (à Lille). « C’est un métier intéressant. Il y a beaucoup de « margoulins », des gens qui font ça par intérêt et par ruse, mais ça peut aussi être un beau métier » En parallèle, Sassus mène de front plusieurs activités caritatives. Il fait la promotion de la culture du foot auprès des banlieues pour  l’association « Cœur de foot ». Il pratique également l’athlétisme et sera d’ailleurs lauréat du concours régional de lancer de poids. Il s’est également beaucoup investi dans l’association « Un casque, un ballon et du cœur » qui vient en aide aux enfants des pompiers décédés. Devenu papa en 2009 d’un petit Arno, Jean-Luc Sassus décède à Toulouse 22 mai 2015 d’une crise cardiaque. L’émotion fut grande à l’annonce de son décès, les hommages ont été nombreux. Et tous se souviendront d’un joueur au cœur aussi grand que son intelligence, celui qui était selon Jean-Michel Moutier « un bon mec. Le partenaire idéal, sans problème, facile à gérer. »

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Au revoir, Jean-Luc Sassus.

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