La très sombre histoire de Godwin Okpara
Il est des histoires extra-sportives qui peuvent prêter à sourire, d’autres instaurent le malaise. Certains faits, toutefois, font peur. Très peur. C’est sûrement ce qu’il ressort de l’affaire Godwin Okpara. Modeste footballeur nigérian passé par le PSG de 1999 à 2001 condamné à 10 ans de réclusion pour viol et séquestration sur mineure.
Du Nigéria à la France en passant par la Belgique
Né le 20 septembre 1972 à Ogbaku, ville nigériane composée de 18 petits villages, Godwin Okpara débute sa carrière professionnelle au sein du club d’Obanta United dans la ville d’Ijebu Ode. il n’y reste que quelques mois puisque son physique rugueux et sa capacité à jouer des deux pieds lui permettent de rapidement s’envoler vers l’Europe. C’est donc en 1989, après avoir participé à la Coupe du monde U17, que Godwin Okpara pose ses valises à Anvers afin de porter les couleurs du K Beerschot VAC, l’un des plus grands clubs de l’histoire du football belge, malheureusement disparu depuis 1999. Après 21 matches, le Nigérian quitte le club avant que ce dernier ne redescende en Division 3 et rejoint l’Eendracht Alost, club qu’il côtoiera le plus longtemps.
Promu en Division 1 belge, l’Alost voit en 1991 débuter son âge d’or. Après une relégation rapide en seconde division et une saison supplémentaire ensuite en Division 2, le club belge remonte en première division et manque de peu les places européennes. L’attaquant Gilles De Bilde reçoit le Soulier d’Or et le club alostois montre qu’il a fait peau neuve et qu’il est un club sérieux de la première division belge. Des résultats auxquels a grandement participé Godwin Okpara, élu meilleur joueur africain du championnat belge en 1995 (soulier d’ébène belge), et qui lui permettent en 1996 de rallier le championnat français et plus précisément le RC Strasbourg après 98 matches et un but.
Première saison en Alsace et premier trophée collectif pour Godwin Okpara qui remporte la Coupe de la Ligue face à Bordeaux. A Strasbourg, le Nigérian participe à 117 matches et inscrit 7 buts. Il sera de la partie lors du joli parcours européen en Coupe UEFA (qualifications face aux Glasgow et à Liverpool, victoire 2-0 en huitièmes de finale aller face au Milan de Djorkaeff et Ronaldo). Godwin Okpara est désormais un nom connu en Division 1 et, après 126 matches de D1 pour 7 buts (ainsi qu’une participation à la Coupe du Monde 98), le PSG où joue le maître à jouer (et ami du Strasbourgeois) Jay-Jay Okocha, l’enrôle lors de l’été 1999.
A Paris, le Nigérian jouera 22 matches en deux ans et n’aura pas l’apport escompté sur le jeu parisien. Canal+ devenu propriétaire du club à hauteur de 98%, le club parisien recrute et Godwin Okpara n’est pas retenu malgré, en 2000, son titre à la CAN, la finale perdue en Coupe de la Ligue et le titre honorifique de vice-champion de France. Le défenseur central quitte donc le club de la capitale par la petite porte (22 matches) et revient en Belgique où il a brillé auparavant. En 2001, Okpara rejoint le prestigieux club du Standard de Liège. Mais ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’il signe dans le dernier club de sa carrière. Après avoir joué trois ans à Liège (70 matches, 1 but), le défenseur central passe des rubriques sportives aux rubriques faits divers, puis judiciaires. Débute en 2005 l’une des affaires les plus sordides du football européen puisque le défenseur central va être écroué pour viol et séquestration sur une mineure alors âgée de 13 ans : Tina Okpara.
De footballeur à violeur
Achetée sous couvert d’adoption (mais achetée 375 euros au Nigéria), la très jeune Tina (13 ans) servait officiellement de bonne auprès de la famille Okpara. En réalité, la jeune demoiselle était une esclave des temps modernes. Le procès ne durera pas bien longtemps tant les faits sont graves et attestés. Le 29 mai 2007, le procès s’ouvre. Le premier juin, soit trois jours plus tard, la sentence est donnée : l’ancien Parisien est reconnu coupable et condamné à 13 ans de réclusion criminelle pour viols répétés. Sa femme est encore plus lourdement condamnée puisqu’elle écope de 15 ans de prison pour viols également mais aussi torture et actes de barbarie. Quelques jours plus tard, la sentence pour de Godwin est allégée de trois ans, mais le couple restera également sanctionné d’une interdiction définitive du territoire français. Retour sur cette sordide histoire…
Nous sommes le 13 août 2005 lorsque s’échappe de la maison familiale des Okpara une jeune femme de 17 ans. Terrorisée, en larmes, il s’agit de la jeune Tina. A Chatou, dans les Yvelines, la vie est pourtant relativement tranquille. C’est ce que devait se dire la voisine des Okpara avant d’entendre la jeune Nigériane toquer fortement à sa porte. C’est à cette voisine que Tina racontera son calvaire, ce que lui font subir Godwin, sa femme et sa belle-mère. Pourtant, elle pensait quitter les difficultés de la vie au Nigéria lorsque son père Simon, très proche de Godwin, veut « offrir une vie meilleure » à sa fille en l’envoyant en France. « Rien ne me fait plus souffrir que de ne pas avoir été à l’école. C’était pour cela que mon père m’avait fait venir en France. » Aux abords de Paris, Tina s’occupe des quatre enfants du footballeur, s’occupe des tâches domestiques de 6h00 à 1h00 du matin, et dort sur un vieux matelas humide installé dans la cave. « Je me levais à 6 heures, j’habillais les quatre enfants, les emmenais à l’école, faisais les courses, le ménage, la lessive, le jardinage et couchais au sous-sol, tard dans la nuit, sur un matelas trempé. » Pas d’école, pas de camarades, rien. Pourtant, une scolarité lui est promise, mais rien ne vient pour celle qui rêvait alors d’être infirmière. Linda, simulacre de mère adoptive, la maltraite et l’humilie constamment. Et, si c’est c’est à l’époque difficile à croire pour Linda, tout va encore s’empirer. Godwin la viole pour la première fois lorsqu’elle est âgée d’à peine 15 ans, avant de recommencer tous les jours. Pourquoi elle? C’est ce que se demandait sans cesse la jeune Tina. « Parce que toi tu es à la maison, dehors il y a des maladies », voilà ce que lui répondra Godwin.
Les viols se répéteront tous les jours, et la situation s’empirera quand la femme de Godwin surprendra son mari avec l’adolescente. Elle mutilera alors, en compagnie de sa mère, le vagin de Tina à l’aide d’un rasoir et d’injection de piment, en affirmant lui infliger une cicatrice dont elle se souviendra toute sa vie. Mission réussie. Puis, après lui avoir rasé la tête, elles lui ont brûlé le visage en lui écrasant une cigarette sur la joue, et asséné plusieurs coups de pied et de cuillères en bois.
La jeune femme parvient à fuguer une première fois mais les policiers ne la croient pas. Quand elle raconte, dans un français extrêmement limité, que Godwin Okpara, joueur du PSG, la viole, les forces de l’ordre semblent perdre toute logique. Ils disposaient d’une certaine admiration pour les joueurs de football comme l’estimera Tina plus tard. Ils convoquent la famille Okpara, ne pouvant imaginer qu’un célèbre footballeur puisse faire une chose pareille, et renvoient la jeune femme chez ses bourreaux. Retour à la case départ jusqu’à la nouvelle fugue, salvatrice cette fois-ci. Les policiers arrivent suite à l’appel de la voisine, et cette fois-ci font leur travail.
Le procès, symbole de la libération de Tina Okpara
En 2008, la femme de Godwin Okpara sera condamnée à 15 ans de prison pour viols, tortures et asservissement ainsi qu’à une interdiction de présence sur le territoire français. Lors de l’annonce de la sentence, madame Okpara regarda Tina et lui lanca un « Merci, merci beaucoup Tina. Bonne chance en France! » avant d’improviser une danse dans le box des accusés, tenant des propos incompréhensibles en direction de la jeune fille, tête basse. L’ancien footballeur, décrit par les experts comme un être à l’intelligence médiocre et apparu comme « écrasé » et absent lors du procès, a quant à lui a purgé une peine de dix ans de prison et vit aujourd’hui à Lagos au Nigéria. Au procès, le joueur est resté sibyllin et à déclaré « Quoi que ma famille ait pu te faire et quoi que tu dises que je t’ai fait, nous nous excusons ». Interviewé pour l’émission belge De Kleedkamer, l’ancien Parisien continue toutefois de tout nier, comme lors du procès (il n’avait reconnu qu’une seule relation sexuelle avec la jeune fille, en affirmant qu’elle en
avait pris l’initiative) : « Beaucoup de choses ont été dites mais seuls mes enfants connaissent la vérité. Je ne me sens pas coupable mais je suis marqué à jamais. Je vais porter ça jusqu’à la fin de mes jours. En vrai, je ne veux pas reparler du passé. Je regarde uniquement de l’avant ». Un avant toujours marqué par la violence puisque le joueur sera jugé en janvier prochain pour violences sur sa femme Linda en août 2017…
En conclusion du procès, et de cet article, le conseiller de Godwin Okpara, Maître Joseph Cohen Sabban, a déclaré ceci : « On peut avoir des jambes en or et ne jamais rejoindre sa propre histoire, celle d’un petit Nigérian immature propulsé dans l’univers du football rempli de villas et de pique-assiette. »