L’opinion de Quentin Polin : Un manque de compétitivité au sein du PSG?

Je laisse passer la tristesse du Clasico, mais également l’euphorie sur le but de Thomas Meunier face au FC Bâle. La trêve internationale, et le temps, aident grandement à remettre un peu d’objectivité dans ce genre d’analyses. Ce n’est pas sur ces points-là que j’aimerais revenir mais plutôt sur un fait plus intrinsèque à l’équipe, le faible temps de jeu des principales recrues. Le match face à Rennes et la blessure de Cavani biaisent légèrement les analyses en terme de temps de jeu, mais confirment en terme de performance. Je m’explique. On voit souvent Jesé, on voit (trop) souvent Ben Arfa assis sur le banc. Côté terrain, on voit très souvent Di Maria alors qu’il n’est pas au niveau auquel on l’attend. Son rôle d’attaquant au PSG met en avant ses difficultés puisque Di Maria est un milieu de terrain. Sur la pelouse, on voit aussi Lucas. Pas mauvais, plus décisif mais encore brouillon dans le jeu. Il y a bien un manque de mise en compétition, c’est assez évident. Et cela est dommageable sous deux aspects différents.

Le premier de ces aspects est psychologique. J’entend par-là qu’Unai Emery est arrivé au PSG avec une réputation d’entraîneur qui fait souvent tourner, on s’est donc dit que la concurrence ferait la loi. La loi du mérite, en somme. Une impression corroborée par la fameuse scène des bouteilles d’eau en conférence de presse. Mais, a bien y regarder, à Séville lors des matches-clé, en championnat ou en coupe, Emery conservait les même compositions, la même ossature. Di Maria n’est pas au niveau, pourtant il est sans cesse titularisé alors que d’autres joueurs se donnent à fond aux entraînements mais s’installent constamment sur le banc le week-end venu. Tout cela va un peu à l’encontre des préceptes d’Unai Emery. Pourtant, à sa décharge, le Basque veut créer un amalgame, une émulsion collective à travers les résultats sportifs. Mais pendant ce temps-là, le joueur se battra à l’entraînement et verra que, quoi qu’il fasse, il sera remplaçant. Il risque d’y avoir une cassure. Les joueurs font bonne figure et c’est tout à leur honneur. Mais pour combien de temps? L’impact se répercute également sur les joueurs alignés. Si eux-même voient qu’il y a comme une impression de « dés pipés », que même s’ils sont moins performants à l’entraînement ils seront tout de même alignés, leur motivation risque d’en être altérée. Encore faut-il, il est vrai, que les remplaçant soient bons au Camp des Loges. Emery y est, nous beaucoup moins. Jugé indéboulonnable, le trio du milieu de terrain est de plus en plus mis à mal depuis l’éclosion de Rabiot, réputé très motivé aux entraînements. Au grand dam de Krychowiak.

D’un point de vue physique, et on l’a remarqué face à Rennes, que se passe t-il si Cavani se blesse ? Si Di Maria se blesse ? Les joueurs susceptibles de les remplacer, Ben Arfa et Jesé s’il faut parler clairement, sont à court de forme puisqu’ils ne jouent que d’infimes bribes de matches. Ils ne peuvent pas prouver. Lors de leurs entrées, soit ils joueront collectivement et auront donc du mal personnellement à sortir du lot, soit ils joueront pour eux, pour prouver leur valeur, et ne joueront pas pour l’équipe, ce qui excédera Unai Emery. Donc si les joueurs viennent à remplacer sur une longue période l’un des titulaires, ils seront à court de forme, avec des automatismes manquants puisque les matches sont un facteur moteur pour les acquérir. Tout cela se travaille autant à l’entraînement que sur le terrain. Les joueurs comme Ben Arfa, comme Matuidi, ont besoin de jouer, de faire tourner la machine pour atteindre un rythme de croisière. Pour les bienfaits de l’ensemble, ne vaudrait-il pas mieux injecter un peu de graisse dans les rouages? L’Espagne, ce n’est pas la France. Les mentalités sont différentes, l’esprit français est à prendre en considération. Je ne le cautionne ni ne le comprends mais ne pas faire jouer un joueur qui estime en avoir le mérite, tu peux vite le perdre. Les joueurs n’ont pas toujours cette capacité à rebondir face à l’adversité, malheureusement. Certains matches apparaissaient largement à la hauteur des remplaçants du PSG, pourquoi ne pas en profiter pour permettre à certains de montrer qu’ils veulent se battre? Jesé, Ben Arfa, dans une moindre mesure Rabiot, Meunier également? Cela permettrait également de faire jouer quelques fins de matches à des jeunes comme Augustin, Ikone, Nkunku, voire Callegari. Et pas certain que certains cadres ne soient pas ravis de rester à la maison par moment plutôt que voyager sur des terrains gelés cet hiver. Si seulement le PSG n’avait pas perdu face à Monaco et à Toulouse, il aurait sûrement un peu plus d’avance sur ses concurrents et auraient ainsi pu plus souvent faire tourner.

Je garde toujours confiance en Emery. Depuis peu, on voit une équipe du PSG qui tourne mieux, plus agressive sur le porteur du ballon, qui joue plu direct, et surtout qui a arrêté les corners à la rémoise. Et je reste persuadé que d’ici peu, le club de la capitale entrera dans une routine de performance qui lui sera bénéfique. Mais, rien n’empêche de se questionner sur ce qui ne marche pas tout à fait. Et si le PSG doit jouer avec les même joueurs et que les statuts sont à prendre en compte, soit, tant que l’équipe gagne. La fin justifie les moyens dit-on. Mais dans ce cas-là, que l’on ne nous parle pas de concurrence. Trois joueurs semblent clairement souffrir de tout cela: Krychowiak, Jesé et Ben Arfa. Trapp se trouve dans une position délicate mais joue à un poste où il est plus difficile de faire tourner. Alors le problème n’en est que plus vaste : il y a t-il un manque de turn-over au PSG, ou Emery estime-t-il que ces trois joueurs n’apportent pas de plus-value ? Et pourtant il n’y a qu’un seul moyen de se faire une idée, voir les joueurs en action. Le Polonais déçoit, excepté son entrée en défense centrale face à Bâle où il a été plutôt bon, Jesé laisse voir par intermittences de belles promesses mais ne semble pas investi totalement dans le projet PSG. Ben Arfa quant à lui semble motivé à sauter les barrières et, petit à petit, montre des choses de plus en plus intéressantes mais dans un temps de jeu extrêmement réduit. Le calendrier chargé du club permettra de se faire une idée, à moins que la venue de Giovani Lo Celso ne biaise également la donne.

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