Adrien Rabiot a-t-il désormais l’étoffe d’un grand d’Europe ?

Auteur d’un match remarquable face au FC Barcelone, le jeune milieu de terrain du PSG a prouvé une nouvelle fois que lorsqu’il s’en donnait les moyens, il pouvait toiser les plus grands joueurs d’Europe à son poste.

Légèrement montré du doigt ces dernières semaines pour sa nonchalance sur le terrain et son manque de régularité, Adrien Rabiot n’a même pas laissé les étincelles s’embraser qu’il avait déjà éteint le feu des critiques. Il faut dire que la réception du FC Barcelone, additionnée à l’absence de Thiago Motta, était un révélateur idéal pour connaître la forme du milieu de terrain français, dans l’une de ses plus grosses rencontres de la saison.

Bref, la pression était sur les épaules du jeune titi parisien, qui allait avoir la lourde tâche de distribuer le jeu, devant des Catalans habitués à mettre le pied sur le ballon dans l’entrejeu, justement. Et Rabiot a clairement enterré très profond tous les doutes qui pouvaient peser sur son niveau : qualité de passe (malgré quelques approximations sur les centres), relances ingénieuses, vision du jeu claire, solidarité louable avec ses coéquipiers (en témoignent ces moments où il a aidé Verratti à récupérer des ballons ou Meunier à conserver les siens). C’est d’ailleurs lui qui est à l’origine du second but de Julian Draxler, se battant avec toute sa hargne pour voler le ballon collé aux crampons de Lionel Messi. Et c’est cette récupération qui a offert le ballon de la passe décisive à Marco Verratti.

Rabiot a été combatif, généreux et terriblement impactant dans les duels (il en a remporté 9 sur les 14 disputés). Il a d’ailleurs récupéré 12 ballons (le record de la rencontre), intercepté 4 passes catalanes, et gagné pas moins de 16 ballons au milieu de terrain. Il a même touché 79 ballons lors la rencontre, un record côté parisien.

Adieu donc, cette supposée « nonchalance », car quand Rabiot le veut, il a l’étoffe d’un milieu de terrain technique et qui se veut physique. Accompagné de Matuidi et de Verratti, Rabiot a tout simplement broyé le milieu de terrain catalan, tant son volume de jeu a été impressionnant.

Défensivement comme offensivement, entre les défenseurs ou les attaquants, sur le côté gauche ou droit, le n°25 du PSG a été irréprochable, malgré son carton jaune récolté dès la troisième minute, et qui aurait pu freiner bien des intentions. Messi, Iniesta, Busquets, Gomes… Tous ont fait les frais de son énergie mardi soir.

Pourtant positionné en sentinelle, un poste qui n’exploite pas toujours son plein potentiel, Adrien Rabiot a toujours créé des situations de supériorité numériques quand ses coéquipiers ont accompagné les actions. L’international français répond à l’appel du jeu.

Même Zinédine Zidane, dieu vivant du milieu de terrain, a encensé le jeune international français : « S’il y avait peut-être quelqu’un à ressortir qui m’a impressionné, bon tous ont été impressionnants, mais c’est vrai que Rabiot a été exceptionnel. »

Mais fallait-il vraiment attendre ce « match référence » pour connaître l’étendue du talent de Rabiot ? Bien sûr que non. Sa précocité ? Nombreux sont les coaches à l’avoir déjà vue.

Son assurance dans les grands matches ? Déjà mise en évidence, notamment dans le match de poule contre le Real Madrid, au Bernabeu la saison dernière, dans lequel le jeune Parisien avait dû remplacer au pied levé un Marco Verratti blessé dès le quart d’heure de jeu. Et pour remplacer le petit génie, il avait été juste étonnant de justesse face aux Merengue.

Une prestation qui n’est pas sans rappeler ses impressionnantes performances en huitièmes de finale face à Chelsea la saison dernière (2-1, match dans lequel il avait d’ailleurs marqué), ou face à Manchester City (2-2, où il avait à nouveau trouvé le fond des filets). Une habitude de briller, donc pour un jeune de 21 ans, qui compte déjà 22 matches de Ligue des champions depuis le début de sa carrière.

Une données d’ailleurs remarquable, quand on sait qu’aucun milieu de terrain en Europe ne comptabilise autant d’expérience sur la scène européenne que lui : il est le seul joueur de moins de 22 ans à son poste à compter au moins 20 matches européens à son actif. Derrière lui, des joueurs tels que Saul Niguez (24 matches), Oliver Torres (24) ou Mateo Kovacic (24) sont déjà plus âgés que lui…

Un parcours précoce

Rabiot, qui a enfilé ses premiers crampons à 6 ans à Créteil a toujours été très vite dans sa progression. Celui qui a intégré le PSG a 15 ans était même devenu le plus jeune joueur du club à démarrer une rencontre de Ligue des champions (17 ans et 7 mois). Aujourd’hui, rares sont les milieux de terrains sur le continent à pouvoir prétendre, comme lui, avoir déjà cumulé 162 matches toutes compétitions confondues sous le maillot d’une grande équipe de l’élite européenne.

Elles sont loin, les heures où Rabiot était réduit à son statut de jeune pétri de talent mais beaucoup trop arrogant, protégé par une mère-agent caractérielle et trop médiatique. Il est loin, le temps où Rabiot réclamait du temps de jeu loin de la capitale, irritait sa direction et frimait dans les médias avant d’être sanctionné du côté de la CFA.

En septembre dernier, Unai Emery disait encore de lui en conférence de presse : « Je crois qu’il a un grand avenir en tant que joueur du PSG et en équipe de France. Il a une grande capacité pour faire des efforts et de grandes qualités. J’ai parlé avec lui, je crois qu’il peut encore faire plus. » Et visiblement, le successeur naturel de Thiago Motta a reçu le message puisque désormais, c’est l’Italien qui va devoir montrer qu’il est en mesure de concurrencer l’un des petits prodiges de la capitale.

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