[Focus n°7] Michel Bibard, le Canari du Parc des Princes (avec sa participation)

Michel Bibard est né le 30 novembre 1958 à Amboise, ville d’Indre-et-Loire de 13.000 habitants. C’est à l’Olympique de Saumur, club de l’ancien stéphanois Eduardo Oliveira, qu’il fait ses premiers pas de footballeur à l’âge de 9 ans. Il y apprendra les bases du football durant 8 ans avant de rejoindre le centre de formation du FC Nantes où il rencontre l’homme des premiers titres nantais, José Arribas, Jean Vincent ainsi que Jean-Claude Suaudeau, alors entraîneur de la réserve et directeur du centre de formation.

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« Je me suis entraîné avec les pros la deuxième année. Je jouais avec des grands joueurs, dont des internationaux. J’étais plutôt timide et surpris. J’étais dans un très bon centre de formation. On habitait dans un immeuble, on y dormait et on y mangeait, on venait nous chercher en car pour aller s’entraîner. J’ai beaucoup de souvenirs de cette époque, je me souviens de madame Suzon qui s’occupait de nous, elle était formidable, c’était notre maman. Avec José Arribas c’était un autre monde, j’ai dû m’adapter et prendre de nouvelles habitudes pour être au niveau. » 

Il terminera sa formation avec les Canaris avant de participer son premier match professionnel le 29 janvier 1977, face à Sochaux. Dès cette saison il deviendra Champion de France après seulement un match. Ses premières saisons, Michel Bibard apparaîtra épisodiquement au sein de l’équipe nantaise, le joueur étant soumis à une forte concurrence, mais aussi parce qu’il se blesse gravement aux ligaments du genou lors d’un match face à Troyes. Une blessure qui régira la suite de sa carrière puisque la rééducation se passe mal et l’handicapera jusqu’au bout.

« J’ai pris beaucoup d’anti-inflammatoires en fin de carrière, j’ai eu des hauts et des bas. A cause de ça, je vais devoir porter une prothèse vers mes 60 ans. Je me suis fait opérer deux mois plus tard que prévu car la radio passée à Nantes n’avait rien décelé. Deux fois je me tords le genou, je souffre. Je monte à Paris pour rencontrer le docteur Lemaire, il me dit que j’ai une rupture des ligaments croisés antérieurs, il a donc réalisé ce que l’on appelle la méthode Lemaire (ligamentoplastie extra-articulaire, plus d’informations ici). Il m’a opéré, et au bout de trois mois j’ai pu rejouer, en CFA pour débuter. »

Après un titre en 1977, une Coupe de France 1979, même s’il ne joue pas la finale, et deux positions de vice-champion de France en 1978 et 1979, il participe tout de même à des matches européens et deviendra Champion en 1980, après 27 matches professionnels, ainsi que vice-champion de France 1981. Mais sa carrière décollera dès 1981. Michel Bibard inscrit un but lors du premier tour de la Coupe UEFA, le 29 septembre 1981 face au KSC Lokeren et, match après match, l’arrière latéral s’impose au sein de l’équipe nantaise. Il participera à 34 matches lors de la saison 1981-1982. La saison suivante sera tout aussi bonne puisqu’il jouera 32 matches et sera Champion de France pour la troisième fois et participe également à la finale de Coupe de France face au PSG le 11 juin 1983 (victoire 3-2 du PSG).

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« On était Champion, on pensait faire le doublé. Le PSG était irrégulier en championnat, mais performant en coupe. On menait mais Susic fait la différence. On aurait aimé faire le doublé, mais il faut accepter, Paris a été plus efficace. »

A partir de là, Michel Bibard sera considéré comme un titulaire a part entière au sein de cette équipe nantaise et tape dans l’œil d’Henri Michel avec qui il a évolué sous le maillot nantais, et qu’il côtoiera longtemps, que ce soit en Equipe de France ou au PSG. Le sélectionneur de l’Equipe de France le convoque pour participer aux Jeux Olympiques de 1984 en compagnie de ses coéquipiers nantais José Touré et William Ayache. Il fait ses premiers pas en Bleu en entrant en jeu face à la Yougoslavie le 8 août au Rose Bowl de Pasadena et sera donc Champion Olympique cette année-là.

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« On est parti là-bas, on se connaissait tous. On va à Los Angeles, on était sur la côte est. Je rentre à la place de Didier Sénac qui se blesse. On vit un rêve. On va aux prolongations, c’était un match rugueux mais on gagne 4-2. On va en finale, c’est incroyable. C’était un rêve de jouer face au Brésil et ont fait l’exploit de les battre 2-0. C’est l‘un de mes meilleurs souvenirs. »




Quelques mois plus tard, il participera aux éliminatoires de la Coupe du Monde 1986. De quoi attirer le regard du PSG entraîné par Gérard Houllier. Michel Bibard quitte donc le FC Nantes après 185 matches, 6 buts et une quatrième position de vice-champion de France. Il s’envole pour le PSG de Francis Borelli, en compagnie de Fabrice Poullain avec qui il a évolué au FC Nantes depuis 1980.

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« Ce fut difficile de partir de Nantes, mais Francis Borelli m’a convaincu. L’impression était bonne. J’ai passé les meilleurs moments de ma vie à Nantes, mais je devais débuter une autre histoire. Finalement, malgré la Coupe du Monde qui approchait, j’ai bien fait de prendre ce risque. Il a fallu m’adapter, mais j’ai eu un bon président qui était toujours avec nous. Houllier avait fait ses preuves, Paris avait fait un très bon recrutement. »

Entre temps, il participe avec les Bleus à la Coupe intercontinentale des nations face à l’Uruguay le 21 août 1985 aux côtés de son nouveau coéquipier Dominique Rocheteau (victoire 2-0). Sa première saison au PSG sera concluante avec 41 matches et un but inscrit en Coupe. Il remporte cette année-là son 4ème et dernier titre de champion de France.  Aux côtés de joueurs tels que Luis Fernandez et Safet Susic, Michel Bibard semble encore en progrès et participe donc logiquement à la Coupe du Monde 1986. Il sera par ailleurs titulaire face à la Belgique le 28 juin (victoire 4-2).

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« Henri Michel avait décidé de faire jouer les coiffeurs. Cette Coupe du Monde, ce fut un moment exceptionnel. Aller au Mexique et jouer la Coupe du Monde, c’était exceptionnel. Y compris ce match pour la troisième place. »



Le 21 mai 1988, il participe à la dernière victoire (1-2) au Vélodrome avant le 9 mars 2003 et le festival de Ronaldinho.

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« La troisième saison avec Gérard Houllier fut catastrophique. On est champion la première année, pas bon la deuxième, catastrophique la troisième. On se sauve lors de ce match face à l’OM, on était tous solidaires. C’était un match important. »

En 1989, il sera pour la cinquième et dernière fois vice-champion de France. Il retrouvera Henri Michel en 1990-1991 lors de sa dernière saison au PSG. Michel Bibard a donc vécu l’aventure parisienne post-ère Canal+.

« Avant Canal Plus, les résultats étaient moins bons. Avec Tomislav Ivic (1988-1990) on termine deuxième. Avec Henri on termine six ou septième (neuvième, ndlr). On savait que Canal+ allait reprendre le club. Il y a eu de gros changements, ils avaient leur nouvel entraîneur (Artur Jorge), un nouveau président (Michel Denisot), ils ont changé l‘équipe. J’avais 32 ans, tout a une fin. On était sur la fin. »

Il finira sa carrière au Sur club, club du Sultanat d’Oman, où il évoluera une saison aux cotés de Philippe Jeannol mais ils perdront aux pénalties la finale de la Coupe du Sultan Qaboos.

Michel Bibard, après sa carrière, décide donc d’ouvrir un restaurant avec Joël Bats à Rueil-Malmaison, restaurant où le PSG viendra fêter son titre de 1994.

« J’ai encore les photos avec les anciens. C’est Joël qui a eu l’idée. L’ambiance était très festives, les joueurs étaient très cool et les dirigeants très heureux. C’état le titre, il fallait le fêter. »

Puis Michel ouvre un hôtel-restaurant un an après, à Châtenay-Malabry. Il en sera le directeur jusqu’en 2000. En même temps, il devient entraîneur et fait ses gammes avec les moins de quinze ans de Rueil-Malmaison dans les Hauts-de-Seine. Il y officiera durant huit ans avant de rejoindre le PSG où il prendra en main une saison les U17 nationaux. A Paris, il aura sous ses ordres Frank Dja Djédjé (Al-Shahaniya SC, Qatar) et Rudy Haddad (Hapoël Ashkelon). Il retourne ensuite à Rueil-Malmaison où il officie cette fois-ci comme entraîneur de l’équipe senior durant 5 ans (2002-2007).Il rejoint ensuite brièvement, trois mois, le FC Saint-Leu PB 95 avant d’officier depuis janvier 2008 en tant que directeur sportif du FC Saint-Cloud.

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« Je suis toujours dans le milieu du foot, je m’y sent bien. C’est bien, le foot amateur. Il y a une bonne ambiance. Je suis quelqu’un qui reste longtemps dans les clubs. Tout se passe bien pour moi, c’est ma passion le ballon. »

« J’ai une énorme pensée pour Henri Michel qui est souffrant. C’est une personne importante. Je pense très fort à lui. »

Un grand merci à Michel Bibard pour son agréable participation.

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