2010-2011 : la saison de tous les dangers
Le PSG débute sa saison ce soir face à l’AS Saint-Etienne, une saison pleine d’incertitudes et de danger. Supporters, actionnariat, Parc des Princes, résultats… le PSG joue gros pour son avenir. Explications.
C’est donc ce soir que le PSG va entamer sa 37ème saison
d’affilée dans l’élite du football français. Et si par le passé le
club a souvent débuté son championnat dans l’inquiétude, cette fois
c’est avec le trouillomètre à zéro que dirigeants et supporters
s’avancent vers cette reprise estivale. Car à l’inquiétude
habituelle s’ajoute aujourd’hui l’incertitude et la peur du vide
qui pourrait bien guetter le PSG au détour de cette saison pleine
d’interrogations. Assurément la saison de tous les dangers. Une
épreuve de plus pour un club qui a déjà si souvent flirté avec le
précipice, mais qui cette fois pourrait bien basculer de l’autre
côté dans les abimes de l’Histoire, d’où l’on ne remonte que
rarement.
Supporters, sécurité, stade, actionnariat, résultats… autant de
points qu’il va falloir suivre de prêt et qui nous permettront, au
fil de cette saison, d’échafauder tous les scénarios, du plus
jubilatoire (si c’est possible) au plus inquiétant.
Quelle ambiance au Parc
?
Ce soir sera testé pour la première fois le plan sécurité en
condition championnat. On l’a vu la semaine dernière avec le
Tournoi de Paris (TdP : en direct du Parc le dimanche), la nouvelle
donne en tribune n’est pas forcément une réussite. Supporters
mélangés, stewards violents et Parisiens privés de chants, ambiance
de kermesse vuvuzelesque sur laquelle plane l’ombre de Feu-Guy Lux…
si l’intention de pacifier le Parc est louable, elle coupe pour
l’instant le PSG de ses supporters les plus assidus qui ne sont pas
forcément les plus violents. Robin Leproux l’a dit
cette semaine : « Je confirme que l’on pourra se lever et
chanter dans les tribunes au Parc des Princes (…) je suis conscient
et je l’ai répété à de nombreuses reprises, que pour pacifier le
Parc des Princes nous demandons un effort pendant cette période
transitoire exceptionnelle à nos supporters ». Wait and
see donc. Aux supporters de profiter de l’occasion pour se racheter
une conduite et prouver une bonne fois pour toutes que les
indésirables ne sont qu’une poignée. Pourquoi ne pas profiter de
l’occasion pour inventer une nouvelle forme de soutien populaire
avec les chants et les tifos qui ont fait la force des Ultras
parisiens, mais sans arrière-pensée politique et dans le respect de
tous. Il y a sans doute là matière à donner un bon exemple à tout
le monde, une ferveur maîtrisée et sans faille pour nos couleurs
qui ringardiserait à coup sûr les Footix de tout poil de nos belles
provinces. Au président Leproux de sentir le bon moment où viendra
peut-être le temps de rendre les clés du Parc à des gens
responsables.
Alors quel public pour ce début de championnat ? C’est la grosse
inconnue. Pour la venue des Verts, on peut imaginer que les
nostalgiques des frères Revelli viendront avec le maillot
Manufrance sur le dos chanter leur gloire passée dans un Parc aux
relents des années 70. Souhaitons qu’ils ne profitent pas de
l’occasion pour en faire des tonnes, ce qui pourrait créer quelques
tensions. Une ambiance étrange donc, qui nous collera au
maillot tant qu’il n’y aura plus d’abonnements en virage. Combien
de temps durera cette période transitoire ? L’ambiance
affectera-t-elle l’équipe, l’arbitrage, les résultats ? On va le
savoir très vite.
Pour qui le bail du Parc des Princes ?
Autre dossier très chaud qui pourrait influer grandement sur
l’avenir du PSG, le bail longue durée du Parc des Princes qui sera
accordé en début d’année 2011. Condition sine qua non pour faire du
business et rentabiliser les investissements de rénovation, le bail
du Parc est indispensable à Colony Capital pour
suivre son tableau de marche. On le sait, le club n’est qu’une
porte d’entrée pour Tom Barrack, big boss de
Colony Capital monde ; il l’ a redit il y a peu : « nous
avons acheté le PSG pour la même raison que l’équipe de base-ball
achetée au Japon: l’immobilier. (…) Autour du stade à Paris,
il y a un domaine très intéressant pour le développement
immobilier. C’est la seule façon de gagner de l’argent avec le
football » (lire l’interview de Tom Barrack). Cruel, mais au
moment du rachat du PSG il n’y avait malheureusement pas foule au
portillon. Autre compétiteur redoutable, Jacky
Lorenzetti, richissime propriétaire (lui aussi
professionnel de l’immobilier), du Racing Metro
92. Si il récupérait la concession du Parc, on pourrait
très bien imaginer qu’il pousse le PSG à la porte avec ses cartons
et ses yeux pour pleurer, rien ne pourrait l’en empêcher, si ce
n’est une clause mise par la Mairie de Paris. Alors, ma bonne dame,
entre la peste et le choléra, que choisir ? Assurément un moment
clé pour l’avenir du club bardé d’incertitudes.
Quel nouveau propriétaire pour le PSG ?
Si Colony Capital récupère le
bail du Parc des Princes, la logique voudrait qu’ils se
débarrassent du club et le revendent illico. Mais à qui ? Russes,
Qataris, Chinois… on entend tout et n’importe quoi en ce moment.
« Des rumeurs » avance
Robin Leproux. En tout cas, qui aurait envie
d’investir uniquement dans une équipe de foot sans pouvoir
commercialiser ce qui est sa principale vitrine, le stade ?
Tom Barrack l’a bien dit, pas d’immobilier pas de
Brouzoufs ! Alors qui va venir s’acheter une danseuse aussi
récalcitrante et exigeante que le PSG, pour l’amour du foot et avec
bourse déliée bien sûr ?! Là encore, on tremble un
peu.
Quelle équipe, pour quels
résultats ?
Oui, le championnat qui débute ce soir est plein d’incertitudes.
Tellement plein d’incertitudes qu’à tous les étages, dirigeants,
supporters, sympathisants, on a dû brûler quelques cierges pour
espérer que le salut vienne du terrain. Une belle équipe du PSG sur
la pelouse, conquérante, enthousiasmante… et d’un coup l’espoir
renaîtrait sans doute. Malheureusement, à y regarder de plus prêt,
toutes les conditions sont réunies pour un suspense haletant dont
on se serait bien passé. Alors que l’équipe qui vient d’accueillir
Nenê et Bodmer nous paraît plus
en jambes que d’habitude, un simple coup d’oeil au calendrier
suffit à nous replonger dans l’effroi. Saint-Etienne,
Lille, Bordeaux pour commencer en championnat… on a vu des
mois d’août plus sympathiques. Et que dire du barrage
d’Europa League qui nous attend en guise
d’apéritif contre le Maccabi Tel Aviv ?. On va pas
vous refaire l’histoire sportive et extra-sportive avec les clubs
israéliens, mais le bon président Leproux a dû s’étrangler en
voyant le tirage au sort. Nous aussi. De quoi nous amener quelques
sueurs froides supplémentaires, s’il en était vraiment
besoin.
Alors un seul mot en conclusion, au moment de ce grand saut vers l’inconnu, Allez Paris, où tu es nous sommes là et tous nos voeux t’accompagnent.