De Verratti et Neymar : un mercato qui scelle la rivalité du PSG face au Barça

Le football est une question de hasards, de rencontres, d’historiques et d’émotions. Voilà comment se bâtissent les rivalités : avec le temps, les traumatismes, les joies et beaucoup de rancoeur. Et puis il y a des animosités qui n’ont rien de naturelles. Voilà aussi comment, on aurait pu résumer cette petite habitude qu’a pris le PSG depuis désormais quatre années, de croiser le FC Barcelone sur sa route, comme pour ériger un mur qui n’existait pas il y a peu. Car si les confrontations ont existé avant, jamais elles n’avaient pris une telle dimension que depuis l’ère QSI.

Depuis quelques années, c’est un goût de revanche, d’inaccessible, et désormais n’ineffaçable, que les Parisiens trainent amèrement dans la bouche, à l’idée de croiser des Catalans considérés comme inatteignables.

Sur le terrain, l’avantage est au Barça

C’est d’abord sur l’aspect sportif, que tout se trame. Non, le hasard ne s’explique pas, et c’est pourtant lui qui a mis le Paris Saint-Germain face au FC Barcelone à 8 reprises depuis 2013, sur la route des épopées européennes. Comme une vieille rengaine (avec celle qui mène à Chelsea), ressassée chaque année pour dire au club francilien : non, tu n’es pas encore prêt pour l’Europe.

*Depuis 2013

Parce qu’il faut le dire, sur les terrains, le PSG n’a été que rarement valeureux face aux ogres catalans. Deux petites victoires sur les 8 confrontations : une très poussive mais valeureuse en 2014, durant laquelle on se souviendra longtemps de l’image d’un Marquinhos transcendé par l’effort. Et forcément, la victoire plus récente et tout aussi jouissive en février dernier… Véritable exploit, terni par le revers de médaille en terrain catalan trois semaines plus tard.

Parce que les confrontations entre Paris et Barcelone ont souvent tourné à l’avantage de cette dernière. On se souvient, en 2013, quand Paris était sorti avec les honneurs mais beaucoup d’amertume, en se faisant éliminer avant même d’avoir goûté au plaisir du dernier carré de la C1. Et sans perdre un seul match face aux Espagnols. On se souvient aussi de ce quart de finale indigeste en 2015, où David Luiz inaugurait les portes ouvertes du club francilien dans son propre Parc, avant de finir démoli au Camp Nou face aux vainqueurs de la compétition. Le tout, pour se faire sortir pour la seconde fois par le Barça au stade des quarts de finale de la Ligue des champions.

Et puis on n’oubliera malheureusement jamais cette ultime humiliation vécue en mars 2017. Quand l’impossible devient possible pour eux, et quand l’inacceptable devient réalité pour les Parisiens. Un match qui a d’ailleurs définitivement scellé le rapport de force entre les deux équipes, minées par les piques médiatiques, les provocations, et les tentatives d’influences. Notamment auprès du corps arbitral, le jour du « drame ».

Dans le mercato, le PSG reprend la main

Et puis cet été, non contents d’avoir achevé une saison compliquée, les Parisiens en ont vu de toutes les couleurs. Plus Rouge (de colère) que Bleu, la capitale a difficilement vécu l’épisode Verratti, et la petite guéguerre insufflée par son agent, cherchant à envoyer le petit chouchou du Parc des princes du côté de l’Espagne… Où ça ? Au FC Barcelone évidemment, et quelques mois seulement après le « fameux match ». Non, impossible de digérer cette double humiliation. Comme si le Barça voulait anéantir les ambitions du PSG, tant sur le terrain que dans son effectif.

Un cauchemar pour un club qui s’est aussi bâti autour de son milieu de terrain fétiche, et qui ne comptait vraiment pas le laisser filer, qu’importe le prix déposé sur la table par les dirigeants catalans. D’ailleurs, il n’en fallait pas moins pour que toute la presse ibérique s’enflamme et que certains qualifient le club francilien de « prison ». Plutôt dorée, la cage, alors.

Bref, comme un ultime retour de bâton, la déclaration de l’Italien, qui annonçait vouloir rester au club et se dédouaner des propos de son agent, a été la première pierre d’un édifice qui allait s’ériger à la frontière franco-espagnole.

Car le véritable revirement de situation, c’est bien l’accélération éclair dans un dossier venu de nulle part : le transfert de Neymar au PSG. Neymar, le précieux, le Graal, le potentiel Ballon d’Or, le succésseur de Leo, et le maillon indispensable de cette MSN ultra-jalousée. Oui, le PSG voulait non seulement fermer la porte à Verratti, mais l’ouvrir pour débaucher Neymar sous les yeux impuissants des géants espagnols. Convaincre celui qui avait été le bourreau des Parisiens à rallier la cause Bleu et Rouge sans scrupules.

 

Non, le Barça n’avait pas vu le coup venir, trop préoccupé à regarder dans le jeu des autres sans imaginer qu’ils se faisaient voler la plus belle carte. C’est ce qu’on appelle l’arroseur arrosé, et c’est franchement plaisant. Après avoir voulu faire de Paris sa victime le 8 mars, et poursuivre sa domination en voulant débaucher son meilleur joueur du PSG, il était temps de rendre coup pour coup.

Et quoi de mieux, que de s’offrir celui que Nasser Al-Khelaïfi qualifie lui-même de « meilleure joueur du monde » ? Car oui, Neymar a ce que ses deux rivaux sur le podium du Ballon d’Or n’ont pas, la jeunesse. Il a le talent et l’image, la grinta et le style qui va avec. Il vaut des millions et rapporte déjà, en une petite journée, des millions. Il a les titres sur les étagères et compte en amener beaucoup d’autres au PSG. Oui, Neymar est l’homme idéal pour ce Paris Saint-Germain là, et le Barça a de quoi s’en mordre les doigts. Parce que pendant ce mercato, la remontada, elle est belle et bien côté parisien.

Dans les médias, ça continue

Alors oui, Piqué a publiquement taclé le championnat français, et le président du Barça a tenté en vain de se débattre. Et c’est dignement, fièrement, que les dirigeants franciliens ont mis simplement des avocats au travail pour leur rendre la pareille, dans le plus grand des calmes. (Et puis, le Barça qui fait des leçons de morale sur le transfert de Neymar, c’est un peu l’hôpital qui se fou de la charité, non ?)

Le président de la Liga s’offusque et menace ? Très bien, la Ligue française contre-attaque, comme la preuve que désormais, c’est aussi dans les hautes sphères du football que la confrontation va se nouer.

Rappelez-vous, quand Marca qualifiait le PSG de « prison » pour Verratti… qu’en est-il désormais, du traitement réservé au président du football espagnol, Tebas, qui s’arrache publiquement les cheveux pour retenir un talent légalement convoité ?

Comme un ultime coup de théâtre, c’est désormais la Fédération Espagnole de Football, qui, en vain, tente de ralentir les choses en empêchant Neymar de prendre part au premier match de la saison du PSG. Qu’importe, le PSG restera digne, noble, et vaillant. Il n’aura pas Neymar ce samedi soir face à Amiens ? Tant pis, il l’aura pour les 5 prochaines années, à roucouler sous les fenêtres du Barça.

Si les coups bas sont permis, il faudra désormais se rendre à l’évidence de l’autre côté de l’Espagne : le Barça est battu par K.O.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page