EDITO – Non, si le PSG n’est pas champion, il ne mérite pas d’être lynché ! Fluctuat nec mergitur

Pour beaucoup, la pilule sera certainement très difficile à avaler. Pour les plus jeunes, c’est une contre-performance encore inconnue. Et pour les plus anciens, c’est un douloureux flashback vers ces années pendant lesquelles le foot parisien n’avait pas encore assouvi sa suprématie sur l’Hexagone.
Bref, si le Paris Saint-Germain n’est pas couronné champion de France, le tremblement de terre se fera ressentir bien au-delà de l’Île-de-France.

Car, après la défaite de dimanche soir face aux Aiglons (3-1), les Parisiens ont laissé filé les derniers espoirs – sauf débâcle inespérée du côté de Monaco – de s’offrir un nouveau sacre national.

Il faut dire que dans la capitale, on est habitués aux titres, depuis le rachat du club par QSI en 2011 : douze trophées sur la scène nationale au total, rien que ça. Dont 4 titres de champions consécutifs, en 2013, 2014, 2015 et 2016.

La dernière « surprise » en tête du championnat remonte à 2012, la première année de la refonte du club. Une année durant laquelle Antoine Kombouaré a payé très fort le prix de ses éliminations en coupe de la Ligue contre la modeste équipe de Dijon et en Europa League. Avant que Montpellier n’arrache son titre lors du dernier match de la saison de Ligue 1… Au nez et à la barbe du nouveau coach en place, Carlo Ancelotti, et des recrues de cette saison là, de Blaise Matuidi à Kevin Gameiro, en passant par Maxwell ou Thiago Motta en janvier 2012.

En 2013 puis 2014, les hommes de Laurent Blanc avaient eux aussi été éliminés prématurément de la Coupe de France. Mais depuis, le PSG a tout raflé sur son passage, et le tout Paris semble s’y être accoutumé.

Malgré une marche infranchissable en Ligue des champions (quatre éliminations consécutives en quarts de finale avant la sortie de route face aux Barça en huitièmes), le PSG semblait tout puissant dans cette Ligue 1. Un championnat où le manque criant de concurrence remettait d’ailleurs souvent en cause son niveau réel, aux dires de l’Europe.

Pourtant, cette saison, le club a trouvé en Monaco un adversaire de taille, apprécié de la scène footballistique, conquérant et méritant. Et surtout, devant lui au classement de Ligue 1 à quelques jours de la fin du championnat, une première depuis de nombreuses années. Mais est-ce vraiment une hécatombe ? On ne parle en tout cas pas de saison blanche puisque quoi qu’il arrive, le PSG a déjà glané deux titres nationaux cette saison, avec la Coupe de la Ligue et le Trophée des champions raflé en tout début de saison, et avance vers un sacre encore possible en Coupe de France.

Alors oui, c’est terrible, de ne pas parvenir à ses objectifs quand on a dépensé des moyens pharaoniques pour les atteindre. De ne pas savoir freiner les ardeurs d’un nouveau concurrent arrivé sur la pointe des pieds des méandres de la Ligue 2 pour rafler le plus prestigieux titre du pays. Mais après tout, le football est imprévisible, et bien heureusement, les euros alignés sur les chèques ne résument pas tout, et la fougue de quelques Monégasques valait peut être bien le coup d’être récompensée. Si elle doit l’être. Et nos Parisiens, eux, pour quelques points perdus, la tête en l’air et la course un peu trop suffisante, auront à cette occasion le moyen de se rappeler que rien n’est acquis, pas même en Ligue 1.

L’erreur de parcours n’est pas l’apanage du PSG

D’ailleurs, si tout le petit monde footballistique va se plaire a remettre en cause l’ensemble du projet parisien de fond en comble, il serait bon de se rappeler, aussi, que « l’accident » de parcours n’est pas réservé au PSG. La saison passée, l’exemple Leicester en a été l’incarnation parfaite. Petits poucets de la Premier League, les Foxes ont dévalé la montage du prestigieux football britannique jusqu’à soulever l’un des trophées les plus convoités du continent. Le tout, devant des clubs richissimes habitués à se battre entre eux pour le « big four » en laissant les miettes aux autres.

Alors non, la désillusion n’est pas la chasse gardée des supporters parisiens. Après avoir passé cinq années à truster le sommet de la Serie A, l’Inter a réussi de la même manière à se faire voler le haut de l’affiche par Milan en 2010.

En Espagne, la concurrence est telle que même des clubs comme le Real Madrid ou le FC Barcelone peuvent finir la saison sans aucun sacre… Les Merengue, par exemple, n’ont pas soulevé le titre de champion depuis plus de 4 ans, mais ils n’en demeurent pas les joueurs de l’un des plus grands clubs au monde. Et comme être sur le toit de l’Europe ne change rien, moins d’un an après la fameuse Decima et des recrutements XXL, rien n’avait empêché le Real de réaliser une saison blanche en 2015. Une saison sans titre qui n’est pas sans rappeler celle du Barça en 2014, quand le club s’était fait volé son titre par l’Atletico, tout en perdant la Copa Del Rey face aux rivaux madrilènes.

Bref, rien ne garantit toujours que les plus forts gagnent, ni que les titres s’enfilent comme des perles quand on a commencé le collier. Et dans le foot comme ailleurs, Unai Emery n’a pas complètement tort, la concurrence, ça ne fait jamais de mal à personne.

Et puis, ceux qui saisiront cette défaite pour dire combien « ce PSG est moins bon », devraient regarder de plus près les performances du club les saisons passées. Oui, le PSG a déjà 80 points au compteur, soit 6 de plus (au même moment) qu’en 2013 et 2015, et seulement 3 de moins qu’en 2014. Alors hormis la saison exceptionnelles des Parisiens en 2016, le bilan est foncièrement le même, sauf que le PSG ne faisait pas face à un tel adversaire, tout simplement. Dans son hégémonie, le club de la capitale n’avait plus connu une telle concurrence depuis une demi-décennie, voilà tout. Le PSG n’est pas forcément « plus nul », mais il faut aussi prendre le championnat avec un spectre plus large, pour se rendre compte qu’il a peut être trouvé « plus fort ».

Alors, pas si catastrophique, cette saison ?

Les amoureux éphémères du club francilien prendront certainement ce premier prétexte pour tourner les talons, suivant de près ceux qui ont lâché le club à terre, après la défaite face à Barcelone. D’autres seront forcément (et à juste titre) déçus, navrés, écœurés même, mais réussiront peut-être a relativiser en se rappelant qu’il y a quelques années encore, alourdir son étagère de trois nouveaux trophées et se battre jusqu’à la dernière journée pour être champion, ce n’était pas du tout cuit, loin de là. Que les stars du football mondial ne fleurissaient pas dans le vestiaire parisien, que les tribunes du Parc ont connu des heures plus sombres et que participer à une Ligue des champions, c’était déjà une belle récompense pour la sueur déversée sur un maillot rouge et bleu à l’héritage princier.

Alors oui nous pouvons et devons critiquer, interroger, chercher les failles et tenter d’y trouver quelques réponses pour l’avenir. Être en colère est normal dans la défaite. Mais même s’il serait indécent d’exiger d’être insensible, tentons de relativiser un peu. Tout n’a pas été perdu en une seule saison, comme le talent des Parisiens ne s’est pas envolé en 7 minutes au Camp Nou. Tout n’est pas a jeter, loin de là, et peut-être que le meilleur est à venir. Aimer profondément le football, c’est s’époumoner dans les victoires, mais avaler sa fierté dans les défaites, et continuer d’être là, encore, pour soutenir et espérer le meilleur. Ne jamais rien lâcher, parce qu’il serait trop facile et tentant de saisir l’opportunité d’oublier quel club est Paris quand il nous fait vibrer.

Et puis le PSG a encore de belles heures à vivre, et une Coupe de France à aller chercher. Plus que jamais, il aura besoin de ses supporters et de leur fidélité dans la tempête. Ne soyons pas ces enfants gâtés par le football, trop habitués aux victoires pour tout lâcher dans la défaite. Trop habitués à tout gagner pour se rendre compte que oui, c’était un exploit jusque-là, et qu’il faudra se relever tous ensemble.

Non, le PSG ne sera certainement pas champion cette saison, mais il devrait tout faire pour se donner les moyens de l’être la prochaine, et les supporters eux, seront certainement là pour relever un nouveau défi qui sera tout sauf acquis. Mais après tout, c’est aussi parce que le combat est difficile, qu’il a du goût.

Et puis rappelez-vous… Chers supporters : c’est maintenant que le PSG va avoir besoin de vous !

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