Emery (2/2) : « Quand je parlais de contrer ils pensaient que je voulais jouer en contre, mais non » (MAJ)

Dans une très longue interview accordée à El Pais, Unai Emery fait le point. Canal Supporters vous propose une traduction de ses propos. Deuxième partie.

El Pais : Marquinhos est convoité par Madrid, le Barça et City. Il est aussi bon que cela ?

Unai Emery : C’est un top player et il veut perdurer. Il écoute. Il est exigeant en terme de capacités et de comportement. Quand tu recrutes un joueur, tu recrutes des capacités, des aptitudes, pas un comportement. Marquinhos, pas besoin de lui demander d’écouter. Il va sur le terrain, et il demande « Mister, que faut-il faire ? ». Barcelone l’a voulu cet été. Mais il est reconnaissant vis à vis du PSG qui lui a donné l’opportunité d’être chez un grand. l’idée d’aller au Barça a pu lui plaire, mais il respecte ce que le PSG lui a donné. Cela dit aussi beaucoup sur le joueur complet qu’il est.

Cavani peut-il succéder à Ibrahimovic ?

Une des choses qui m’a le plus marqué quand je suis arrivé, c’est ma première discussion avec lui, au téléphone. Il m’a dit « J’aime le football ». Quand tu entends cela dans la bouche d’un footballeur, tu le respectes. Beaucoup le disent, lui en plus il le montre. Il a été dans l’ombre d’Ibrahimovic, placé sur un côté. Aujourd’hui il a l’opportunité de jouer dans l’axe. C’est quelqu’un d’humble. Et je lui ai dit qu’il devait avoir l’humilité de comprendre qu’il peut améliorer des choses. L’humilité c’est reconnaître qu’on peut faire plus. je suis optimiste à son sujet.

Pourquoi ces débuts difficiles en Championnat ?

C’est un processus en cours. Cette équipe ne contrait jamais. Et pourquoi pas ? Quand tu as l’opportunité dans un match de contrer, il faut le faire ! Quand un adversaire se retrouve dans une position haute et qu’il y a des espaces, il faut tout de suite les exploiter. Au début, quand je parlais de contrer ils pensaient que je voulais jouer en contre, mais non… Ce n’est pas ce que je veux. Je veux qu’on puisse saisir l’opportunité de le faire. Moi, je veux qu’on ait le ballon mais qu’on regarde le but adverse. Je veux qu’on récupère tout de suite le ballon. Le gardien de but a le ballon, on va le presser, c’est le défenseur central ? On va dessus. C’est une mentalité à avoir.

Une méthode soluble dans le football français ?

La culture française, c’est le jeu individuel. Un joueur te dira : « J’ai fait ma tache. Tu m’as dit de marquer ce joueur, je l’ai fait ».  Non. Quand un joueur a une zone assignée, il peut avoir un adversaire assigné. Mais le football est un jeu de mouvement, on peut se retrouver en infériorité numérique, il peut y avoir des permutations… Dans ce cas, le joueur assigné n’est plus le même. Ici, on pense en terme de duels individuels, chacun sa zone pour récupérer le ballon. Il faut s’adapter à la situation de match. Faut-il s’intégrer à la culture locale ? Il faut avoir l’équipe la plus compétitive possible.

France Football vous a traité de pyromane ?

Je ne sais toujours pas à quoi ils se réfèrent… Je passe par la personne pour arriver au footballeur, pour savoir comment le stimuler. Il faut être doux avec certains, agressif, provocateur avec d’autres. Au PSG, j’ai une équipe assez responsable, assez mûre. Il faut apporter de la confiance.

L’environnement et le vestiaire

Dans ce genre d’équipe, avec des footballeurs qui ont beaucoup gagné de titres, les joueurs t’observent, te testent. Ils sont les premiers à te juger. Je sais qu’ils me regardent à la loupe. L’environnement m’importe peu, ce qui compte c’est ce qui se passe en interne. Je veux être crédible au yeux des joueurs, être leur professeur. Leur apporter du savoir. C’est un objectif. Je le dis aux joueurs, je ne suis pas celui qui en sait le plus. Mais je travaille pour progresser. Si toi tu vois le match une fois, je le vois 5 fois, je veux en voir plus que quiconque. Je vois le match 12 fois puisque nous sommes quatre techniciens à le regarder 3/4 fois. On concrétise ce travail par des schémas qu’on montre aux joueurs. En direct, 50% des choses m’échappent. A chaque visionnage, j’en vois plus. Des personnes depuis les tribunes voient mieux le match que moi. Mais je délègue et travaille pour en savoir plus que quiconque. Et ça je le transmets aux joueurs.

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