
Verratti : « Quand on ne joue pas bien, évidemment, je suis triste »
Il est l’un des chouchous du Parc et des supporters parisiens, Marco Verratti est aussi un élément essentiel du PSG. Arrivé à l’été 2012, l’Italien est devenu l’un des meilleurs à son poste et une référence dans le football mondial. Son point faible ? Ses absences trop répétées ces dernières années. À une semaine du match aller de la Ligue des Champions contre le Real Madrid, le « petit hibou » est revenu pour L’Équipe sur les caractéristiques de son jeu, son évolution mais aussi l’absence de jeu dans son équipe. Extraits choisis.
Le poste de sentinelle :
« Avoir des statistiques ? Non, je ne pense
pas. Je ne joue pas pour marquer. Je joue pour faire bien jouer
l’équipe. Mais, dans le football d’aujourd’hui, faire
cinq, six, sept buts par saison… Après, cela dépend dans quelle
équipe vous évoluez. À Paris, avec Mbappé, Neymar, Messi,
Di Maria, qui marquent autant, cela se voit moins. Dans
une équipe comme la Juventus, par exemple, les buts des défenseurs
ou des milieux rapportent beaucoup. Parce qu’ils n’ont pas les
attaquants qui marquent quarante buts.
Avoir la pression devant son but ? En fait, je me sens
à l’aise, c’est ma façon de voir le football. Je ne veux jamais
frapper un ballon juste pour le dégager, sans savoir où il va
aller. Si j’attire deux ou trois adversaires sur moi, cela
veut dire que je libère aussi un ou deux coéquipiers. Je veux
réussir la passe qui va déclencher une action. J’aime ça.
Je sais que, parfois, c’est dangereux. Perdre un ballon dans cette
zone peut exposer mon équipe à un but. Mais il faut prendre ses
responsabilités. Si on est là, c’est parce qu’on a du
talent, des qualités que d’autres n’ont pas. Cela a toujours été ma
façon de jouer et je ne la changerai jamais. Même si on encaisse un
but à la suite d’une perte de balle.«
Le jeu collectif du PSG :
« Quand on ne joue pas bien, évidemment, je
suis triste. Cela peut arriver de gagner sans bien jouer, oui, mais
moi, je préfère toujours arriver au résultat avec un beau
jeu. Avec les joueurs qu’on a, on ne peut
pas se contenter d’une victoire. Il faut toujours
s’améliorer. Chacun d’entre nous doit penser qu’on peut faire plus.
Et on doit faire plus.
Je ne serai jamais un joueur qui marque vingt buts par
saison ou fera dix passes décisives. À mes yeux, le principal est
de mettre mes coéquipiers à l’aise, en bonne position pour
se procurer des occasions. Alors, quand j’arrive à faire une passe
entre les lignes pour Messi ou Neymar, cela peut provoquer du
danger. C’est ça mon rôle : avoir le contrôle du match, savoir
quand accélérer le jeu et quand le calmer.
Plus direct dans mon jeu ? De ce point de vue, j’ai pas
mal progressé. Avant, je tenais beaucoup plus le ballon que
maintenant. Désormais, je sens mieux quand je dois le conserver et
sentir la pression de l’adversaire avant de faire une passe qui
l’éliminera. Une bonne passe, c’est comme un bon dribble.
Avec l’expérience, j’ai appris à sentir quand il faut garder la
balle et le moment où il faut la lâcher.«
La France et la Ligue 1
« Vous savez, la Ligue 1, pour une grande
équipe, est sans doute l’un des Championnats les plus difficiles.
Vous avez en face des joueurs très physiques, très
solides et si, tactiquement, l’adversaire est en
place, sur les contre-attaques, il peut vous faire très mal. La
Serie A est très tactique. Je n’y ai jamais joué mais, quand je la
vois, je me dis qu’une équipe comme le PSG s’y sentirait encore
mieux. En France, quand tu as le ballon, tu dois déjà penser à ce
que sera ton comportement au moment où tu vas le perdre. Tu es dans
la prévention. Pour cette raison, quand tu es au milieu, tu dois
être capable d’exercer un contre-pressing assez vite, donc de
défendre en avançant, pour éviter d’avoir 90 mètres à courir vers
l’arrière.
Mais j’ai grandi en Ligue 1. Je l’adore. Elle m’a
beaucoup appris. Quand je vois des joueurs qui arrivent
dans le Championnat de France sans le connaître, souvent, ils me
disent que ce n’est pas facile. À l’extérieur, il n’est pas vu
comme il le mérite mais c’est un Championnat très
difficile.
La frappe
« C’est sûr que c’est un défaut que j’ai. Mais
c’est aussi lié à ma façon de penser le foot, qui fait que je
préfère la passe à la frappe. En fait, choisir entre
frapper ou passer dépend de l’instant. Je sais que je dois
m’améliorer là-dessus.
La veille de mes deux buts, contre Reims (4-0, le 23
janvier), Messi m’a dit : « Demain, tu me
promets, tu frappes et tu marques ». Il m’a dit ça parce qu’à
l’entraînement, j’avais frappé une fois et marqué. J’ai donc frappé
et j’ai marqué. Oui, je sais frapper. Mais je suis comme
ça. Que voulez-vous, on a tous des défauts. »
Le physique :
« En fait, quand je suis arrivé à Paris, j’ai
eu pas mal de problèmes physiques. J’ai commencé
chez les pros, à Pescara, à l’entraînement, alors que j’avais 14
ans. Je faisais le même travail que les mecs de trente ans. Je
n’étais pas formé physiquement. J’étais encore plus petit que
maintenant. Mais je faisais les mêmes exercices que les adultes.
Mon corps a souffert. Et en arrivant à Paris, j’avais des
douleurs partout. Lors de mes trois
premières saisons au PSG, j’avais du mal à dormir tant j’avais mal
partout. Pendant ces trois années, j’ai joué, j’ai joué, j’ai joué,
parfois sous anti-inflammatoires, jusqu’à ce qu’arrive la première
opération (pubalgie). Après, il est arrivé un moment
où je me suis senti très bien. Mes blessures n’étaient pas graves,
sauf quand il s’agissait de coups sévères. Mais physiquement, je me
sentais très bien.
Si je me sens plus complet ? Je me sens bien.
J’aimerais qu’on prenne encore plus de plaisir. Parfois, quand je
vois qu’il ne me reste que cinq, six ou sept ans à jouer, je me dis
qu’il faut vraiment que je profite de chaque match, de chaque
entraînement et faire toujours plus. »