Céder Verratti ou le retenir ? La question se pose, même si le PSG a tranché

Et voilà, c’est reparti. Il n’aura pas fallu attendre plus de quelques semaines tout au plus pour que les rumeurs autour de Verratti s’embrasent de nouveau, l’agent de ce dernier ayant rendu le terrain particulièrement glissant au cours de la saison, ponctuée de déclarations acerbes envers le Paris Saint-Germain.

Car si le joueur n’a eu de cesse de répéter qu’il respecterait son contrat, son représentant ne s’est pas gêné pour aller au front balancer à qui voulait bien l’entendre que son protégé voulait quitter la capitale pour rêver plus grand… Du côté de Barcelone, par exemple.

Alors que Donato Di Campli, le fameux agent, a rencontré aujourd’hui le nouveau directeur sportif du PSG, Antero Henrique, pour évoquer la situation du milieu de terrain, l’agacement commence à être palpable dans la capitale. Partagés entre l’envie d’arrêter le massacre et de jouer les paillassons, et l’amour pour un joueur unique sur comme en dehors des terrains, les supporters parisiens sont baladés entre la déception et l’envie de persévérer. Mais alors, que doit faire le PSG, céder et le vendre, ou tout faire pour le retenir ?

Difficile d’admettre qu’à un moment, après des mois et des mois de luttes médiatiques avec Di Campli, le PSG devrait céder. Mais céder à quel prix ? Est-ce vraiment une concession, de laisser filer un joueur contre un chèque de 100 à 120 millions d’euros ?

100 millions d’euros, c’est autant d’argent à réinvestir pour se reconstruire. Quel club peut se permettre de refuser un tel transfert pour un joueur (ou un agent, en tout cas) qui, par ailleurs, se considère trop bien pour le club qui a été le chercher du côté de la seconde division italienne ? Il y a quelque chose qui ne reviendra certainement pas, à la rentrée 2017, et c’est cette relation charnelle que le petit hibou entretenait soigneusement depuis 5 années désormais.

En faisant parler Di Campli comme un ventriloque pour se dédouaner de ses véritables ressentis, Verratti s’est ouvert une porte de sortie, avec les supporters en tout cas. Car désormais, en jouant avec leurs cœurs comme un ballon entre ses crampons, Verratti a joué avec le feu – sûrement de son propre gré – pour se détacher du public parisien, et pousser au dégoût, à la fin de l’histoire. La fracture est belle et bien là, et désormais, on est en droit de se demander comment retenir un joueur qui n’a pas envie d’être là, contre son gré ? Pourquoi le forcer à rester s’il estime que le club n’est pas assez bien pour lui ?

Le vendre oui, plutôt que le garder avec son manque d’envie et son amertume. Et puis, quel message cela enverrait aux futures recrues, de le retenir contre vents et marées ? Au moins, en le laissant partir, le PSG montrerait que quand il recrute, il ne s’acharne pas à verrouiller la porte à double-tour, sans prendre en compte l’avis du joueur, son bien-être et ses ambitions ? Qu’en dirait un Mbappé, par exemple, en pleine explosion et qui n’a pas forcément envie de faire toute sa carrière à Paris. Que s’il veut partir il serait bloqué et n’en aura plus jamais le droit ?

Le PSG est un manager qui doit aussi savoir laisser filer ses meilleurs éléments s’ils ne s’estiment plus en adéquation avec le projet initial. Aubameyang veut partir et Dortmund ne s’amuse pas à le bloquer, alors le club a-t-il vraiment tout intérêt à forcer encore une fois la main, comme il a pu le faire avec Marquinhos ou Matuidi ? Il ne faudrait pas que cela généralise la politique de la direction, une image de club qui cadenasse à tout prix et n’a pas les arguments sportifs pour les retenir.

Et puis surtout, l’argument le plus évident, c’est que le PSG n’est pas un paillasson sur lequel un joueur et son agent peuvent prendre plaisir à s’essuyer éternellement. Une guerre médiatique, en terme d’image, n’est jamais bonne. Mais quand elle s’éternise, elle peut devenir destructrice. Le PSG est-il prêt à accepter une saison de plus qu’un agent crache sur le club alors qu’un de ses joueurs y évolue ? Tous les mois, le club reste de marbre devant une avalanche de déclarations qui, finalement, ne font que fragiliser son image auprès de ceux qui l’aiment, mais aussi et surtout auprès de ceux qui n’attendent que ça. Qu’il serait dommage, après toutes ces effusions de joies, que celui qui a incarné la réussite parisienne en devienne le problème.

Et puis, le garder, l’augmenter, à quel prix ? Pour lui montrer que le club est une victime à qui on peut soudoyer de l’argent tous les étés ? Le PSG doit, bien au contraire, montrer qu’il n’est pas une banque, mais un club solide, capable de rebondir, et de se relever d’un simple départ. Montrer qu’il n’est pas effrayé à l’idée de la séparation et que le marché regorge de joueurs qui se feront un plaisir d’incarner le nouveau cycle rouge et bleu à sa place.

Verratti est un génie attachant, qui combine tout ce qu’un club rêve d’avoir en son sein. Mais s’il ne veut plus de Paris, Paris ne doit pas le retenir, ne serait-ce que pour montrer qu’aucun joueur n’est au dessus de l’institution, qu’importe son talent. Qu’il ne faut jamais avoir de remords à laisser partir quelqu’un qui n’est pas honoré de porter le blason.

Le club reste, les joueurs partent, voilà la finalité. Aucun joueur n’est irremplaçable, en tout cas il ne doit pas le croire. Et cet été, le PSG aura finalement l’occasion, après toutes ces remises en cause, l’occasion de montrer qu’il ne fait pas dans le sentiment, et qu’il a d’autres ambitions que celle de chouchouter l’égo d’un joueur et de son agent.

Et puis, si certains pensent que le vice-champion de France n’est pas capable de se relever d’une telle vente, il suffit de voir comment les départs de David Luiz ou de Zlatan Ibrahimovic ont permis respectivement l’éclosion de Kimpembe, et l’explosion de Cavani. Enfin, les exemples ne manquent pas dans les grandes écuries et la Juventus, grande spécialiste du genre, serait la première à dire que finalement, on peut se relever d’un départ comme celui de Zidane ou plus récemment de Pogba, que beaucoup considéraient pourtant comme le plus prometteur de l’équipe turinoise. Et puis, qui pensait qu’en laissant filer son prince Ginola, le club de la capitale allait savourer une Coupe des Coupes avec son Snake Djorkaeff ?

On a beau avoir tous les arguments du monde, quand on aime le football, on ne peut qu’aimer le joueur qu’est Marco Verratti. Et quand on aime la Ligue 1, on ne peut que souhaiter qu’il reste pour continuer à faire pétiller nos soirées football. Alors les chèques mirobolants c’est bien beau, mais parfois, il faut aussi admettre que quand on tient un diamant brut et qu’on est pas mal riche, on s’en fiche pas mal de savoir combien le bijoutier vous en demandera : ce qui compte, c’est de le faire briller, et pas de le revendre au plus offrant.

Dans le cas de Verratti et du PSG, c’est un peu pareil. Le club n’a franchement pas besoin d’argent, mais il a besoin d’une belle équipe. Il n’a pas besoin de faire bonne impression, mais de montrer un beau jeu. Il n’a pas besoin de satisfaire les égos des uns et les envies des autres, mais de démontrer qu’il peut, avec ses ambitions, s’offrir les joueurs et refuser les avances.

Quand on est un grand club, on ne cède pas son meilleur joueur, on ne se couche pas devant l’ennemi, et cette saison plus que jamais, l’ennemi s’appelle Barcelone. Alors à moins d’avoir sous la main un joueur plus fort, plus médiatique, plus emblématique – et d’avoir le syndrome de Stockholm au passage – le PSG ne peut pas laisser filer Verratti à celui qui a déjà humilié Paris quelques mois plus tôt. Après une saison aussi difficile à digérer, Paris a besoin de signaux positifs, pas de nouveaux synonymes d’échecs.

Monsieur Di Campli, avec tout le respect que le PSG doit avoir pour lui, devrait toutefois comprendre qu’il faut se montrer moins indécent sur certains sujets et savoir aussi garder de la mesure quand il parle des objectifs parisiens. Parce que quand tu es un joueur du calibre et de la trempe de Verratti, ce n’est pas toi qui vas dans une équipe pour gagner. C’est toi qui te donnes les moyens de faire gagner l’équipe dans laquelle tu évolues, et qui imprime ta marque dans les plus grandes rencontres, ce que n’a pas toujours fait l’Italien.

Et puis après tout, si l’on doit prouver qu’aucun joueur n’est au dessus de l’institution, le club peut aussi démontrer son autorité en prouvant qu’il n’est pas une vache à lait et qu’il peut aussi exiger qu’un de ses joueur respecte tout simplement son contrat. Le club souffre de ne pas être une institution respectée. Qu’il garde Verratti, ferme le clapet aux désirs pécuniaires de son agent, et qu’il se fasse entendre comme une écurie que l’on respecte. Quel message enverrait le club à l’Europe s’il cédait aux caprices de son n°6 ? Comment pourra-t-il recruter ensuite si son projet est de vendre son meilleur élément ? C’est au club de décider quand le vendre, surtout s’il considère Verratti comme son meilleur joueur et que ce dernier est sous contrat, revalorisé chaque saison au passage.

Et puis si Paris le vend, les autres joueurs sauront qu’ils peuvent forcer une sortie, par le biais d’un chantage affectif ou financier. Est-ce vraiment ça, dont ce PSG a besoin ? Non. Parce que le PSG a les moyens contractuels et budgétaires de résister aux appels du Barça, et que son projet, ce n’est absolument pas de se positionner comme un club intermédiaire, qui laisserait filer des joueurs un peu trop gourmands vers d’autres clubs plus prestigieux. Le PSG veut être un point d’orgue, et c’est avec Marco qu’il le prouvera.

C’est sur le terrain, avec les recrutements à venir et dans le placard à trophées, que Paris va devoir trouver les arguments pour le convaincre de rester. Verratti est l’incarnation même de ce « rêve plus grand » et en le laissant filer, le PSG sait qu’il aura du mal à retrouver un joueur aussi emblématique que lui, aussi doué et aussi aimé de son public. En le laissant partir, Paris céderait à la facilité de se débarrasser du premier caillou venu s’incruster dans sa chaussure… En le gardant, il s’offre le moyen de confirmer ses ambitions, et surtout de prouver à Verratti qu’il avait des raisons de rester et de célébrer avec le blason de la capitale sur le cœur.

C’est forcément une question à double tranchant, à deux lectures, à deux affects. On aime Verratti comme il nous déçoit ces derniers temps, par la voix de son agent qu’il n’arrive pas à faire taire. On veut le retenir comme le pousser dehors, le chouchouter comme ne plus chercher d’arguments… Bref, entre le vendre ou le garder au PSG, la question est complexe, parce qu’elle enverra des signaux forts au reste du continent.

Le PSG est-il un club qui se laisse faire et cède aux caprices en ouvrant la porte de sortie ? Le PSG est-il un club qui empêche les joueurs de partir en les ligotant à leurs contrats de plomb ? Quoi qu’il arrive, en le gardant ou en le laissant partir, le PSG y gagnera et y perdra beaucoup, que ce soit sur le plan sportif, médiatique et managérial.

Tous les arguments mènent à la même conclusion : aussi génial soit-il, aucun joueur n’est au dessus de l’institution. La problématique étant désormais de savoir si pour le prouver, le PSG doit asseoir son autorité et son envie de le conserver, ou le mettre dehors pour démontrer que personne n’est indispensable. Verratti est incroyable, généreux… Mais désormais, il constitue tout ce que le PSG craignait. Reste que si le club le vend, il aura échoué sur beaucoup trop de choses cette saison, et notamment dans sa capacité à garder son meilleur élément.

Verratti c’est un peu l’amour d’une vie qui veut se barrer : on aurait envie de tout fermer à double tour, de donner tout ce qui est dans notre pouvoir pour lui prouver que cette histoire, elle vaut le coup. Puis on réalise qu’il ne donnera pas tout s’il reste, qu’on est pas assez bien pour lui, qu’on se fait du mal, et que parfois, aimer, c’est accepter qu’il parte plutôt qu’il reste le cœur brisé… Sauf si on lui prouve qu’on a les moyens de le rendre plus épanoui que jamais et que finalement, on avait raison. Alors oui, on aurait presque envie de l’envoyer se faire voir, mais est-ce que ça ne vaut pas le coup de le rattraper là seconde d’après dès qu’il a franchi la porte ? 

Verratti, c’est la schizophrénie du mercato, et si beaucoup doivent avoir hâte de savoir sur quel pied danser cet été…. Et bien sachez une chose : le club a bien l’intention de laisser porter close et de poursuivre l’histoire.

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