Après Avranches / PSG : zoom sur les performances d’Hatem Ben Arfa

Il y a quelques jours encore, Hatem Ben Arfa nous laissait un sentiment très partagé – entre la gêne et la pitié – après avoir diffusé une vidéo de lui où il demandait « une chance », prenant à témoin le public parisien en expliquant son « attachement » à l’équipe francilienne et son envie de démontrer ou « de partir » de lui-même.

Comme Canal Supporters en faisait l’état mercredi, Ben Arfa manquait cruellement de temps de jeu, malgré ses 32 apparitions cette saison : rares sont les fois où il a pu profiter pleinement d’une rencontre, puisqu’il a été remplacé à cinq reprises, mais surtout, il est entré en cours de match à 22 reprises. En faisant le bilan, on se rend compte que s’il a pris part à 32 rencontres, il n’a donc été laissé que cinq fois sur le terrain pour un match complet. D’ailleurs, avec ses 4 buts cette saisons (et aucun en championnat), elle semble bien loin, cette saison 2015-2016, où l’international inscrivait pas moins de 18 buts (dont 17 en Ligue 1) avec les Aiglons.

Au total, HBA a joué en moyenne 36 minutes par match… De quoi justifier, peut-être, ses réclamations pour intégrer le turn-over d’Emery de manière plus poussée, et qu’on lui offre le temps nécessaire pour évoluer sur un terrain.

Si l’on a tendance à penser qu’Emery a souhaité reposer Cavani, bien plus qu’il n’a voulu répondre à l’appel du pied de Ben Arfa, le résultat reste le même : le n°21 a bien débuté la rencontre face à Avranches en tant que titulaire, entouré de Pastore et Lucas.

Placé en n°9, une position contre-nature, le Français a multiplié les décrochages pour tenter d’aider au milieu de terrain, en laissant souvent ses coéquipiers seuls en attaque sans proposer d’appels en profondeur. Comme en témoigne d’ailleurs cette représentation des zones occupées par l’attaquant pendant la rencontre.

Et puis, les dribbles sont arrivés, les décalages aussi et son accélération de la 26e minute, où il envoi Pastore face aux buts, témoigne de sa montée en puissance dans le jeu des Parisiens. Sa patte gauche a fait le reste sur coup franc dix minutes plus tard, atterrissant dans la lucarne des Normands pour son plus grand bonheur. Et pour les amateurs du football parisien, ce moment sonnait comme un soulagement : Oui, il évolue ce soir par défaut. Non, il ne joue pas à son poste. Non, ce n’est pas face à un adversaire « de prestige » et c’est en Coupe de France. Mais oui, ça faisait simplement du bien de se dire que ce Ben Arfa là, au delà des prises de position médiatiques, de sa nonchalance supposée à l’entraînement et de ses déclarations hasardeuses, pouvait inscrire un but qui allait tous nous faire respirer. Pour le score, mais surtout pour lui. Parce qu’à 30 ans, en débarquant gratuitement à Paris avec les valises pleines de buts niçois, on avait envie de lui rendre un peu la pareille.

Alors contre Avranches, le reste du match, Ben Arfa a fait du Ben Arfa, entre tentative inespérée et combo réussi entre vitesse et technique, jusqu’à inscrire son second but de la rencontre, et même filer une merveille de passe décisive à son coéquipier argentin.

Alors tout ne s’est pas résolu, sur la pelouse du stade Ornano. Mais Ben Arfa a pris le quart d’heure (et bien plus) de gloire dont son égo avait besoin, et les statistiques qu’il méritait amplement de pouvoir présenter.

Désormais, rien ne garantit qu’il saura retrouver ce temps de jeu rapidemet, ni même le poste idoine auquel il prétend, et personne n’est en mesure d’assurer qu’il a le niveau pour ça, dans ce PSG XXL. Mais la grinta est bien-là, et c’est un bon début.

Même Blaise Matuidi, en zone mixte, a livré cette impression : « Hatem Ben Arfa a toujours été bien dans sa tête. On connait son talent. Il l’a démontré ce soir. A lui de continuer à travailler, comme il le fait au quotidien. Il doit saisir sa chance lorsqu’elle s’offre à lui. »

Le sentiment est donc partagé, en ce lendemain de victoire. Comme un divorce annoncé juste après les noces. Parce qu’on a vu Ben Arfa s’éclater et faire ce qu’il aime, briller, mais aussi parce qu’on a compris que ces moments où Emery et lui seraient sur la même longueur d’onde ne seront que trop tard. De plus en plus, on aura tendance à se demander si la direction parisienne aura les arguments pour retenir l’ancien niçois dans la capitale, et si le joueur lui-même, fatigué de ne compter que sur son « attachement », ne finira pas par convoler ailleurs.

 

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