Verratti : « Le PSG m’a donné tout ce dont je pouvais rêver »

Après onze ans sous le maillot du PSG, Marco Verratti a quitté le club de la capitale cet été pour rejoindre le Qatar et Al-Arabi. Pour la première fois après son départ, il s’est confié dans une interview.

Arrivée à 19 ans au PSG dans l’ombre de Zlatan Ibrahimovic, Marco Verratti c’est rapidement fait un nom au sein du club de la capitale. Inconnu du grand public, il a très rapidement intégré le onze de départ de Carlo Ancelotti pour ne plus le quitter. Son trio au milieu avec Blaise Matuidi et Thiago Motta a été l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur milieu de terrain d’Europe pendant plusieurs saisons. Il y avait un PSG avec Marco Verratti et un autre sans l’international italien. En 11 ans sous le maillot des Rouge & Bleu, il n’a raté qu’une seule saison, la dernière. Même s’il avait prolongé en décembre dernier jusqu’en juin 2026 avec le PSG, le Petit Hibou a quitté le club qui l’a révélé lors du mercato estival pour rejoindre le Qatar et l’équipe d’Al-Arabi, où il a signé un contrat de trois ans. Quelques semaines après son départ, il s’est longuement confié à l’Equipe. Extraits choisis…

Son hommage au Parc

« Je savais que c’était la dernière fois que j’étais sur cette pelouse. Je me doutais que ça allait être spécial : lors des adieux d’autres joueurs, j’étais le premier ému. Être là avec ma famille, mes enfants, c’était fort. Tout le monde ne fait pas onze ans dans la même équipe ! Avec les entraînements, les matches, j’ai plus vu tous les mecs du PSG que ma famille.« 

Un des chouchous des supporters

« C’est venu dès le début. Je pense que les supporters voient si tu donnes tout, si tu mouilles le maillot. Ça ne tourne pas toujours bien, mais ils voyaient mes intentions. Je n’ai jamais triché. Je ne l’ai pas fait pour faire plaisir, mais parce que c’était mon travail, ma passion depuis que j’ai 4 ans. »

À mon arrivée, comment j’imaginais mon passage au PSG ?

« Jamais je n’aurais pensé faire une telle carrière. Je sortais de l’équipe de ma ville (Pescara), en Serie B. Me retrouver ici avec de très grands joueurs a été un choc. Mais après, j’ai tout aimé. De la ville, du club. Je n’imaginais pas faire onze ans mais j’en suis fier. Je suis un affectif. Quand je suis bien quelque part, je fais tout pour rendre. C’était pareil quand j’étais petit : les grands clubs italiens me voulaient mais j’ai toujours eu envie de rester à Pescara.« 

Retenir un moment de communion fort ?

« Une des choses qui m’a le plus marqué, c’est mon premier Championnat, on est sacrés sur une victoire à Lyon (1-0, 12 mai 2013). J’ai vu tous les gens qui travaillaient au club depuis des années, les supporters, si heureux, si fiers. Ça faisait dix-sept ou dix-huit ans (en fait dix-neuf) que le club n’avait pas été titré. Je me suis dit : il faut tout donner pour les voir comme ça.« 

Les insultes des supporters

« Ça fait partie du foot. À Pescara, c’était arrivé avant que je parte. Des jours tu es idolâtré, d’autres les supporters te font savoir qu’ils ne sont pas contents. C’est plus mon entourage qui a été choqué. Moi, je savais qu’on devait rejouer des matches pour montrer qu’on est toujours déterminés.« 

Ces derniers mois, vous vous êtes posé des questions sur votre avenir au PSG, avec une certaine lassitude. Était-ce lié à ça aussi ?

« Il y a toujours des périodes où ça arrive. Quand j’ai repris la saison, on m’a dit que je n’étais pas dans les plans. J’en ai tiré les conséquences. Je suis comme ça. Le PSG m’a donné tout ce dont je pouvais rêver. Le foot est toujours resté un jeu pour moi, or le club m’a offert la possibilité de vivre au plus haut niveau quelque chose que j’aurais fait avec mes potes… C’est pour ça que je serai toujours reconnaissant et que je ne ferai jamais un problème contre le club. Dans le foot, les choses évoluent. J’ai joué là onze ans, peut-être veulent-ils faire autre chose. Le plus important est qu’on se quitte en bons termes.« 

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Une histoire d’amour entre le PSG et moi ?

« Tu ne fais pas onze ans dans une équipe si tu n’es pas amoureux. J’ai eu beaucoup de propositions au fil des ans et même si j’ai pu réfléchir, ma priorité a toujours été de rester ici. Le record de titre ? Je suis fier. C’est un chiffre incroyable (30, NDLR), et collectif. Ça veut dire qu’on a réussi à mettre Paris où il mérite d’être. J’espère que quelqu’un me dépassera, ça voudra dire que le club continue de gagner.« 

Les joueurs qui m’ont le plus marqué ?

« Zlatan a beaucoup apporté – je parle aussi pour le club. Il a amené cette conviction, l’idée qu’il fallait toujours rêver grand. Même quand on ne partait pas favoris, Ibra donnait confiance à tout le monde pour tout donner. Cela valait aussi pour les salariés du club : il les poussait toujours au maximum. C’était dur, il pouvait être méchant, mais dans un groupe, un mec comme ça te fait grandir. Après, il y a tellement d’autres joueurs… Même Kylian (Mbappé) a apporté quelque chose d’incroyable, sur le terrain il nous a fait passer un cran au-dessus.« 

Son hygiène de vie

« C’est ma façon d’être. Pour moi, le foot a toujours été un jeu. Après, j’ai une vie. Les plaisirs que je prenais c’était aller au resto, prendre un verre de vin quand il n’y avait pas d’entraînement. Il y a des joueurs qui se cachent, moi j’ai toujours assumé, dans la vie comme sur les terrains. Je pense que les gens m’aiment un peu aussi pour ça : ils voient que je suis normal. Je savais les moments où je pouvais manger avec mes amis, sortir en boîte quand j’étais plus jeune. J’ai passé onze ans ici, c’est normal que les gens m’aient croisé plus que d’autres. Je ne vais pas rester tous les jours à la maison.« 

Compatible avec le très haut niveau ?

« J’ai toujours été très professionnel. Si tous les entraîneurs que vous avez eus, à Paris ou en sélection, vous aiment – et pas pour ma personnalité, on est payés pour être performants -, si vous êtes toujours titulaire dans un club qui a la possibilité d’acheter les plus grands joueurs et recrute des concurrents tous les ans, avec des coaches qui ne font pas de cadeau, c’est la meilleure reconnaissance, non ? Tous ceux qui me connaissent savent combien je tiens à ce club, à ce travail. Je n’ai jamais été en retard d’une minute à un entraînement en onze ans.« 

Revenir un jour au club, dans une autre fonction ?

« J’aime beaucoup de choses dans la vie, je ne sais pas si je voudrai rester dans le foot. J’ai un très bon rapport avec tout le monde, avec Nasser (al-Khelaïfi, le président). On verra. Je viendrai au moins voir les matches. J’aimerais bien voir le PSG remporter cette Ligue des champions.« 

Comment j’ai appris que le club ne comptait plus sur moi ?

« Je suis quelqu’un de sincère, je dis ce que je pense. Ils ont fait pareil. À la reprise, j’ai eu un entretien avec le coach (Luis Enrique), il m’a dit que je ne faisais pas partie de ses plans. C’est un très grand entraîneur, il fait de bonnes choses avec le PSG. Je n’y ai pas vu une décision personnelle. Je n’ai jamais eu d’ennemis dans la vie, je préfère les choses claires. Il m’a donné des explications ? Non, juste qu’il voulait changer. Que j’avais fait beaucoup d’années ici, qu’il voulait quelque chose de nouveau. Pour moi, les choses n’arrivent jamais par hasard. Le club voulait que j’aille voir ailleurs, donc j’ai commencé à discuter avec des équipes et j’ai choisi le Qatar.« 

Les sollicitations du Bayern et du Barça

« Je voulais vivre une expérience différente. Je n’avais pas envie d’aller dans une autre équipe en Europe où j’aurais pu affronter le PSG. Je voulais que ce soit ma dernière équipe. J’ai eu cette proposition à Doha. Certainement que le niveau n’est pas le même mais je prends d’autres plaisirs : faire grandir le Championnat, conseiller mes coéquipiers.« 

Vous dites-vous aussi que vous auriez pu apporter quelque chose à cette équipe ?

« Je pense, oui. Je sais ce dont je suis capable, je me suis quand même entraîné deux mois avec eux. Dans les derniers jours, il y a même des joueurs qui m’ont quasiment supplié de rester. C’est la plus grande reconnaissance, de la part de gens qui te voient tous les jours, savent ce que tu peux donner. Pareil pour tous les entraîneurs que j’ai eus : quand ils sont partis de Paris, ils voulaient que j’aille jouer pour leur équipe.« 

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