« Je le maintiens et je le confirme, je suis formel je n’ai porté aucun coup à Lorence »

Ce mardi 29 novembre, quatrième jour du procès Lorence, la parole fut donnée aux accusés. Jérémy.B fut entendu en premier. Il était membre des Authentiks, organisation de supporters dont la dissolution fut prononcée par le gouvernement en 2010 suite au décès de Yann.

Ce 28 février 2010, aux alentours de 13h, il affirme avoir débuté les festivités d’avant-match avec des amis dans un bar tout près du virage Auteuil. Il explique alors à la Cour qu’il avait l’habitude de venir en avance afin de pénétrer dans le Parc des Princes environ 1h30 avant le match pour s’installer en tribune et commencer à chanter.

Seulement, ce soir là, ce fut différent. En arrivant près de la tribune Auteuil il perd au milieu de la foule ses deux amis puis décrit l’arrivée « d’une horde de personnes » en provenance de la tribune Boulogne proliférant des insultes raciales. Jérémy dit avoir reculé avant que la « contre-charge » d’Auteuil fasse reculer Boulogne.

Tandis que les autorités tentent de disperser la foule, l’accusé prétend s’être approché de l’échauffourée autour de Lorence qui était à terre, justifiant cela par une « curiosité malsaine ». Néanmoins il prétend qu’à cet instant, il ne reconnaît ni la victime, ni les individus présents autour de lui.

Comme Robin Leproux, il tentera à son tour d’expliquer à la Cour les différences entre les différents types de supporters : « Les rixes sont menées par les indépendants, leur attitude est détestable: c’est du hooliganisme. Je n’arrive pas à comprendre, ces gens la ne s’intéressent pas au foot, avant d’ajouter. Mais il ne faut pas généraliser, à Auteuil tout comme à Boulogne, il y aussi des Ultras qui eux sont la pour chanter comme nous ».

Jérémy.B fut entendu plusieurs fois dans le cadre de cette enquête, et dans l’une de ses premières déclarations, il déclarera avoir porté « deux à trois coups » à la victime.

Néanmoins au fil des auditions, comme l’avocat général le souligne, les aveux de Jerémy « s’évaporent »La Cour fut néanmoins surprise par son comportement face aux différents magistrats qui l’ont entendu. En effet, en présence des fonctionnaires de police, ainsi que du juge d’instruction et du juge des libertés et de la détention, Jérémy maintiendra sa version des faits confirmant des violences portés à l’encontre de la victime.

Pourtant près de deux ans après les faits, il retire ses aveux et modifie ses déclarations. D’après lui, la « pression » des fonctionnaires de polices, l’anxiété engendrée par la mesure de garde à vue, ainsi que ses pensées envers sa famille ne lui auraient pas permis de réaliser la situation. En effet, c’est seulement une fois transféré à la prison de Fleury-Mérogis qu’il dit prendre « conscience » et ajoute : « C’était lâche de ma part, je ne voulais pas être séparé de ma famille. Je sais que je n’ai rien fait mais je me suis laissé embobiner ».

La Cour semble avoir du mal à cerner la personnalité de cet accusé, l’avocat général le décrit alors comme étant « verrouillé » avant de s’adresser à lui pour lui demander : « Qui êtes vous Monsieur Jérémy.B ? »

Lors de l’enquête, Jérémy fut identifié sur l’une des vidéos où il reconnu avoir jeté un projectile dans le vide, expliquant ce geste par un sentiment de peur.

Il finira par confier: « Si je suis ici, c’est de ma faute, mais je suis tombé au mauvais moment ». Il s’adresse alors à la famille de Yann Lorence : « C’est terrible, je suis moi-même père de famille et je deviendrais fou. Justice doit être faîte. Je le maintiens et je le confirme, je suis formel je n’ai porté aucun coup à Yann Lorence ».

À la fin de la journée débute la plaidoirie de l’avocat de la partie civile qui revient sur les premiers aveux de Jérémy. En effet, lors des premières auditions de ce dernier dans les mois qui ont suivi ce 28 février 2010, la loi ne prévoyait pas l’assistance systématique d’un avocat lors des interrogatoires. C’est seulement par la loi du 14 avril 2011 que la garde à vue fut réformée sous l’impulsion de la Cour européenne des droits de l’Homme. Outre les éléments à charge présentés durant ces quatre premiers jours de procès, l’avocat de la partie civile finira alors par admettre qu’on ne peut concevoir la culpabilité de Jérémy dans les faits qui lui sont reprochés seulement sur la base de ses premiers aveux.

Aujourd’hui, pour la dernière fois, la Cour d’assise se réunira dans la matinée avant de passer aux délibérations.

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