Stats, polémiques, performances… Que retenir de la saison de Marco Verratti au PSG ?

C’est une saison un peu particulière qu’a vécu le petit italien dans la capitale française. Après un exercice 2015-2016 ponctué de grosses blessures et de petits coups au moral (dont une opération qui le prive d’un Euro 2016 tant attendu avec la Squadra Azzurra), Verratti est arrivé à la rentrée avec l’envie d’oublier une saison blanche à tous les niveaux.

Pas de chance pour lui, il a fallu surmonter de nouveaux obstacles, avec d’abord le départ de son coéquipiers et ami Zlatan Ibrahimovic, et de tous les automatismes de jeu qui l’accompagnaient depuis trois ans. Puis oublier chacun de ces petits rouages avec l’arrivée d’Unai Emery, désireux de changer le jeu parisien en profondeur. A commencer par celui de Verratti, parce que c’est aussi lui qui donne le tempo au reste de l’équipe francilienne.

Alors Verratti a aussi été l’incarnation de ce changement, des premières difficultés à renier un jeu bien huilé et un système lancinant, au désir d’évoluer et d’étoffer sa palette.« Pour lui c’est facile car il peut jouer plus devant que derrière. Ce que je veux avant tout, c’est qu’il participe à l’élaboration du jeu quand on a le ballon« , prévenait d’ailleurs Emery dès septembre. Car le voilà le vrai désir du coach basque : ne plus se contenter du talent du hibou, mais l’aider à déployer ses ailes pour s’émanciper sur le terrain et enrichir encore sa palette technique et tactique. Devenir un joueur aussi polyvalent qu’Iniesta ou Xavi, en gros.

Et pour cela, il fallait pousser le joueur à davantage se projeter, à être plus décisif dans la zone de vérité, et à savoir penser à lui aussi, plutôt qu’à créer pour sublimer ses partenaires. A devenir un vrai relayeur capable de transpercer les lignes et accompagner les offensives, mais aussi un deuxième n°6 quand il faut aller chercher les ballons.

Le défi n’était pas simple, puisque toute l’équipe a également dû opérer cette mutation. Et entre une défense parfois fébrile et une attaque qui manquait cruellement de concurrence, l’entrejeu parisien a été quelque peu chancelant lors de la première partie de saison. Marco Verratti a d’ailleurs jonglé entre les belles prestations et les franches déceptions. Revenu à son meilleur niveau en début d’année – comme le reste de l’équipe – l’Italien a régalé dans l’un des plus beaux matches de la saison, après lequel on comparait même l’élève italien au maître espagnol… Avant de prendre un gros coup sur la tête et à l’ego en se heurtant à des Catalans qui eux, avaient finalement bien conscience de leurs ressources et des faiblesses de leurs adversaires. Car c’est ce que l’on peut aussi noter chez Verratti : aussi fabuleux soit-il, il ne faut pas qu’il en ait trop conscience. Comme tout Parisien qui se respecte, en soi.

« On n’aura pas fait ce qu’on avait en tête en début de saison, mais je pense que c’est toujours une équipe qui grandit, moi je me sens meilleur après cette saison », confiait en tout cas l’Italien après Nice – PSG, conscient du chemin parcouru et surtout à parcourir.

Une saison ponctuée d’attaques… Hors des terrains

La saison de Verratti, c’est aussi une petite guerre médiatique qui a démarré dans cette morosité post-humiliation, entre des « journaleux » désireux de trouver un bouc-émissaire, et un joueur bien décidé à ne plus se laisser marcher dessus. Une menace de plainte, des excuses, et l’affaire était enterrée… Avant que l’agent du joueur ne refasse des siennes dans les colonnes de tous les médias transalpins, mugissant au plus offrant que son poulain était prêt à faire ses valises pour un autre eldorado un peu plus glorieux.

Comme si Paris, qui était allé chercher Verratti en Serie B pour lui promettre monts et merveilles, n’était finalement pas assez bien pour lui. Fort heureusement, le n°6 du PSG n’a eu de cesse de réchauffer nos cœurs en clamant son amour de la capitale, du club et en affichant son amitié à toute épreuve avec ses partenaires. Bref, en nous assurant qu’il resterait, même si on sait bien qu’une fois que l’hémorragie a commencé, un pansement ne suffit plus pour guérir les blessures d’un supporter.

Article à lire à ce sujet : Marco Verratti compte-t-il vraiment rester au PSG ? Retour sur une saison entière de déclarations contradictoires

Italien et Parisien, le talent d’un magicien

Sur les terrains, tout n’a pas non plus été toujours tout rose pour Verratti, mais les critiques ont souvent été démesurées. Oui, le milieu de terrain n’a pas encore récupéré 100% de ses capacités, et n’exploite pas encore tout son talent, mais non, il est loin d’être critiquable. Car Verratti, même sans atteindre son plein potentiel, reste l’un des meilleurs joueurs de notre championnat et sans aucun doute l’un des plus beaux à voir évoluer sur la planète foot. Et puis s’il n’a pas eu l’occasion d’être meilleur qu’en 2014 ou 2015, il peut en tout cas se féliciter d’avoir retrouvé son rythme de croisière, et pas des moindres. Elles sont toujours là, les passes lumineuses, les récupérations improbables et on les retrouve, ces gestes venus d’ailleurs. Verratti reste Verratti.

Il suffit de demander à n’importe quelle équipe « quel joueur aimeriez-vous prendre au PSG ? » et vous verrez que la réponse à souvent un accent venu des Abruzzes. Le problème, c’est qu’à force de nous servir du football champagne, on rechigne quand il y a moins de bulles dans le millésime, et on a tendance à ne plus se rendre compte de la chance qu’on a de savourer du Marco tous les week-ends.

Dimanche soir, Pierre Menès invectivait encore le Parisien en déclarant sur le plateau du CFC : « Verratti, il a quand même un véritable problème de comportement cette saison. C’est très symbolique, cette action contre Bastia. Il nous gonfle avec son agent. Toutes les semaines, c’est ‘je veux partir’, ‘je veux Neymar’, ‘je veux que Motta re-signe’ ou ‘je vais à Monte-Carlo rencontrer des dirigeants avec mon agent’… Il nous saoule, Verratti ! Qu’il soit bon sur le terrain et qu’il arrête de nous gonfler… ».

Comme si tout le monde avait oublié qu’avoir Verratti dans notre Hexagone était un privilège. Avoir un Verratti moins en forme, avec des pépins physiques, et un agent un peu trop impertinent, qu’importe, si ça fait partie du package, parce qu’avoir Verratti, c’est déjà magique. Certains diront que le PSG ne doit pas se laisser marcher dessus par les arrogances d’un agent et les prétentions d’un joueur, mais ceux-là se rendent-ils comptent qu’aucun autre Verratti n’existe ? Qu’une fois parti, la capitale n’aura plus que ses yeux pour pleurer devant son poste de télévision, à le voir régaler sur une autre pelouse que celle du Parc des Princes ?

Les déclarations après tout, on s’en fiche un peu tant qu’il est brillant sur le terrain. Les cartons jaunes, après tout, ça nous fait souvent sourire parce qu’on les sent venir. Et les coups francs un peu vicelards, on les adore parce qu’on est les premiers à critiquer l’équipe quand elle est douce comme un agneau.

Ils sont rares, ceux qui n’aiment pas Verratti, mais ils sont nombreux, ceux qui le critiquent à chaque occasion. Parce que oui, Verratti a le privilège de pouvoir agacer certain mais d’époustoufler le plus grand nombre. Alors si l’on devait résumer la saison du petit génie, disons qu’elle sera sûrement charnière dans la suite de son aventure made in France. Reste à savoir si désormais, le PSG saura le convaincre que c’est avec lui, que peut s’écrire l’histoire rouge et bleu. Si les supporters franciliens sauront gommer les sorties de route comme une parenthèse (compliquée) à oublier. Et si Verratti aura l’étoffe pour devenir le leader dont Paris a tant besoin.

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